Archives pour la catégorie Michel Gondry

Le livre des solutions – Michel Gondry – 2023

24. Le livre des solutions - Michel Gondry - 2023Intimité.

   4.0   Quand le seul ressort comique qui fonctionne c’est Pierre Niney s’acharnant sur un assistant qui tousse, c’est léger. Mais ce running gag m’a vraiment fait marrer, j’avoue. Le film est intéressant en tant qu’autoportrait peu flatteur de cinéaste égotique, mythomane et bipolaire mais c’est globalement très bordélique, comme toujours chez Gondry et l’ennui l’emporte. Il y a toutefois une belle découverte : Frankie Wallach, qui illumine chaque scène où elle apparaît.

L’écume des jours – Michel Gondry – 2013

55. L'écume des jours - Michel Gondry - 2013     4.5   C’était inadaptable mais avec une indulgence hors du commun on peut se dire que seul Gondry pouvait s’y frotter, au sens populaire du terme. Au final je trouve le film pas si mal fichu et j’en suis le premier surpris. Disons que c’est populaire (le régiment de stars est là) mais pas commercial du tout. Le film n’est que succession de saynètes délirantes en hommage au roman avec toute l’inventivité gimmick du cinéma de Gondry. On dirait presque du Keaton par moment, beaucoup trop long certes mais ce n’est pas insupportable. Le film est souvent raté par contre dans sa construction dramatique, on dirait presque du Jeunet croisé avec du Beineix. Bref je n’aime pas mais je suis content de l’avoir vu malgré tout. Et c’est toujours plus intéressant que l’immonde Science des rêves.

The We and the I – Michel Gondry – 2012

theweandthei604-tt-width-604-height-400-crop-0-bgcolor-000000-nozoom_default-1-lazyload-0   7.0   Comme souvent avant de voir un Gondry, l’excitation que le film provoque se mêle à de la méfiance. Une grande méfiance. Cela est dû au fait que le cinéaste, déjà, n’est jamais là où on l’attend. De la comédie romantico-fantastique il file vers le film de super-héros version geeks en passant par des bricolages nostalgico-kitchs. Inévitablement, il y a des loupés. Gondry et moi c’est un peu particulier puisque son film que je préfère est celui généralement le moins aimé : The green hornet. Ce film assume pourtant parfaitement son dispositif futile, chose rare chez Gondry que l’on sent souvent satisfait dans tout ce qu’il entreprend. Là, pour une fois, je rencontrais le divertissement que je voudrais voir tous les dimanches soirs, débarrassé du bricolage intempestif qui fait la renommée du cinéaste et doté d’un rythme sans fausse note, parce que Gondry, habituellement, c’est au mieux fatiguant (Eternal sunshine) au pire incroyablement épuisant (Be kind rewind).

     Et voilà le cinéaste à facettes à la tête d’un nouveau bébé, un projet modeste, évoquant, tenez-vous bien, le voyage d’un bus scolaire du Bronx, du lycée à son terminus, juste avant les vacances, en choisissant comme unique décor l’intérieur du véhicule. Ce n’est ni Speed, ni De beaux lendemains ; Pas d’action, ni de drame en puissance, non, Gondry réalise une chronique, à la sauce Entre les murs version Spike Lee pour la mise en scène du chaos. Quelque part, il y avait déjà un peu de Do the right thing à la fin de Be kind rewind, c’était un mauvais clin d’œil mais c’était déjà là.

     Dès le départ on sait dans quel monde on a atterrit : Gondry et son bricolage coutumier ne pouvaient pas s’empêcher de pondre un générique en carton avec un bus miniature qui sillonne les trottoirs avant de se faire écrabouiller par le bus grandeur nature dans lequel le film nous embarquera jusqu’à son terme. La bonne nouvelle c’est ce que le bricolage est terminé, ou presque, qu’il réapparaîtra par moments sans que cela ne soit préjudiciable à cette idée du réel, du voyage et du temps réel. Pour la première fois, sa bricole va ouvrir le champ des possibles et non refermer le film sur lui-même. Cette bricole c’est dorénavant le montage en cascade et cette profusion d’idées bonnes (ce curieux montage anti-naturaliste où nous sommes dans le bus et nous voyons à travers vitres non plus la ville mais l’intérieur d’une pizzeria où deux des lycéens sont partis chercher à manger en attendant que le bus s’extirpe d’un embouteillage) comme mauvaises (la course-poursuite, que nous suivons des vitres du bus, entre la mémé et Big T – qui vient de descendre – parce que celle-ci vient venger l’humiliation au goût de glace à la vanille qu’elle a subit un arrêt plus tôt) mais ne visant donc pas à créer un monde dont à la fois on ne peut sortir mais qu’en prime on ne peut atteindre (La science des rêves c’était un cauchemar sur ce point là).

     C’est un film en perpétuelle progression qui pourrait pourtant s’avérer hyper programmatique dans la mesure où il est construit en chapitres et surtout que le procédé annoncé par le titre recherche l’étude sociologique à savoir que le « I » va peu à peu remplacer le « We ». Autant le chapitrage est inutile (au sous-titre « Les tyrans » succède « le chaos » sans que l’on ne décèle vraiment une différence, ou alors elle est de l’ordre du montage puisque cette deuxième partie rompt les bases des présentations et des petits jeux d’humiliation et rapports de dominations pour laisser place à un brouhaha général, sans fil conducteur, captant chaque petit groupe dans le groupe, les mélangeant, les superposant, sous couvert d’un rythme informe, trépidant où la musique apporte cette folie à la Larry Clark). La captation du voyage replacé dans sa linéarité la plus brute et sa temporalité quasi réelle crée une idée aussi logique que géniale : plus le film avance plus le bus se vide. Non pas en guise de performance ou de processus du « nous » au « je » schématisé, mais simplement que l’on sent peu à peu que l’ambiance change. Ce ne sont pas les arrêts en eux-mêmes qui confectionnent le changement d’atmosphère mais bien la somme des arrêts fondus dans le voyage. Je veux dire que l’ambiance ne change pas réellement d’un arrêt à un autre, il arrive même que l’on y fasse pas vraiment attention. Parfois, l’un des lycéens est probablement descendu puisqu’on ne le revoit plus ensuite. Donc c’est un fait : le bus se vide. Et les cartes sont chaque fois redistribuées. Jusqu’à ce que ce « nous » violent, bête et théâtral laisse place à un « je » en retenu, avec ses secrets, son mal-être. Le « je » est déjà là au départ mais il est invisible, il n’est pas dans le « nous » mais croqué par le « nous ».

     Le running-gag de la chute en vidéo youtube que chacun visionne sur son i-phone, qui d’ailleurs ne sert pas de running-gag au film, est une image qui représente bien le bricolage de Michel Gondry. Cette simple vidéo permet de comprendre comment il travaille. Elle nous fait sourire dans un premier temps, parce qu’elle fait rire aux éclats les occupants du bus. En somme, ce sont plus leurs réactions quand ils la regardent qui nous font sourire. Puis, cette vidéo, revue en boucle, finit par nous énerver, on se demande même comment elle pourrait nous faire rire. Pourtant, le film s’ouvre sur un drame plus grand, à partir de cette simple vidéo. En somme, le bricolage chez Gondry a pour dessein de faire naître une émotion insoupçonnée au moyen d’un gimmick qui lui a initialement permis d’installer une émotion opposée. Et donc, à mesure que le bus abandonne ce bruit incessant, il livre un silence bouleversant. Dehors, le jour cède au crépuscule. A l’intérieur, ce « je » qui trente minutes plus tôt, transformé en « nous », se moquait éperdument d’un autre « je », se retrouve à partager du temps avec et chaque personnalité commence à s’ouvrir. La représentation excessive cède la place à l’intime. C’est tout à coup devenu bouleversant. Ce n’est pas l’idée qui l’est, mais le glissement, comment cela fait qu’on y croit. Et j’y ai cru.

     Néanmoins, pour revenir aux acteurs, qui n’en sont d’ailleurs pas, jouant tous leur propre rôle, tout du moins campant des personnages avec leurs vrais prénoms, il faut dire qu’ils ne jouent pas très bien, surtout au début où ils sont systématiquement dans l’exagération, dans l’idée qu’ils sont devant une caméra, c’est à dire qu’ils jouent moins pour le réel que pour de la pose cinéma. L’exemple parfait se situe là où ils se moquent unanimement et sans se cacher d’un homme avec un bec de lièvre. Le rythme employé à cet instant là relève moins d’une humiliation provenant du réel que d’un scénario filmé. De la même manière, toutes les séquences avec la mémé c’est du what the fuck total, ça n’existe pas. Et en fait cela symbolise bien la progression du film, vu de l’intérieur comme dans la salle de cinéma : Dans le bus c’est l’après cours, il y a une telle folie pré-estivale que le simple fait que tout le groupe soit d’abord pathétique, dans l’excitation incontrôlée tout du moins, le film tient. J’ai déjà vécu ce ridicule là, surtout dans un bus scolaire, je crois que c’est l’endroit où tu l’on se fait les meilleurs amis comme les pires ennemis, ça ravive des souvenirs. Et dans la salle, il se passe sensiblement la même chose à savoir la distanciation et le rejet puis l’identification naissante. A mesure que le film se fait plus juste, les éléments du bus fatiguent donc se calment et nous nous surprenons, spectateurs, à nous intéresser d’abord à ce petit monde en huis clos puis à ses entités esseulées. Qui n’a jamais éprouvé la pulsion de se donner en représentation, dans un bus ou ailleurs, parce que le groupe le permet ? Il y avait un peu de cela dans La vie au ranch de Sophie Letourneur, même si à mon sens le film de cette dernière était beaucoup plus radical sur ce qu’il cherchait à dire de cet entre-deux âges.

The green hornet – Michel Gondry – 2011

1856721   6.0   Le nouveau film du réalisateur d’Eternal sunshine of the spotless mind est une forme de mariage entre le blockbuster de super héros et la comédie entre potes tendance Apatow. J’y allais à reculons n’ayant pas du tout aimé deux autres de ses films (La science des rêves, véritable cauchemar en carton, chiant, à peine sympathique, à peine mélancolique ; Soyez sympas rembobinez, intéressant à première vue avant de plonger dans un délire naïf insupportable) et c’est une bonne surprise. La naïveté n’est plus au service d’une démonstration que l’on peut fabriquer des films avec pas grand chose – les rêves en carton, les films suédés – en somme que tout un chacun peut déployer ses tendances créatives avec nada, mais elle accompagne ce plaisir de gosse d’en mettre plein la vue tout en déstructurant le cahier des charges habituel de ces films à gros budgets, estampillés généralement Marvel, qui se prennent beaucoup trop au sérieux et se contentent de reproduire l’esprit des bandes dessinées. Le jeu Gondry m’épuise assez vite en temps normal parce qu’il est au service d’une performance, en tout cas c’est comme cela que je le ressens.

     C’est probablement la première fois que Gondry s’appuie sur une si grosse production, pourtant rien ne semble être au service des moyens dans ce film, c’est plutôt le contraire. Ce sont les situations qui sont jubilatoires, l’écriture, le duo d’acteurs, les péripéties qui agrémentent le récit. Les séquences à effets spéciaux sont présentes mais ne sont qu’une toile de fond, c’est d’ailleurs ce qu’il y a de moins réussi dans le film, parfois peu lisible dès qu’il s’accélère, mécanique et peu inventif dès qu’il enchaîne les séquences d’action, c’est le cas à la toute fin du film. On s’éclate au contraire dans la profusion de gimmicks, dans le plaisir qu’offrent toutes ces petites inventions ci et là, objets, mécanismes, machines. Un gaz gun, une bagnole à missile, une clé USB en sushi, un capuccino new age. Finalement, tout objet est un dérivé d’objet déjà existant. On reconnaît bien là Gondry, le bidouilleur, et ses inventions artisanales. On pense à Retour vers le futur, à la différence qu’ici on ne nous explique pas grand chose, ou plutôt on en cherche pas à comprendre. Ou à Maman j’ai raté l’avion – toujours dans l’idée de faire des gros trucs avec rien, d’affronter plus fort mais d’être à la hauteur – il ne s’agit plus de protéger sa propre maison des méchants mais carrément toute la ville. Exit l’esprit Superman, la particularité de nos héros ne tient pas dans un héroïsme sans faille, il y a des morts dans The green hornet, des combats sanglants, des scènes de gunfights, des innocents qui crèvent bêtement – Hilarante séquence de télévision où l’on conseille à la population de ne pas s’habiller en vert.

     A la mort de son père, directeur d’un grand journal, Britt Reid (Seth Rogen), looser invétéré, se voit hériter de l’entreprise mais est sur le point de donner un autre sens à sa vie, quand il découvre un jour, accompagné (bien plus que ça, même s’il refuse de l’admettre) par son nouveau bras droit Kato, ancien mécano de son père, véritable couteau-suisse ambulant (pour reprendre ses propres mots) qu’ils peuvent sauver des vies. Il va alors se servir du journal de son père pour faire parler de lui, sans que l’on sache que c’est lui, s’inventant comme nom de scène The green hornet (parce que l’abeille verte n’a pas eu de succès), la nouvelle menace de la ville, afin de pouvoir infiltrer les gros benêts de la pègre et libérer sa ville du trépas. Cette partie du film est la meilleure. Tout l’élan créatif de Gondry se situe là. Mais il y a un travail tout aussi énorme sur les divers rebondissements de l’histoire, qu’il s’agisse par exemple du rôle du père, qui apparaît comme quelqu’un d’exécrable aux yeux de son fils, donc du spectateur, alors qu’il cache en réalité un combat perdu d’avance contre la corruption, ou qu’il s’agisse du rôle du grand méchant Budnowsky, incarné magistralement par Christopher Waltz, qui gère tout le banditisme de la ville mais se retrouve en plein dilemme de mode, sur le point de s’accentuer avec l’arrivée sur le marché de cet étrange frelon vert. Budnowsky voudrait alors s’appeler Bloodowsky, parce qu’il aurait l’air plus cool pense t-il. Et il se vêtirait d’un long veston rouge, débiterait toujours la même phrase sanction à ses victimes au seuil de leur mort. Et surtout il porterait un masque lui aussi, comme ce green hornet encombrant. Un masque à gaz rouge et noir. Bref, ce père, ce méchant, leurs évolutions, qu’ils soient vivants ou morts, sont à l’image du reste du film. On ne se contente pas de produire du déjà vu, on change de cap constamment. Même le méchant se remet en questions. L’histoire est tout autant politique, enfin gentiment bien sûr. Il y a ce maire d’apparence sympathique, qui viendra proposer ses condoléances à Britt, qui se révèle rapidement être un maire véreux, en lui proposant ses services contre la une du journal concernant sa réélection. Véreux puis bientôt tueur. The green hornet rebondit sans cesse, c’est sa grande qualité, ce qui en fait l’un des films les plus jubilatoires vus depuis un moment. Et puis il y a Cameron Diaz en secrétaire à tout faire, plus sexy que jamais, à quoi bon bouder son plaisir ? Et toute une kyrielle de moments désopilants, en partie grâce au silence permanent de Kato et aux bavardages incessants de Seth Rogen. Comme chez Apatow finalement. Il est très fort, mais je le trouve peut-être un poil too much ici, disons que le fossé entre les comportements des deux héros est sans doute trop grand – duo qui ne fonctionne jamais vraiment en duo collaborateurs d’ailleurs puisqu’il y a sans cesse cette barrière maître/domestique, que Gondry ne creuse malheureusement pas vraiment – il finit par faire plus office de débile qu’autre chose et en devient lourd. Au-delà de ces défauts assez minimes, C’est de loin le film le plus cool de ce début d’année, sans problème.

Be Kind Rewind – Michel Gondry – 2008

bekindrewind7      2.5   Autant j’accroche, je partage, j’admire, je vie les rêves de Lynch, autant ceux de Gondry m’empêchent de dormir. « Eternal sunshine » était une belle idée, même un beau film, mais exploitée maladroitement de manière complexe jusqu’à épuisement. Avec « La Science des rêves » et maintenant « Be Kind rewind » on a juste le sentiment d’arriver dans une soirée, à délires non partagés, dans laquelle on n’est pas invités! Pas de doute Gondry est un grand rêveur mais ces rêves sont trop personnels et puérils pour que l’on s’y attache. Et que dire cinématographiquement ici ? Bah pas grand chose. C’est tellement mauvais. Alors on se rabat sur le spectacle. Mais comble du désespoir : c’est même pas drôle!

     C’est pas tant la démarche qui est condamnable ici, on rend hommage au cinéma en quelques sortes. Puisque l’histoire en deux mots c’est que ces trois personnes (cf photo) tiennent un vidéo-club dans lequel les cassettes ont récemment toutes été éffacées suite à un accident provoqué par Jack Black, qui a le cerveau magnétisé! Le but, refaire tous les films à la demande des clients pour ne pas fermer boutique. Problème : Sos Fantômes, Le roi lion ou Rush Hour sont déjà des merdes à la base, alors en voir des remakes, c’est juste pas possible quoi! Bref, c’est un fourre-tout indigeste qu’à coup sûr je ne rembobinerai pas!


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silencio


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