Le mal par le mal.
7.0 Pour son premier film, Laura Wandel arrime sa caméra au visage de Nora, une petite fille de sept ans. Elle entre au CP et n’a comme unique repère son grand frère, déjà dans l’école élémentaire. Ce repère se désagrège vite dès l’instant qu’elle constate le harcèlement dont il est victime. C’est un film dur, quasi insoutenable, supportable parce qu’il est ramassé, qu’il s’étire sur soixante-douze minutes et heureusement pas une de plus. Supportable car tout se vit du point de vue de la jeune fille. En effet, le parti pris mise en scénique est proche de celui de Lazslo Nemes, pour Le fils de Saul à savoir que l’on voit, que l’on entend ou perçoit ce que Nora voit, entend ou perçoit. Le film ne reniant jamais ce dispositif, floutant souvent l’arrière-plan et ne montrant les adultes dans le plan uniquement s’ils se mettent à hauteur du personnage. Par ailleurs tout se déroule sur le temps de l’école, jamais à la maison, accentuant le dispositif carcéral que les grilles de l’établissement scolaire appuient (trop) volontairement. Le travail sonore aussi est fort puisqu’il crée un monde autour de Nora, qui nous englobe, nous étouffe, d’autant qu’on ne voit souvent pas d’où il provient : le brouhaha d’une récréation ou d’un réfectoire, les cris à la piscine ou dans un gymnase, le silence angoissant d’une classe, d’un couloir vide. Il n’y a qu’un visage, un regard, un corps parfois qu’une silhouette, habité par Nora et il faut l’incroyable prestation de la jeune Maya Vanderbeque pour l’incarner. Je ne m’attarde pas sur les nombreux rebondissements, sur la transmission de la violence qui habite le récit, sur le glissement du martyr d’Abel vers l’impuissance de Nora que tout cela génère, mais c’est puissant. Mais très dur. Inutile de préciser que j’ai fini en miettes.