Archives pour la catégorie Nicolas Pariser

Le parfum vert – Nicolas Pariser – 2022

13. Le parfum vert - Nicolas Pariser - 2022Le faux coupable.

   6.5   Troisième film que je voie de Nicolas Pariser, troisième réussite. Ici c’est une rêverie poétique, attrayant par son étrange titre rohmérien, puis ouvertement relecture hitchcockienne (il y a notamment une superbe scène de train, et bien d’autres signes encore) doublée d’un amour non feint pour Tintin – Hergé est partout, là-dedans. Jadis, De Broca aurait pu faire un film comme celui-ci. Et Pariser s’en sort tout aussi bien, sa mise en scène est rythmée, élégante, soignée, quant à Lacoste/Kiberlain, duo improbable sur le papier mais qui, au même titre que l’aspect hybride (le théâtre et la bande-dessinée, la comédie et le film d’espionnage, le soupçon et la paranoïa, une tendance slapstick et le spectre de la Shoah) dans lequel baigne le film, fonctionne à merveille. Et puis c’est bien écrit, ludique sans être désinvolte, sérieux sans être lourd. Et drôle.

Alice et le maire – Nicolas Pariser – 2019

34. Alice et le maire - Nicolas Pariser - 2019Le grand échiquier politique.

   7.5   Paul Théraneau, le maire socialiste de Lyon n’a plus d’idée. Ou comme il l’interprète : Il est une voiture de course en panne d’essence, simplement poussée par sa lancée – Trente années de mandat municipal derrière lui. C’est ainsi qu’il convoque une jeune normalienne, Alice Heimann, espérant qu’elle lui apportera ces fameuses idées, de l’eau à son moulin, d’autant qu’il arrive à un moment de sa vie professionnelle où il brigue les sommets à savoir les primaires présidentielles. Petit à petit, elle devient son bras-droit dans l’ombre. Voire une oreille pour ses confidences.

     Il est rare de voir un film français qui croit autant en l’univers politique. On peut citer récemment L’exercice de l’Etat, de Pierre Schoeller, et moins récemment 1974, Une partie de campagne, de Raymond Depardon. Il y en a surement d’autres, mais pas tant que ça finalement qui prenne leur sujet à bras le corps, avec passion, comme Nicolas Pariser le fait avec Alice et le maire. Le film ne lésine pas à offrir de longues et magnifiques plages de dialogue, d’une qualité exceptionnelle. Et à saisir le lieu dans lequel il déploie son récit : Lyon sera ce magnifique terrain de jeu.

     Le film surprend par sa liberté de ton, à la fois très loin du petit traité de cynisme que l’on pouvait craindre – Ce néant politique qui guette le personnage et la jeune garde, novice et utopique, qui lui vole la vedette – mais aussi complètement détachée d’une dimension plus légère, arborée dans le feel-good movie, politique ou non. Il y a un personnage magnifique, qui joue l’amie de l’ex petit-ami d’Alice, une jeune artiste catastrophiste (campée par la sublime Maud Wyler) que le film fait exister pleinement, dans un écrin de folie assez alarmant, très actuel, qui la rend bouleversante.

      Mais bien entendu, Alice et le maire repose énormément sur la présence de ces deux comédiens absolument épatants : Anaïs Demoustier, qui n’en finit pas d’émerveiller (Elle mérite amplement sa récompense lors de la cérémonie des Césars : C’est probablement son plus beau rôle à ce jour) et Fabrice Luchini qu’on n’avait pas vu aussi génial depuis… L’arbre, le maire et la médiathèque, tout simplement. Loin des caricatures du vieux briscard et de la jeune première, d’une apathie morbide côtoyant l’hystérie jouvencelle, c’est l’alliance homogène, d’expérience et de fraicheur, qu’ils parviennent à créer ensemble qui élève le film chaque fois davantage. Une énergie relayée, en permanence. Vers la fin, la scène de l’élaboration du discours est l’une des plus belles séquences (en plan-séquence) vues cette année.

     Bref, après le très prometteur Le grand jeu (2016) voici la confirmation que Nicolas Pariser est un auteur passionnant et unique dans le paysage cinématographique actuel. Alice et le maire est un film d’une grande intelligence, un beau film politique doublé d’un beau film sur la parole, quelque part entre Rohmer et Chabrol.

Le grand jeu – Nicolas Pariser – 2015

02. Le grand jeu - Nicolas Pariser - 2015L’écrivain dans l’ombre.

   6.5   C’est un premier film très réussi. Il y a une vraie ambition politique, déjà, ce qui est plutôt rare dans le cinéma français. Avec un soupçon de film d’espionnage / thriller paranoïaque. Toute proportion gardée, on pense même beaucoup à The ghost writer. Une scène relativement anodine fait d’ailleurs écho au tout dernier plan du chef d’œuvre de Roman Polanski.

     Le film est ciselé en deux parties bien distinctes. La première raconte la fabrication d’un « faux » livre destiné à orienter l’opinion publique. Moitié de film passionnante, aussi riche et intense que le film de Garenq sur l’affaire Clearstream, vraiment. La seconde est puissante car tellement inattendue : C’est comme si on couplait les parties de cache-cache de La mémoire dans la peau, l’angoisse latente de Night moves et l’émancipation campagnard de L’avenir. Le tableau dressé d’activistes écolos reclus dans une ferme hors du monde saisit par sa richesse, son déploiement dramatique et l’empathie qui s’en dégage.

     L’histoire est celle d’un ancien gauchiste aux ambitions enterrées, écrivain presque raté puisqu’auteur d’un seul livre paru quinze ans plus tôt, qui reçoit la commande d’un homme d’abord mystérieux qui se révèle fin tacticien politicien : Ecrire un livre d’appel à l’insurrection, en l’échange d’une importante somme d’argent. Dans le but de détruire le ministre de l’intérieur, tout en faisant tomber un groupe d’extrême gauche – Celui qui abrite d’anciens amis de sa période poing levé.  

     Bien que ce ne soit jamais précisé, il y a de l’affaire de Tarnac là-dedans. Et la grande réussite du film à mes yeux, c’est moins la richesse du matériau que l’écriture très personnelle que sont ses lignes de dialogue. Quel plaisir de voir une écriture aussi riche, fine, intelligente. Sur deux séquences notamment, deux rencontres, puisque l’exceptionnel dialogue nocturne entre Poupaud et Poesy répond clairement au dialogue inaugural entre Poupaud et Dussollier.

     Ça manque sans doute d’un peu de mise en scène, qui serait moins froide que le cadre qu’elle dépeint. Mais il y a une force romanesque, une ambiance qui fait qu’on ne veut pas décrocher. Encore une fois, avoir The ghost writer en tête ne l’aide pas tellement. Quoiqu’il en soit j’ai trouvé ce « film d’espionnage » particulièrement passionnant, surprenant, ample. Il me semble qu’il adopte un regard singulier et parvient à saisir les troubles de son époque. Réalisateur à suivre.


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silencio


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