Archives pour la catégorie Peter Yates

L’oeil du témoin (Eyewitness) – Peter Yates – 1981

14. L'oeil du témoin - Eyewitness - Peter Yates - 1981Les bas-fonds.

   5.0   Très déçu tant j’avais placé de grandes attentes en ce film post-hitchcockien, que j’imaginais déjà en parfait chainon manquant entre Fleischer et De Palma. On se rend malheureusement vite compte que Yates n’est pas plus intéressé par son intrigue (Cette histoire de meurtre de notable vietnamien, toutes les scènes avec les commanditaires, la famille fortunée, le sujet sur la fuite des juifs de l’URSS, tout ça manque vraiment de relief) que par ses personnages, qu’il installe pourtant bien mais qu’il ne développe pas. Il y a pourtant cette belle idée du personnage solitaire, vétéran du Vietnam gardien dans un centre d’affaires, qui vit seul avec son chien et qui est secrètement amoureux de la présentatrice télé locale. Avant de virer vers la romance improbable, le film séduit d’abord en déployant cette étrange amitié / opposition entre deux entités du Vietnam sur lesquelles l’Amérique de Reagan s’est bâtie – Le héros solitaire réintégré et le traumatisé, lâche et arriviste : Si l’ami incarné par James Woods vit de petits larcins et d’ambitieux rêves c’est avant tout pour contrer ce passé de perdant du Vietnam qui lui colle à la peau – avant de dilapider ses promesses dans quelque chose d’un peu foutraque, maladroit, peut-être raccord avec la respiration de l’époque, mais assez peu canalisé à l’écran. On ne sait finalement pas trop ce que Yates a voulu faire tant il noie la politique et la sociologie, le mystère et la romance. Plus surprenant : Lui qui est pourtant réalisateur de Bullitt, rate complètement ses scènes d’action, de poursuites. On dira qu’il avait la tête ailleurs, encore dans son film précédent, probablement, le magnifique Breaking away. On sauve quelques jolies séquences (intimes) malgré tout. Ainsi que la lumineuse présence de Sigourney Weaver. Mais ça reste un film un peu raté, je pense.

Breaking away – Peter Yates – 1980

2Quatre garçons contre le vent.

   9.0   Que Peter Yates « reste » comme étant celui ayant réalisé le surestimé Bullitt (Je vais essayer de le revoir, malgré tout) n’est pas si problématique. Non, le vrai scandale c’est qu’on ne puisse voir Breaking away (La bande des quatre, en version française, mais comme c’est le titre d’un chef d’œuvre de Rivette, ce sera direct aux oubliettes et donc toujours Breaking away en ce qui me concerne) seulement maintenant : Le film ressort au cinéma depuis quelques semaines, il était invisible chez nous depuis sa sortie en 1980.

     Les grands fonds (le film que Yates fit juste avant) bien qu’assez inégal dans son ensemble, fascinait, laissait un arrière de goût de film d’aventures bien barré. Breaking away c’est autre chose. C’est surtout loin, très loin d’être la simple petite curiosité que je m’attendais à voir. C’est une merveille absolue, oui. L’un des plus beaux teen movie que j’ai pu voir, c’est drôle, lumineux, mais il y a une mélancolie, punaise. Impossible que Linklater n’est pas vu / été inspiré par ce film, pour Dazed and confused, impossible !

     La relation père/fils, par exemple, c’est magnifique, qui outre sa dimension comique, éclate le temps d’une scène, une étreinte bouleversante, sous les yeux d’une mère qui fond en larmes. Je ne parle pas de cette séquence sur le talus du stade, saisie dans un crépuscule somptueux, dans laquelle notre bande regarde et envient les footballeurs, et où l’on y sent toute leur résignation, leur impossibilité (puisqu’ils sont fils de Cutters, autrement dit d’anciens miniers) à se fondre dans le décor du campus universitaire et ses étudiants aisés. Et je parle encore moins de toutes ces séquences dans cette carrière abandonnée inondée dans laquelle la bande passe le plus clair de son temps, sans doute parce qu’elle fut le lieu de travail de leurs pères. C’est aussi un certain espace américain que le film s’empresse de filmer, un espace aussi majestueux que chaotique, paradoxe contenu dans cet étrange lac artificiel.

     Et puis tous ces acteurs  Dave, Mike, Cyril et Moocher, ces gamins de Bloomington (Indiana) ce sont avant toute chose Dennis Christopher (il joue entre autre Eddie adulte, dans la seconde partie du (télé)film Ça), Dennis Quaid (Qu’on adorera dans L’étoffe des héros ou L’aventure intérieure avant qu’il ne disparaisse complètement des projecteurs), Daniel Stern (Marvin dans Maman j’ai raté l’avion) et Jackie Earle Haley (qu’on verra notamment dans Shutter Island ou Watchmen) et la particularité c’est qu’ils sont débutants. Quelle émotion de voir tous ces acteurs (qui n’ont pas eu de très grandes carrières, soyons honnêtes, enfin nettement moins que ceux de chez Linklater) réunis là-dedans, de les voir incarner de si beaux personnages, un peu effrayés par le monde, comme ce que le monde du cinéma semble avoir fait d’eux par la suite, en quelque sorte, c’est troublant.

     Si le film fit peu de bruit c’est aussi parce qu’il sort dans une Amérique qui s’apprête à voter Reagan, une Amérique qui veut triompher et souhaite voir des héros, et pas vraiment ceux que décrit Yates, ces gamins oubliés, fils de pères ratés, qui ont davantage le profil de finir au volant d’une bagnole d’un film de Monte Hellman que celui de découvrir des extra-terrestres. Ce qui est très beau c’est que justement, ce pessimisme, Yates le renverse, pour proposer un élan plus léger, plus joyeux, aussi bien par ses jolis pics comiques (L’obsession de Dave pour la culture italienne, notamment, mais aussi une bagarre traitée sous un jour quasi burlesque : Cyril les doigts coincés dans une boule de bowling, c’est génial) que par sa mutation progressive de chronique désenchantée vers le feel-good movie résolument optimiste et chevaleresque en passant par la douce romance avortée. Parvenir à combiner un peu tout cela tout en faisant culminer quelques instants bouleversants ci et là, me rend le film infiniment précieux.

     Et puis il y a deux séquences durant lesquelles on pense un peu à Bullitt, durant lesquelles on se rappelle que Yates a crée ce qui restera comme l’une des plus impressionnantes scènes de course-poursuite de l’histoire du cinéma. Ici c’est d’abord l’entrainement de Dave sur route lorsqu’il se met « dans la roue » d’un camion. Et la course cycliste finale, évidemment, brillamment agencée dans son montage, ses rebondissements, véritables moments de bravoure étourdissant qu’on ne veut pas voir s’arrêter.

     Breaking away est un film original, drôle, émouvant, bref réjouissant à tout point de vue. Qui semble nous dire qu’il n’y a de belles victoires que si l’on dynamite les barrières sociales et les codes familiaux. Et seulement si tout cela, les épreuves comme les parenthèses, les échecs et les réussites, sont partagées ensemble. Je veux le revoir.

Les grands fonds (The deep) – Peter Yates – 1977

01. Les grands fonds - The deep - Peter Yates - 1977Le trésor du Goliath.

   6.0   La moitié du film se déroule sous l’eau, autour de l’épave d’un vieux rafiot militaire. Tant mieux, c’est ici que le film trouve ses meilleures inspirations. Peter Yates prend son temps, filme magnifiquement la faune (requins, poissons, murène) et chaque recoin de ce monstre d’acier qui menace en permanence de s’avachir dans les profondeurs.

     L’histoire est celle d’un couple de touristes en vacances, passionné de plongée. Lui arbore un buste saillant, une chevelure or et une Rolex quand elle est simplement vêtue d’un t-shirt moulant blanc et mouillé, sans soutif de maillot en dessous. Et c’est Jacqueline Bisset, si tu vois ce que je veux dire. Ils sont aux Bermudes. La détente, quoi. Sauf qu’en s’aventurant plus loin qu’ils ne le devaient, ils vont visiter une vieille épave et découvrir qu’elle renferme plus d’un secret.

     C’est d’abord de curieuses ampoules de morphine (qui abondent bientôt par milliers) qui attirent leur curiosité – Ce qui leur vaut vite d’avoir la mafia locale sur le dos. C’est ensuite l’éventualité de la présence d’un trésor, qui va les faire plonger, plonger encore, épaulés par un chasseur de trésor, mi arriviste mi passionné, campé par Robert Shaw, dont le rôle change peu de celui qu’il jouait chez Spielberg, dans Jaws, un an plus tôt.

     C’est un chouette film d’aventures, chasse au trésor saupoudrée de trafic de drogue, qui peut aussi bien rappeler Opération Tonnerre, Les aventuriers (De Robert Enrico) que Tintin. Gros problème à mes yeux : Une storyline est nettement au-dessus de l’autre. Comme attendu, les deux finissent par se confondre dans un final un peu fonctionnel, mais ça passe, notamment car les vingt dernières minutes sont parfaitement agencées, angoissantes. Et sous-marines.

     Le casting envoie du bois : Jacqueline Bisset, Nick Nolte, Robert Shaw, Eli Wallach. Et pour la petite anecdote, Les grands fonds a fait l’objet d’un remake en 2005, intitulé Bleu d’enfer (avec Jessica Alba & Paul Walker) qui troqua Les Bermudes pour les Bahamas. Dans le peu de souvenir qu’il m’en reste, ça n’avait aucun intérêt.


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