Archives pour la catégorie Marcel Pagnol

La fille du puisatier – Marcel Pagnol – 1940

23. La fille du puisatier - Marcel Pagnol - 1940La fille de l’eau et le fils unique.

   6.0   C’est mon second Pagnol. Comme pour La femme du boulanger, il m’a fallu du temps avant d’apprivoiser sa mécanique car c’est une mécanique, Pagnol. C’est un peu trop écrit, un peu trop théâtral, aussi. Mais à la manière d’une petite musique qui nous happe, les beaux dialogues et l’interprétation font le reste. La fille du puisatier est un long film c’est sa force, il faut le laisser s’installer, lui laisser le temps de nous toucher par sa chronique rurale en temps de guerre, avant d’accepter sa plongée dans le mélodrame. Car c’est un film plus grave qu’il n’y parait – et donc un peu gâché par son happy-end forcé – tant les saillies légères ou humoristiques (souvent guidées par Fernandel, qui toutefois ne phagocyte pas le récit) sont relayées systématiquement par des éléments cruels. C’est un beau témoignage cinématographique de la France au moment de la capitulation – Pagnol va même jusqu’à insérer le discours du maréchal Pétain déclarant l’armistice par radio. Amoretti, le puisatier, est un superbe personnage Pagnolesque. Et Raimu, qui l’incarne, est magnifique.

La femme du boulanger – Marcel Pagnol – 1938

28. La femme du boulanger - Marcel Pagnol - 1938Terre sans femme.

   6.0   Agréable première rencontre avec le cinéma de Marcel Pagnol. C’est sensiblement comme je me l’étais imaginé, très écrit mais bien campé, très bavard mais chaleureux, peu inventif dans ses choix de réalisations mais sobre dans sa mécanique d’ensemble, mais en mieux que ça puisque plus fragile et plus sombre. Le film s’ouvre pourtant sous des auspices estivales, joyeuses, pleine de camaraderie et d’entraide, malgré les petits conflits entre chacun qu’ils font perdurer de façon absurde parce que leurs aïeuls étaient déjà en conflit. C’est mignon et traité de façon à ce que ça le reste, aussi bien le portrait simpliste de l’ensemble de ses personnages que l’évocation du suicide du précédent boulanger. Sauf que ça s’enraille brusquement, bifurque dans une ambiance plus du tout rassurante quand le nouveau boulanger (incarné par Raimu, absolument parfait en mari aveuglé par sa réussite) ne pétri plus son bonheur (Il a deux passions : Sa femme et son pain) mais sa tristesse lorsque sa femme se laisse séduire par un jeune berger et l’abandonne. Le boulanger est inconsolable et entame alors une grève du pain. La moquerie des uns qui se plaisent à en faire un camarade cocu, l’indifférence des autres qui constatent seulement qu’ils n’ont plus de pain sur leur table, il y a quelque chose de vil dans le portrait dressé de cette communauté, de faussement doux et chaleureux, une ambiance que je ne m’attendais pas à voir, plus tragique que de simples querelles de village. Le final et sa fameuse tirade de la pomponette est aussi inattendu qu’émouvant. Je ferai juste un reproche (assez important) au film : Je ne comprends pas bien sur quel espace de temporalité il s’étire. Du coup je ne pige pas toutes les motivations : L’ambiance du village se transforme, mais il lui faut du temps. Alors que la fuite des amoureux semble être hyper courte. Ça brise un peu l’élan mélodramatique.


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silencio


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