L’adolescence nue.
8.0 Il va falloir que je le revoie bientôt, pour une raison simple : Je suis resté en admiration béate devant la photo du film, plus que devant le film lui-même. Et ce dès les premières secondes, avec ce plan-séquence sur un chemin de campagne, qui capte toute l’ambiguïté de l’adolescence dans un même élan, sa douceur et sa cruauté. Chaque plan, cadre, scène sera dès lors plus réussi(e) que le/la précédent(e). Au générique j’apprends que le chef op n’est autre que Colin Mounier, déjà responsable de la photo de mes deux Rozier préférés : Du côté d’Orouet & Les naufragés de l’île de la tortue. Y a pas de hasards.
Il est rare devant un film de sentir à ce point l’époque, les couleurs de l’époque, la respiration de l’époque. Une époque imaginaire par ailleurs, pour moi qui ne l’aie pas vécue (puisqu’il s’agit de celle de l’enfance de mes parents : C’est en grande partie pour cela que ça m’émeut tant, j’imagine, de me voir offrir leur vie quotidienne d’alors, sur écran). Une respiration qui ressemble à celle de Mes petites amoureuses (Jean Eustache, 1974) ou L’argent de poche (François Truffaut, 1976) : Deux de mes films préférés. On pourrait en citer plein d’autres (piocher chez Pialat, chez Doillon, par exemple) mais ce sont les deux auxquels j’ai le plus songés, devant Les zozos, sans doute aussi pour leur cadre scolaire. Et provincial.
Ça pourrait hérité du Truffaut des Quatre-cents coups (1959) ou à l’opposé du spectre se rapprocher d’A nous les petites anglaises (1976) de Michel Lang (après tout, les deux garçons ne cherchent qu’à baiser) pourtant le film ne ressemble à rien d’autre, dans le ton, comme dans sa construction. On pense plutôt au Vigo de Zéro de conduite (1933) pour sa spontanéité, son énergie et sa capacité à capter la vie d’un internat & les flirts éphémères. On ne sait jamais où ça nous emmènera. On y voit le Poitou. Mais aussi la Suède.
Le récit se déroulant au début des années 60 et Pascal Thomas ayant 27 ans lors de la réalisation de ce premier long, il est fort probable que le film soit en grande partie autobiographique. Mais qu’importe finalement. Ce qui compte c’est le regard qu’il pose dessus. Bref j’y reviendrai ultérieurement. Mais je pense pouvoir dire que c’est mon Pascal Thomas préféré, devant Confidences pour confidences & Mercredi folle journée. En attendant de voir Le chaud lapin et Pleure pas la bouche pleine (tous deux avec Bernard Menez !) même si je constate que c’est l’enfer pour trouver ses films sur support physique.