Archives pour la catégorie Manoel de Oliveira

Un film parlé (Um filme falado) – Manoel de Oliveira – 2003

01. Un film parlé - Um filme falado - Manoel de Oliveira - 2003L’état du monde.

   7.5   C’est d’abord une croisière entre mère et fille en Méditerranée, un doux périple initiatique à travers les vestiges de nos civilisations, de Lisbonne au Caire, en passant par Pompéi, Athènes et Istanbul. Une femme, professeur d’histoire, rejoint son mari à Bombay et traverse ces lieux qu’elle a tant enseignés, en compagnie de sa fille dont elle devient la guide. L’idée majeure est la collision entre l’ancien et le contemporain. Pompéi jadis et Pompéi en ruines, captées au moyen du petit livre touristique de la petite fille. L’évocation par un guide local, de la transformation de l’église Sainte-Sophie en mosquée puis en musée. Les pyramides de Gizeh et la construction du Canal de Suez. Constantinople avant Istanbul.

     Un glissement imprévu, de la contemplation historique vers la diatribe politique, nous cloisonne alors dans le paquebot, avec un commandant de bord américain d’origine polonaise et trois femmes célèbres, n’ayant pas eu d’enfants, trois femmes de nationalités différentes, réalisant qu’elles se comprennent très bien et utilisant leur propre langue natale (français, italien, grec) sans être dupes que l’impérialisme de l’anglais fait inévitablement son chemin. Et les deux parties, les deux récits vont converger, au gré d’une discussion entre la voyageuse et le commandant, qui bientôt les invitera, elle et sa fille, à leur table babélienne. Et la douceur qui émanait de ce film sage et ouvert sur le monde, trouvera-t-elle aussi son terrible contrepoint, lors d’un épilogue glaçant. Très beau film.

L’étrange affaire Angélica (O Estranho Caso de Angélica) – Manoel de Oliveira – 2011

50Les mystères du Douro.  

   8.0   Il est très difficile de parler de ce film, j’ai essayé maintes fois, sans succès. Dans son rapport au cinéma, ce qu’il lui apporte, sa manière de le définir, le film du centenaire Oliveira est bien le plus représentatif et allégorique de l’année. Il est donc tout aussi déroutant que fascinant. Car au-delà de la démarche on ne peut plus théorique (puissance de l’image, par extension du cinéma, dans sa capacité à faire renaître la mort, dupliquer la substance matérielle et la substance spirituelle) c’est une histoire d’amour impossible digne de ce que le cinéma muet a jadis pu nous offrir. L’amour d’une vision, d’une image.

On vient chercher Isaac, photographe, un soir, sous une pluie torride afin qu’il fasse le portrait d’une jeune femme, qui vient de mourir peu après la célébration de son mariage. Il entre dans une belle demeure où nombreux se recueillent autour du corps sans vie de la belle Angélica, qui paraît apaisée. Isaac cherche le bon angle, porte l’objectif à son œil puis découvre soudain une Angélica qui ouvre les yeux et lui sourit. Il est le seul à le voir, uniquement à travers le viseur de son appareil photo. Dès lors, cette simple image, aussi brève que magique, va ensorceler Isaac, hanter ses pensées et habiter ses rêves.

Oliveira ne scinde jamais son film qui suit une linéarité et est d’une simplicité exemplaires. Le film avance lentement comme un doux rêve. Et continuellement on va naviguer entre cette idée du rêve, l’abstrait, le merveilleux et le quotidien d’Isaac, qui photographie des paysans fauchant la terre. L’âpreté et la magie du réel face à la douceur et la magie du merveilleux. Lumière et Méliès. Deux mondes cohabitent, comme s’il existait une ligne qui permettait de passer de l’un à l’autre, symbolisée par ce fil dans l’appartement de Isaac, sur lequel sont disposées les quelques photos qu’il vient de développer. Il y a d’ailleurs ce plan incroyable où la caméra opère un travelling magnifique et lent sur ces photos d’où l’on découvre des hommes armés de pioches et au milieu de ces hommes, une femme, Angélica, morte. Si l’on a l’impression de voir et d’entendre les paysans qui fauchent la terre (parce qu’on les a vécus précédemment) on est tout aussi surpris par le mouvement de la photo d’Angélica, qui ouvre les yeux et sourit à nouveau comme elle l’avait fait la première fois. L’obsession est née là et elle se poursuit jusque chez lui, puis jusque dans ses rêves où les amants, anges d’entre les morts, volent tous deux au-dessus du Douro. C’est presque du Chagall.

Le film se délite ensuite, non pas qu’il soit moins bon mais il semble davantage s’axer vers une ambiance plus dépressive, et joue moins sur la découverte d’Isaac que sur une métaphore de son chagrin d’amour. L’obsession est devenue invivable, presque invisible. Un oiseau dans une cage meurt. Quelques hommes parlent de l’anti-matière. Et Isaac succombe à petit feu, il meurt d’amour. La séquence finale où le corps franchit à nouveau la limite entre les deux mondes, se scinde en deux pour laisser mourir l’un et laisser échapper son jumeau spectral, est l’un des trucs les plus beaux vus depuis longtemps.

Belle toujours – Manoel de Oliveira – 2007

Belle toujours - Manoel de Oliveira - 2007 dans Manoel de Oliveira belle_toujours

   5.0   Si l’on excepte quelques dialogues savoureux dont celui entre Piccoli et le barman, l’hommage évident rendu à Luis Buñuel et l’envie immédiate qu’il donne de revoir Belle de jour, le film de Manoel de Oliveira n’est pas génial, il se regarde, il y a de jolis plans mais je le perçois davantage comme un film hommage et non comme un film unique à proprement parler, un film qui n’a en soit pas grand intérêt, si ce n’est encore de nous prouver par ses mimiques que Piccoli est bien le plus grand.


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silencio


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