Ni le ciel ni la terre.
6.0 À l’époque de la sortie de My Joy (2010) sélectionné à Cannes, je ne connais Loznitsa même pas de nom. Il a pourtant réalisé une multitude de films, courts pour la plupart, documentaires en totalité. Bref, je découvre un nouveau « cinéaste narratif » mais il est déjà un documentariste installé.
Ce qui frappe dès ce premier film c’est la puissance du regard et la force du cadre. À l’image de cette suite de plans, désordonnés, fragmentés, cette journée sur un chantier de construction semble relever d’un chaos absolu sans résultat et pourtant l’ensemble finira par prendre forme, le chantier aussi.
L’essai, pas forcément pertinent (Loznitsa filme quand même beaucoup trop les ouvriers en train de glander) est visuellement très beau, notamment ce ballet archaïque de mains, de seaux et de cordes, et quasi burlesque dans sa dynamique sonore. Ni visages (ou si peu) ni dialogues, le film semble parfois faire écho à Tati dans sa mécanique spatiale.
La constante chez Loznitsa, qui ouvrira My Joy sur un bulldozer dans la boue c’est la terre et le ciel : ce premier court s’inscrit déjà dans cette veine en s’ouvrant ainsi sur un plan de ciel et un plan de flaque. Entre les deux, un bâtiment s’érige.