Le vrai du faux.
5.0 Avant de voir celui-ci, j’avais vu quatre films réalisés par Pascal Bonitzer, mais j’aurais bien été incapable, sans recherches, d’en citer un. C’est dire combien son cinéma me glisse dessus. Et c’est sensiblement ce que j’ai éprouvé devant ce film, peut-être bien son meilleur, que je vais aussi très vite oublier.
Un commissaire-priseur reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele, considérée perdue, aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier chimiste. Il se rend sur place et découvre que le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril.
Le film est pensé à partir de l’histoire réelle du tableau Les Tournesols fanés disparu en 1942 et réapparu en 2004.
La plus belle idée du film, pas forcément bien exploitée à mon sens, c’est le transfuge de classe que représente ce jeune commissaire-priseur, né du prolétariat et réfugié dans une carrière solitaire, de luxe et de réussite. Le parallèle avec le personnage d’ouvrier détenteur du tableau de Schiele est bien vu. Et Alex Lutz est très bon.
Néanmoins, entre spoliation des biens juifs, clients richissimes, classe ouvrière, œuvre authentique et partie de mensonges, le film fait mine de tout mélanger mais il évite tout je trouve. Et en grande partie de faire le récit initiatique d’une jeune stagiaire sur le marché de l’art. Ce personnage (incarné par Louise Chevillotte) ne sert pas à grand-chose sinon à étoffer la partie scénaristique.
Bonitzer est un excellent scénariste et dialoguiste, et il semble avoir mis son talent dans ce film ci, qui manque toutefois beaucoup de mise en scène à mon avis. Il ouvre des pistes, des brèches partout mais ne choisit pas vraiment sa voie, son point de vue et sa mise en scène qui sont aussi transparents que ses personnages.
J’aurais adoré voir le même film réalisé par Nicolas Pariser, je crois.