La monstrueuse marrade.
3.5 Un jour il faudrait que je revoie les Jeunet que j’aimais, ceux du début des années 2000, qui sont aussi ses deux plus gros succès au box-office, je parle bien entendu du fabuleux destin d’Amélie Poulain et d’Un long dimanche de fiançailles. J’en suis venu à les détester ou tout du moins ne plus vouloir les revoir, la faute à Micmacs à tire-larigot, vu au cinéma à sa sortie. Un calvaire. La faute surtout à un dégoût global de l’héritage Jeunet qui continue de fleurir ici chez Jaco Van Dormael (Le tout nouveau testament), là chez Jean-Pierre Améris (L’homme qui rit) entre autre. Qu’on soit clair : J’en peux plus de ce cinéma. Malgré tout, curiosité oblige, fallait bien qu’un jour je me frotte à ses premiers films, ceux réalisés en collaboration avec Caro.
Déjà dire que les gars ont engagé tout le gratin freaks du cinéma : Perlman, Emilfolk, Pinon x 10, Dreyfus, Holgado, Rufus. Il faut des gueules, des grimaces, des cris pour produire moins de la sidération que du racolage. C’est finalement ça le cinéma de Jeunet : Construire de la folie, de l’hystérie, du cauchemar sur des bases hyper méticuleuses et programmées. On n’est ni chez Lynch ni chez Browning. Tout est pénible puisque tout est laid. Oui c’est un peu l’exemple parfait du mauvais goût, ce film. Et pourtant, malgré la désagréable impression qu’on souhaite constamment me filer la gerbe, j’y trouve un univers singulier, fort, où la démesure fabriquée n’a d’égal que cette narration étoilée sous scaphandre et cette avalanche de cases indépendantes. C’est comme souvent chez Burton ou Gilliam pour moi, un film écrasé sous le poids d’une imagerie nauséeuse. Faudrait que j’essaie Delicatessen, mais vraiment pour la forme alors.