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Marseille – Saison 1 – Netflix – 2016

21. Marseille - Saison 1 - Netflix - 2016Moins belle la ville.

   2.0   Il faut le voir pour le croire. Comment peut-on à ce point vendre un projet (jusqu’à le cacher, jusqu’à même lui offrir une sortie inédite avec deux épisodes diffusés sur deux chaines) et tomber si bas ? Comment est-il possible que durant le processus créatif, personne ne se soit douté que ça filait droit dans le mur ? Une grande partie du mérite revient à Florent-Emilio Siri qui se pare de multiples casquettes puisqu’il est à la fois créateur visuel, showrunner et qu’il réalise les quatre premiers épisodes – Les quatre suivants étant pris en charge par Thomas Gilou.

     D’emblée ça pue. L’image est bleue, Gégé s’envoie une ligne de blanche puis marche au ralenti dans les couloirs du Vélodrome, aux côtés de son adjoint et fils spirituel qui va bientôt se retourner contre lui. C’est filmé n’importe comment, c’est laid, putassier, risible. Puis il y a ce drôle de générique. Il interpelle par ses motifs et couleurs. Ça a de la gueule mais ça fait trop copie américaine, sorte de True detective du pauvre. C’est pourtant ce que Marseille aura de plus réussi, son générique.

     Les autres partis pris formels relèvent du grotesque. Toutes les cinq minutes, on doit se coltiner une vue aérienne de Marseille, accompagnée d’un bruit sourd puis strident, et de travellings compensés en veux-tu en voilà pour accentuer le vertige tu l’auras compris ou parfois même une image qui s’étire puis se contracte. Le truc ni fait ni à faire, quoi. Il n’y a pas une scène qui ne reflète un semblant de réalité du lieu auquel elle semble se référer. Un bureau ne ressemble pas un bureau, un appartement sûrement pas à un appartement. Tout est moche, sans relief, en studio comme en extérieur. Dans l’entretien paru dans le magazine La septième obsession, Siri parlait pourtant, je cite de « filmer les quartiers comme il se doit, qu’il y ait ce côté document dans l’approche, pour faire ressurgir une espèce de vérité ». Hum hum.

     Niveau interprétation, contrairement à ce qu’on en dit partout, Magimel n’est pas plus mauvais que les autres. L’actrice qui joue la fille de Gégé² (Gérard & Géraldine) semble presque sortie d’une Telenovela, exagérant tout ce qu’il est possible d’exagérer, jusqu’à un simple froncement de sourcil. Alors oui, Magimel porte l’accent une fois sur deux. Mais comme son personnage  le porte aussi une fois sur deux (Suivant qu’il se trouve avec ses partenaires politiques ou avec le peuple) il lui arrive parfois (Oui, parfois il se trompe) de choisir la bonne option.

     Quant aux dialogues parlons-en. Je me suis récemment beaucoup moqué de ceux de Section zéro, mais on connaît les talents d’Olivier Marchal en la matière, rien de surprenant. Ceux de Marseille sont du même acabit. Edifiants, grandiloquents, ridicules et souvent accompagnés d’une assommante connotation sexuelle beauf du style « Vous trouvez pas ça bizarre qu’on se touche le zob en parlant de Picasso » ou « C’est moi qui vais t’enculer, avec une poignée de graviers en prime ». D’autres dialogues reviennent parfois, comme des flashs, en voix off, pour nous assurer qu’on n’a pas oublié telle ou telle séquence pivot. Oui, c’est de ce niveau.

     De ce marasme s’échappent toutefois quelques scènes intéressantes. Avec Depardieu pour la plupart. Celle de l’entrevue quasi centrale (Cf. mon photogramme) n’est d’ailleurs pas loin d’être réussie. Ou quelques regards entre Pailhas et Depardieu et tout l’aspect mélodramatique de leur relation. Mais tellement dévorés par la médiocrité globale qu’on les oublie. Chaque épisode se ferme d’ailleurs, lourdeur quand tu nous tiens, sur un petit air franco-franchouillardo-français : Barbara, Brel ou Trenet, de mémoire ; Avant la petite dernière, qui vient refermer cette grande fresque que Siri a tant imaginée politico-Shakespearienne (Je le visualise devant, là, avec ses popcorns et son rouleau de Sopalin) : Une bonne Marseillaise de stade, évidemment. Netflix tient son premier vrai nanar en vitrine. Bienvenue chez nous.


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silencio


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