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Les rivières pourpres – Mathieu Kassovitz – 2000

09. Les rivières pourpres - Mathieu Kassovitz - 2000Intrigue alpine.

    5.0   Encore un film que je n’avais pas revu depuis vingt ans. Mais vu à l’époque, ado, plusieurs fois lors de ses passages télé. J’aimais beaucoup. J’avais même lu le bouquin de Grangé. J’aimais bien le duo Jean Réno / Vincent Cassel aka Commissaire Niemans / Lieutenant Kerkerian et je trouve l’idée de les faire évoluer chacun dans une enquête puis se croiser qu’au bout d’une heure de film est assez bien pensé cinématographiquement, créant un découpage dynamique et jamais frénétique : ils ont du temps d’écran très long à chaque fois.

     Ce que j’aimais surtout à l’époque dans Les rivières pourpres c’était son ancrage géographique, le fait qu’il se déroule intégralement en Isère et Haute-Savoie. Évidemment je n’avais pas vu de Rohmer, de Guiraudie, de Larrieu et j’en passe donc pour moi le cinéma français ne visitait que peu les provinces, ne rendait jamais grâce aux lieux. Ce que j’aimais dans Les rivières pourpres c’est un peu ce que j’ai retrouvé récemment dans un film comme La nuit du 12 : le plaisir du polar évoluant en terres Auvergne Rhône-Alpes. Bref, j’aimais le cadre de ce film. Il me plaît toujours aujourd’hui.

     Si Les rivières pourpres m’a semblé bien laborieux à la revoyure, aussi bien dans sa mise en scène que dans son récit, le manque de relief de ses personnages que les seconds couteaux (punaise, les autres flics sont tous débiles, on le refait pas le Kasso) mais il a au moins pour lui d’avoir gardé cet ancrage, ces lieux, cette université, ce glacier, ce couvent, cette bibliothèque ou le Pavillon Keller. J’aime aussi l’idée que l’antagoniste ne le soit pas vraiment, que les vrais méchants soient les nazis de cette fac eugénique.

     Le film est sombre mais n’assume pas pleinement son obscurité. C’est pas Seven, quoi, mais on sent que c’est une grande inspiration pour Kassovitz. Dommage aussi qu’il se perde souvent dans des dialogues et délires inutiles un peu beaufs à l’image de la scène gênante (très bessonienne) dans le squat de skinheads, et un final aussi grandiloquent que bâclé. Le film a mal vieilli sur de nombreux points mais ça ne m’a pas complètement déplu de le revoir. Passable, donc.

La haine – Mathieu Kassovitz – 1995

32Cité abandonnée des dieux.

   9.0   Il y a les films qui sont des cultes de ton adolescence et que tu ne dois strictement pas revoir. Et il y a les autres. Comment savoir ? Ça se joue à la fois sur le vieillissement du film (A-t-il pris de la bouteille ou un coup de vieux ?) et sur ton vieillissement à toi, l’évolution de ton rapport au cinéma. Et c’est même plus complexe puisque l’humeur y tient un rôle majeur. Tout ça pour dire qu’il y avait un risque à revoir La haine, qui tenait une place importante dans ma maigre cinéphilie d’adolescent. Je ne l’avais pas revu depuis quoi, douze ans. Et agréable surprise, j’ai repris une claque comme à l’époque. Déjà il faut dire combien la mise en scène de Kassovitz est brillante, inventive, entièrement dévouée à l’espace qu’il vient capter autant qu’aux personnages. C’est une virtuosité qui n’est jamais gratuite ou bien elle se fond admirablement dans un ensemble visant une énergie qu’on n’avait encore peu vu jusqu’alors, qui plus est dans le registre de la chronique. Car contrairement au film de Richet (Ma 6-T va crack-er) qui joue plus la carte du polar à charge, La haine se concentre sur le terrain de la chronique, celle de trois jeunes d’une cité des Yvelines – Et à aucun moment le point de vue n’adoptera celui d’une autre d’entre eux – plongée en plein climat explosif depuis qu’un jeune s’est fait tabasser par un flic et navigue entre la vie et la mort. Le film se déroule sur une journée. Les heures viennent rythmer quelques fondus au noir. Dispositif souvent écrasant que Kasso utilise avec parcimonie, créant une étrange tension : Douce, puisque les journées de Vinz, Saïd et Hubert sont loin d’être foisonnantes ; Tragique, puisque dans cet écoulement impalpable (les cartons sont approximatifs, il n’y a aucun espèce de compte à rebours) quelque chose d’inéluctable est en train de se jouer. Surtout, le film voyage. Si en majorité, il se déroule dans la cité, celle-ci apparaît sous tous ses angles : appartements, toit, jardin d’enfants, parkings souterrain, arrière cour. Et quand on s’en extirpe, essentiellement dans son dernier tiers, c’est Paris que l’on vient capter. Un Paris refuge, un Paris cruel. Un dealer planqué dans une tour, une expo d’art, le métro. Le plan sur les trois potes allongés dans la gare devant l’écran qui leur annonce la mort d’Abdel au petit matin est l’un des plus violents que j’ai pu voir. Cette scène me terrifiait déjà à l’époque. Sinon je trouve le film nettement plus nuancé que dans mes souvenirs, j’avais gardé de La haine son esprit anti-flic mais il est bien plus ample, ne serait-ce que dans son trio (Pas un plan sans qu’on ne veuille mettre de baffe à Vinz et en même temps, il y a une fragilité dans son inconscience qui est très touchante) mais aussi chez les flics comme au moment ultra malaisant de l’arrestation où l’un des flics reste choqué, en retrait, autant que Saïd en fin de compte, quand il est spectateur du pétage de plomb de son pote s’apprêtant à buter un skinhead. Bref, c’est un film passionnant, qui plus de vingt après sa sortie n’a rien perdu de sa puissance et se révèle toujours excellent porte-drapeau d’une jeunesse opprimée. Le film est drôle ici, au moyen de répliques inusables (« Sans déconner, la façon dont tu viens de parler là, on aurait dit un mélange entre Moïse et Bernard Tapie »), pesant ailleurs. Point de brio documentaire, La haine est un brûlot qui tente plein de choses, notamment dans sa forme jusqu’à révéler deux mondes dos à dos qui ne peuvent que s’affronter de façon explosive après un si long refoulement. La fin est forte. Pourtant c’était elle que je craignais le plus, avec le côté boucle et la petite phrase d’Hubert, l’absurdité poussée à son paroxysme et la cruauté après l’instant rédempteur. Il y a le choc, oui. Mais il y a surtout une sécheresse, un corps effondré, un rire gêné, des yeux fermés bien plus forts et bouleversants que cette image des deux flingues/visages se faisant face. A part ça je ne me souvenais pas qu’on y croisait une pelletée de stars ou futurs stars, souvent dans des rôles minuscules : Karin Viard dans l’expo, Marc Duret, Zinedine Soualem et Bernie Bonvoisin chez les flics, Sergi Lopez aux merguez, Benoit Magimel sous un bonnet, Kasso himself en skinhead, Valeria Bruni-Tedeshi faisant la manche, Philippe Nahon chef de la police, Vincent Lindon bourré dans la rue, François Levantal (J’adore cet acteur, même chez Marschal) qui campe l’inépuisable Astérix « Eh ouai ducon, eh ouai » ou encore Edouard Montoute, Cut Killer. Bref, hallucinant.


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silencio


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