Publié 14 avril 2020
dans Otto Preminger
L’étau au Sénat.
7.0 C’est un film de procédure politique absolument passionnant, impressionnant, dense, d’une précision quasi documentaire, qui révèle à mesure toute sa tragique absurdité. Preminger nous plonge dans les coulisses du pouvoir, manipule son dispositif à merveille, dispose ses pions, les héroïse et/ou les condamne. Entre obsession de la guerre froide et chasse aux sorcières, l’envergure est colossale puisqu’il s’agit d’hommes d’état dont la carrière est prise dans un engrenage dangereux, provoqué par les soupçons et les polémiques, faux témoignages et troubles plus ou moins inavouables de leurs passés respectifs. Le film surprend par sa construction. On croit d’abord qu’on restera proche de Leffingwell (Henry Fonda) l’homme en question que le président souhaite nommer secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Puis c’est aux crochets de l’opposition que le film glisse, en compagnie d’un sénateur cynique et maccarthyste, incarné par Charles Laughton, qui souhaite le faire tomber pour antécédents communistes. Avant que le film prenne à nouveau une autre direction, en s’attachant à un sénateur menaçant, mais plus menacé encore, lorsqu’on s’apprête à rendre public ses tendances homosexuelles. Le film est froid, fort, implacable.
Publié 24 septembre 2017
dans Otto Preminger
Un été brûlant.
7.5 Si Otto Preminger restitue admirablement toute la dimension érotique et solaire de la côte d’Azur, le vrai sex-appeal de Bonjour tristesse, celle qui illumine chacun des plans dans lesquels elle se trouve, c’est Jean Seberg. Actrice irrémédiablement associée à La nouvelle vague, Belmondo et Godard, qui lui offrira – peu de temps après Bonjour tristesse – le rôle de Patricia, cette étudiante qui vend le New York Herald Tribune sur les Champs. A vrai dire, je ne crois pas l’avoir vu ailleurs que là-dedans. A part ça il s’agissait de ma toute première rencontre avec le cinéma de Preminger. Je sais que Bonjour tristesse n’est pas forcément considéré comme l’un de ses musts (Sans doute parce qu’il est une adaptation de Sagan) quoiqu’il en soit j’ai beaucoup aimé, je trouve le film gracieux, troublant, intelligent dans son jonglage couleur / Noir et blanc (La couleur pour le passé et le souvenir des moments de bonheur / Le noir et blanc pour un présent assombri par le drame) et son marivaudage de luxe absolument divin. Les fines lignes de dialogues sont impeccablement fondues dans la mise en scène et le film l’emporte par sa dimension mélodramatique provoquée par les rivalités, caprices et jalousies accentués par le soleil plombant. Hâte de voir d’autres films de Preminger.