Binoche et la chocolaterie.
2.5 Dans la première moitié du film, Binoche vient d’ouvrir sa chocolaterie dans un petit village dans lequel elle vient de s’installer, désireuse de changer – une fois encore – de vie accompagnée de sa fille qui la suit péniblement et aveuglément. Le village est entièrement catholique. L’ouverture d’une boutique comme celle-ci en période de Carême ne lui génère pas que des amis. Un moment, une dame, préalablement réticente à l’idée, rencontre la chocolatière. Elle veut lui raconter sa vie, ses malheurs. Son couple vacille, son mari ne lui fait plus l’amour. Binoche a le don outre de deviner les chocolats préférés de chacun, de leur prescrire un chocolat en fonction de l’humeur et c’est ainsi qu’elle préconise un chocolat bien particulier à cet homme. Reste plus qu’à la femme de jouer. L’idée s’arrêterait ici cela suffirait tant elle est comprise et déjà énorme – le film n’ira jamais à rebrousse poil du personnage de Binoche de toute façon. Montrer plus tard le couple heureux aurait été amplement suffisant. Mais le réalisateur décide d’enfiler ses plus gros sabots : La femme en question rentre chez elle et découvre son mari, affalé sur son sofa, qui ronfle tel un vieux sac. Elle se dit alors tout haut qu’elle rêve beaucoup trop et jette aussitôt les chocolats qui rebondissent sur le bord de la poubelle et terminent sur le sol sans qu’elle ne s’en aperçoive. C’est déjà génial. Alors on se dit que c’est chouette, qu’en plus d’une guérison et bien la femme ne va pas s’y attendre puisqu’elle aura littéralement oublié l’idée. Voilà donc que cette petite histoire peut s’arrêter. Que l’on verra bientôt le couple main dans la main, heureux. Sauf que ça ne s’arrête pas là. L’homme se réveille et bien entendu découvre les chocolats, il avale tout d’une traite, penchant le sac plastique au-dessus de sa bouche, le truc que jamais personne ne ferait. Pourquoi le faire plus beauf qu’il ne l’est déjà ? Qu’importe, la scène suivante est poilante : surexcité (il en transpire à grosses gouttes c’est répugnant) il rejoint sa femme qui est en train de faire le ménage, accroupie par-terre, le cul en l’air. L’échange en restera sur plusieurs plans sur les regards de chacun de façon simultanée. L’envie, la surprise, l’envie, le questionnement, l’envie, l’envie. On dirait du Jeunet puissance dix, c’est à vomir. Le film ne se résume peut-être pas à cette séquence carabinée mais il n’est jamais subtilité et cette complaisance jusqu’au-boutiste est on ne peut plus désagréable. C’est parfois mignon, c’est parfois même un joli petit conte inoffensif, mais certains dessins animés sont à ce niveau-ci nettement plus intéressant.