4.0 Petit indi n’a en commun avec le Kes de Ken Loach que le quotidien du personnage principal, qui pour échapper à son entourage se réfugie avec son animal, son unique ami. Même si petit indi est le nom de ce petit oiseau prodige du chant, il n’est pas l’unique animal – le titre pourrait le laisser penser – auquel le garçon s’occupe. Il y a de nombreux autres oiseaux, que l’on verra moins, sans doute parce qu’ils ne sont pas aussi talentueux. Et puis très vite ce ne sera pas le faucon blessé de Kes, mais un renard mal en point qui viendra s’ajouter. Ce petit refuge en pleine campagne c’est le petit paradis du garçon. Il y passe le plus clair de son temps.
C’est ici que je vis (titre français sans originalité) s’ouvre et se ferme sur des séquences animées. Le début laisse présager des envolées poétiques, mais la fin appelle davantage à un moralisme plus convenu, comme si l’on nous balançait une poésie enfantine. J’ai détesté cette fin. Je parle de la vraie fin. Elle est à la fois prévisible et mal amenée, bâclée comme une coïncidence impossible qui fait du coup office de morale de fin. Ce n’est pas loin, en ce qui me concerne, d’effacer toutes les belles choses vues auparavant.
Car il y a un mystère que j’aime tout particulièrement dans le film, outre sa gestion parfaite de l’ellipse narrative. Ce mystère c’est la mère du jeune garçon. On ne la verra jamais, ou peut-être une fois dans une scène où il est tout aussi possible de penser que le garçon a imaginé la voir brièvement dans un couloir. Sa mère est en prison et lui ne sait pas bien pourquoi. Il n’a qu’une idée en tête : trouver un bon avocat qui usera de tout son pouvoir pour la faire sortir. Le garçon mise tout sur les courses de chiens. Et puis un événement malheureux viendra troubler sa démarche. Il n’est bientôt pas loin de sacrifier son oiseau chanteur. Et puis un autre événement viendra tout anéantir. Je trouve le récit cruel, peut-être bien plus que celui de Loach. En tout cas beaucoup trop comparé à son traitement formel. Il y a une légèreté dans ce film d’un bout à l’autre qui m’apparaît rédhibitoire. En ce sens il devient l’anti-Kes. Et donc même si je suis admiratif de ce que réussi Marc Recha, notamment dans sa façon de filmer la banlieue barcelonaise et les relations homme/animal je ne peux m’empêcher d’être déçu quant au dénouement et penser que le cinéaste cherche quelque part à donner des leçons… Ah et aussi, ce n’est à première vue sans doute pas grand chose mais je n’aime pas l’utilisation musicale dans le film. D’une part je la trouve superflue. Et d’autre part mal choisie. Mais sans doute l’explication de sa présence tient dans ce que je pensais du film un peu plus haut…