Pièces par pièces.
4.5 C’est l’histoire d’une femme au foyer coincée entre un mari débordé professionnellement et des enfants assistés, produits de la société machiste (symbole lourdingue du club de football River Plate employé à plusieurs reprises), qui est sur le point de donner un autre sens à sa vie en se découvrant une passion pour la construction de puzzle. Plus qu’un film sur ces petites pièces que l’on assemble entre elles, Puzzle parle d’émancipation de la mère, au moins par le plaisir instantané que cela lui procure.
Autant certains instants dans le film sont très beaux, très sobrement amenés (je pense à la nouvelle relation entre cette femme et cet homme, qui n’est autre que son partenaire de table, relation ambiguë, inavouable qui cache sans doute davantage, toute en admiration réciproque avant de devenir plus intime) et d’autres sont plus grossiers, moins subtiles (Comme cette première séquence d’anniversaire, où l’on voit la jeune femme s’affairer aux préparatifs culinaires pendant que ses convives ne bougent pas d’un pouce et son mari qui n’hésite pas à lui envoyer quelques piques désagréables, on apprend ensuite qu’il s’agit du sien d’anniversaire, puis lorsque dans un mouvement brusque elle renversera une assiette dont elle rassemblera bientôt les morceaux évitant à ses invités de se blesser, on se dit que le choix métaphorique aurait sans doute dû être plus travaillé) ce qui confère à ce film argentin un cachet de petit film maladroit autant qu’attachant, déployant ce besoin nouveau à travers la passion de manière assez nuancée sans trop de complaisance inopinée.
C’est donc un film mignon, mais relativement anecdotique, qui dit très peu de choses dans la mesure où il se place systématiquement à hauteur de cette maman dont la vie se résumait jusqu’ici à faire les courses, la cuisine et le ménage, et à donner beaucoup d’amour à son foyer, mais qui évoque ce bien peu comme quelque chose d’universel. Le choix du puzzle est intéressant dans la mesure où il offre un don à cette femme, qui se découvre en osmose avec ces petites pièces, qu’elle assemble tranquillement de façon peu commune sans avoir au préalable assembler les bords. Comme si c’était déjà fait, dans sa vie, où elle n’est jamais vraiment entrer au cœur des choses ne faisant que les contourner.
Malheureusement, le film n’en dit pas plus, n’en montre pas plus, les puzzles ne sont pas suffisamment filmés, ou alors quand ils le sont c’est beaucoup trop bref, et ce don n’est pas clairement montré, alors que nombreux de ces instants auraient dus/pus être plus lumineux, plus harmonieux. Même l’aspect routinier, cadenassé, de sa vie avant cette découverte n’est pas montré non plus, les enjeux de ce dérèglement souvent soigneusement évités.