3.0 Je n’ai rien contre ce type de biopic ultra académique, enfin je m’en fiche, ça ne m’énerve pas, je sais seulement très vite que je vais tout regarder avec un vif désintérêt, tant la mise en scène est impersonnelle, le jeu d’acteur exagéré, la musique ronflante, les enchainements programmatiques. Après, historiquement, c’est pas mal pour réviser l’Amérique sous Kennedy (que le film ne fait qu’ériger en génie de lucidité et générosité) jusqu’à l’ère Reagan, en passant par le mouvement des Black Panthers (qui ne savaient donc pas se tenir à table, ok). Un moment, le fiston engagé (le film est binaire et manichéen pour tout, ici un fils rebelle face au jeune premier, là un politique minable précédé d’un homme respectable…) dans le black power mange chez ses parents – le majordome et sa femme. Forest Whitaker et son jeu outré habituel se lance dans une tirade prenant le cinéma comme parabole. Tu sens bien la lourde métaphore venir, sur la réussite, l’intégration, la liberté tout ça. Le film n’est vraiment pas subtil. Les black panthers inspirent le majordome, qui s’en va parler de la dernière séance cinéma qu’il a partagé avec sa femme. J’ai alors cru qu’il allait citer One plus one de Godard. On peut rêver. Ce sera finalement Dans la chaleur de la nuit, avec Sidney Poitier. Et père et fils vont alors se disputer au sujet de la performance de l’acteur noir. J’ai trouvé ça intéressant, pas fin mais intéressant. Moins pour la parabole sur la réussite du noir américain qu’en tant que mise en abyme de la place de Forest Whitaker lui-même. Tu l’auras compris, je cherchais la moindre branche, même fine, morte, qui pouvait me raccrocher à un semblant de quelque chose, pour ne pas m’endormir.
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