Conte cruel de la jeunesse.
7.0 Si, durant la même époque, ma préférence ira nettement vers Passe ton bac d’abord, de Pialat ou Le diable probablement, de Bresson, ce film globalement inconnu, mais affichant au casting Isabelle Hupert & Christine Pascal, tout de même, est assez passionnant.
Je dois d’abord dire qu’il faudra que je le renvoie (quand un éditeur saura se bouger) car la copie qui m’a permis de faire sa découverte n’était pas loin d’être catastrophique, bugs sonores et filigrane INA au centre à l’appui, sans parler de l’image souvent floue. Malgré tout ça joue aussi un peu en sa faveur car c’est un film un peu sale, archi épuré, très marqué par ses plans (souvent fixes) et ses cadres emblématiques, mais aussi par ses couleurs fades et son rejet de la figuration. C’est Lausanne, mais on a l’impression que cette école est vide, que la ville est vide. C’est un parti pris que j’aime bien, qui m’évoque certains films de Chantal Akerman ou Béla Tarr.
C’est surtout un vrai film existentiel, sur une jeunesse perdue entre les discours de Mai 68 et la montée industrielle, sur une jeunesse qui peut se réfugier soudainement dans une citation de Thomas Mann (inutile de citer tout le répertoire de philo, coucou Ferrara et ton Addiction de petit intello poseur) et le film s’y tient.
Il s’ouvre sur la découverte du corps de Jenny, une lycéenne de seize ans, puis remonte une semaine plus tôt afin de voir le quotidien de ses sept derniers jours. Et on ne saura pas vraiment pourquoi cette jeune femme est allée mourir dans la neige. Mais quelque part on aura compris, c’est très beau. D’autant que ça ressemble à s’y méprendre à une matrice de Twin Peaks.