Mère et filles.
7.0 Le visionnage de L’amour et les forêts m’a rappelé que je devais revenir sur cette mini-série – en neuf épisodes d’une trentaine de minutes : c’est très court – signée Valérie Donzelli, découverte lors de son passage télé sur Arte il y a pile deux ans.
Tandis qu’elle est mère de triplées quadras qu’elle a élevée toute seule et alors que, du haut de ses soixante-dix ans, elle milite toujours activement au planning familial, Nona tombe enceinte. Si l’on accepte cette aberration, c’est gagné.
Enfin presque : Evidemment le pitch est alambiqué. Beaucoup trop fabriqué. Mais partons de ce que Donzelli clame elle-même : « La maternité est un peu surnaturelle ». C’est une affaire de séisme, au sein d’une famille, ici au sein d’une relation de frangines.
Il y a George, l’étudiante éternelle toujours chez maman ; Gaby, la sexologue essayiste célibataire ; Manu, la mère au foyer de cinq enfants. J’adore cette idée des trois prénoms mixtes. Leur alchimie sororale est le cœur battant : Virginie Ledoyen, Clothilde Hesmes et Valérie Donzelli elle-même – chacune avec leur caractère propre – apportent une fraicheur au fil des épisodes, d’une grande cohérence dans le portrait de ces trois sœurs.
Si c’est une vraie série de femmes (où brille Miou-Miou, évidemment) les hommes n’y sont pourtant pas exclus, tant les rôles donnés à Michel Vuillermoz, Antoine Reinartz ou Barnaby Metschurat (Le sage-femme) sont très beaux aussi.
Bien sûr la série s’ouvre de façon complètement improbable. Bien sûr on retrouve toute la fantaisie habituelle de Donzelli (et parfois des tics de mise en scène dont on peut se passer) qui se poursuit sur une tonalité tour à tour grave et légère. C’est sa marque de fabrique. Il me semble qu’elle y trouve le juste équilibre ici – bien qu’il ne faille pas lâcher : on peut rester sceptique durant les premiers épisodes – qui lui faisait défaut depuis dix ans.
La série monte en puissance pour atteindre une déchirante conclusion. Probablement ce que Donzelli a fait de mieux depuis La guerre est déclarée (c’est pas difficile, c’est vrai). Et une série que je pourrais agréablement revoir dès maintenant, je me rends compte.