Cast away.
6.0 Le film impressionne par son minimalisme, esthétique et scénaristique, mais aussi parce qu’il se refuse entièrement aux dialogues. C’est un réalisme muet, de la gestuelle, du regard. Pas un mot certes, mais beaucoup de cris et de rires, le film ne jouant pas la carte de l’exercice de style hermétique. C’est pourtant le trait qui fascine et l’étrange alchimie de son hybridation puisque si le film est une idée des Studios Ghibli et en particulier d’Isao Takahata (le réalisateur du conte de la princesse Kaguya, auquel on pense beaucoup ici) il sera fait en France, par un réalisateur néerlandais, repéré pour ses beaux courts métrages. Et c’est très beau, rien à dire. Ça pourrait suffire, ça suffit parfois. Mais il manque une vraie tension dramatique, il manque aussi un attachement aux personnages. On sent que l’auteur est plus intéressé par l’aspect universel et le côté « robinsonnade puis vie entière d’un naufragé sur une île déserte, qui deviendra son chez lui » que par l’épaisseur de son personnage, de ses personnages. On est clairement dans un récit métaphorique de la vie, de la naissance à la mort, en passant par les épreuves, les joies, les peines et l’éternel recommencement. La nature est donc à l’honneur : l’océan, la plage, les rochers, la forêt de bambous ; les crabes, les tortues, les oiseaux, les chenilles. La chaleur du soleil, les profondeurs bleues, un raz-de-marée. Le jour, la nuit. C’est sidérant de beauté. Mais ça manque un peu d’émotion à mon goût.