Publié 12 décembre 2017
dans Lynne Ramsay
Mon nom est Néant.
2.0 Je ne sais pas ce qui me rebute le plus, là-dedans. La mise en scène incroyablement illustrative, stylisée, tape à l’œil, construite sur de ridicules pics de sidération ? Le jeu de Phoenix, qui en fait quinze tonnes, grimé en gros nounours meurtri ascendant boucher justicier, affublé de grimaces, grognements et moue de loser en vue d’un gros prix d’interprétation cannois ? Les diverses giclées de background via des flashbacks grossiers pour apporter la caution traumatique ? Ou est-ce tout simplement parce que ce nanar d’une lourdeur sans nom se rêve (comme nombreux ont pu le souligner en mai) en Taxi driver 2017 ? Au secours ! La seule idée que je retiens et qui en effet le rapproche du film de Scorsese, c’est son rythme, plutôt son arythmie, le fait est qu’il est rare de rencontrer ce genre de construction, sans véritable climax, ni progression, ni crescendo. Atmosphère qui reflète bien le personnage, d’ailleurs. Pourtant, je n’ai pas marché une seule seconde. Comme je n’avais pas marché une seule seconde à We need to talk about Kevin. Je ne comprends même pas ce qu’on peut lui trouver. Même New York m’a semblé glaciale et désincarnée, mais de façon grossièrement appuyé, rien à voir avec ce qu’en faisait Scorsese ou plus récemment les Safdie dans Good time. Mais ce qui m’agace le plus je crois, ce sont les défenseurs du film, parfois hyper violents, qui ne supportent pas qu’on puisse trouver le film abscons. Ainsi, soit on n’aime pas le cinéma (parce que tu comprends, Lynne Ramsay fait du Vrai Cinéma) soit on est pédophile. Le sujet interdit tout rejet. Finalement ça rappelle beaucoup la polémique autour de La rafle. Les films ont parfois le public qu’ils méritent.
Publié 11 mars 2014
dans Lynne Ramsay
71 fragments dégoulinants.
2.5 Voilà un bon gros chewing-gum. C’est comme si Inarritu avait soudainement découvert le cinéma d’Haneke et qu’il s’en appropriait sa froideur. Très mauvais mariage. J’aurais peut-être aimé ça il y a dix ans mais là, dès le premier plan, j’ai compris que j’allais endurer. Le film raconte l’éducation d’un enfant maléfique, les rapports pourris et déréglés qu’entretiennent une mère et son fils, sur une vingtaine d’année. Rapports que celui-ci n’a cessé de rendre malsain et ce dès son plus jeune âge – pleurant ad nauseam dans son landau jusqu’à ce que sa mère trouve enfin la paix aux côtés d’un marteau-piqueur. Le récit est éclaté. Si bien que l’on entrevoit à maintes reprises – et progressivement – une issue cauchemardesque se glisser entre deux instants plus lointains, avec souvent aussi des images du présent – car le film pourrait être vu comme les souvenirs d’une mère qui tente de comprendre – généralement de lynchage, ce qui suppose un crime atroce. Le film hésite. Entre un truc clinique hyper choquant et une sorte de film d’horreur maniériste. Entre Elephant et La malédiction. Du coup, il y a un amour du choc, une complaisance dégueulasse là-dedans à embellir cette violence sourde. C’est une grosse boursouflure toute rouge fluo, qui impressionne néanmoins dans certaines de ces évocations utilisées à l’excès à l’image de ce bruit continu d’arrosage automatique ou cette thématique du dégoût alimentaire. Mais tout est disproportionné et mal écrit (le rôle ridicule de John C.Reilly). Bref c’est de la grosse branlette. L’atmosphère m’a quelque peu rappelé Parc d’Arnaud Des Pallières, qui était infiniment plus intéressant.