Publié 6 décembre 2017
dans Nicole Garcia
Trois frères et un secret.
6.5 Nicole Garcia et moi ça fait deux ou presque. Je mets Mal de Pierres (Son dernier) et Place vendôme (Son plus reconnu) dans le même panier. Quand elle fait L’adversaire, qui reprend une trame similaire à celle qui m’avait laissé sur le carreau dans L’emploi du temps, de Cantet ou dans A l’origine, de Gianolli, je n’y arrive pourtant pas, je ne vois que les miettes parfois délicieuses de ce que le film promettait. Ça reste ce qu’elle a fait de mieux, à mon avis, malgré Daniel Auteuil. Il y a dans Le fils préféré tout ce que je rejette en bloc chez Nicole Garcia, du moins dans un premier temps. La schématisation autour du caractère de ces trois personnages autant que la mécanique scénaristique. Rien ne fonctionne sur moi. Tout me semble au mieux grossier au pire ridicule et creux. Oui mais voilà, un moment le vent a tourné. Je ne sais pas vraiment si ça se joue sur une scène en particulier ou si je suis entré dans sa dynamique progressivement, mais j’ai fini par y croire à ces retrouvailles entre frères à la recherche de leur vieux père (immigré italien et ancien boxeur) en fuite. C’est que d’abord on distingue trop clairement les coutures de chaque personnage : l’ainé, homosexuel, plein d’assurance, qui semble en savoir plus que les autres ; le bourgeois, froid, solitaire, qu’on a peut-être trop délaissé ; et le petit dernier, le fils préféré, qu’on a chéri un peu plus que les autres. Giraudeau, Barr et Lanvin sont excellents, chacun dans leur registre. J’imagine que le film m’a intéressé dès l’instant qu’ils sont tous trois reliés à l’écran. Ça m’aurait comblé mais là, Nicole Garcia va te sortir La révélation, qui donne de la substance à tout ce qui paraissait flou et peut-être un peu fabriqué et poseur au départ. Rarement un twist ne m’avait autant pris à la gorge, ne m’avait semblé si opportun. J’imagine qu’elle le déploie exactement comme il fallait le déployer. Ou bien c’est tout simplement que je ne l’attendais plus. Il y a un plan terrible où Lanvin est au téléphone et les deux autres sont dans le flou derrière lui. Et Nicole Garcia parvient, dans la composition simpliste de ce plan à nous montrer la détresse de celui qui reçoit l’information décisive, ainsi que dans le flou : la surprise de celui qu’on a toujours laissé loin du secret et l’immobilité de celui qui savait. C’est très beau. Ou comment donner du corps en quelques secondes et pour le quart d’heure restant (qui s’achève sur un combat de boxe miroir très beau, très émouvant) à un film qui semblait, à mes yeux, promis aux oubliettes.
Publié 14 mars 2017
dans Nicole Garcia
4.5 Après l’inénarrable « T’es une belle personne » Cotillard, décidemment abonnée aux petites phrases toutes fabriquées récidive et nous offre un « Vous êtes un tout petit être ». Bon, je suis méchant, elle est vraiment bien dedans et ce n’était pas gagné, tant l’écriture Nicole Garcia est fine : Au début, Gabrielle, qui vit dans une bourgeoisie agricole, souffre d’un mal inexplicable (En fait elle apprendra bientôt qu’elle a des calculs rénaux, le fameux mal de pierres) et rêve de passion amoureuse quand elle est pourtant destiné à se marier avec le garçon de la famille d’agriculteurs voisine. Pour ce faire, Nicole Garcia nous montre Cotillard en train de lire (et s’exciter sur) Les hauts de Hurlevent. Plus tard, avant de citer Freud, on nous montre son portrait sur un mur. La finesse, oui. Si le film est d’abord froid comme la pierre, justement, Ba Dum Tss, je le trouve moins mauvais que ce qu’on en dit, disons qu’il aurait dû fonctionner comme son héroïne, qui ne veut ni pleurer ni guérir, mais s’enivrer de passion, or il est trop sage et refermé sur lui-même. Le film est on ne peut plus académique dans sa forme mais l’émotion finit par naître, de façon un peu inattendue, sur la fin, qui peut rappeler vite fait celle de Two Lovers. Reste que ça me fait un peu de peine qu’un film aussi terne que celui-ci ou celui d’Anne Fontaine, pouvait rêver du Cesar suprême quand Nocturama, Le voyage au Groenland ou Les Ogres non.
Publié 12 juin 2015
dans Nicole Garcia
6.5 Un peu déçu sur le moment mais en fait c’est assez beau. Le film me hante beaucoup. Serait-ce le propre de ces récits d’impostures tels que L’emploi du temps, de Laurent Cantet ou A l’origine, de Xavier Gianolli, deux autres films que j’adore ? Ces trois films se répondent très bien je trouve, et dans le même temps chacun a son unité, son rythme, son ambiance. Le Cantet reste plus fort à mes yeux, le fait qu’il n’utilise ni effets de montage (aléas temporels de L’adversaire, qui prouvent que Nicole Garcia n’est pas la plus subtile) ni sensationnalisme du fait divers (l’outrance jusqu’au-boutiste dans A l’origine) le rend d’une simplicité bouleversante.
Publié 17 mai 2015
dans Nicole Garcia
3.0 J’ai trouvé ça absolument chiant comme la pluie. Très Mamie Nicole Garcia croit faire du grand cinéma. Comme j’en attendais pas mal c’est une déception immense. De Garcia, j’aime pourtant beaucoup L’adversaire (mais beaucoup moins que L’emploi du temps, de Laurent Cantet) mais là ça ne marche pas du tout à mes yeux. Plutôt que Deville ou Assayas auquel on l’a rapproché, j’ai vraiment l’impression d’être dans un Téchiné relou style Ma saison préférée. Non à la limite je préfère Un balcon sur la mer qui me semblait plus modeste dans son entreprise d’hommage hénaurme à Vertigo.
Publié 22 octobre 2014
dans Nicole Garcia
6.0 La première demi-heure est presque catastrophique, c’est le pire du pire de Nicole Garcia, de la pose à gogo. Et puis tout s’adoucit, le récit comme la forme. C’est alors la fuite d’une mère avec ses deux enfants pour tenter de les aimer et de se faire aimer. C’est par moment même très beau.