Publié 6 novembre 2025
dans Philippe de Broca
Galop d’essai.
6.0 Ultime film de mon cycle consacré au cinéma de Philippe De Broca, Les jeux de l’amour est son tout premier : un film déjà tout en fantaisie et en mouvement, très vivant, d’une grande fraîcheur, dans sa mise en scène, ses dialogues, son interprétation. Jean-Pierre Cassel en fait déjà beaucoup mais ça ne m’a étrangement pas dérangé cette fois, à croire que sa partition est plus canalisée. Ou bien qu’il ne parvient pas à dévorer les deux autres personnages, nettement plus intéressants, touchants, complexes, torturés mais plus vieux-jeu aussi que cet artiste égocentrique, capricieux, hystérique, faussement désinvolte et moderne. Qu’il ne parvient pas non plus à dévorer la mise en scène de Philippe De Broca, qui trouve une belle dynamique, d’une séquence à l’autre, malgré l’inconséquence de son petit programme un peu trop cadenassé. Chouette film, malgré tout. Je m’arrête donc provisoirement là avec ce cinéaste : vu huit films cette année, ce qui m’en fait vingt en tout. Assez pour me rendre à l’évidence : hormis quelques belles exceptions et une sympathie globale, ce n’est pas trop ma came.
Publié 2 novembre 2025
dans Philippe de Broca
« Combien de fois faudra-t-il te tuer pour que tu meures ? »
5.5 Il est presque étonnant, au vu de la grande filmographie du bonhomme, que Philippe de Broca, qui – de ses premiers films avec un (trop) sautillant Jean-Pierre Cassel à ceux avec l’effervescence belmondienne – adorait le mouvement, le vaudeville agité, ait si peu tourné de scènes d’action et de films d’aventures – à moins que ce soit tous ceux qui me manquent. Cela avait plutôt bien fonctionné sur moi avec Cartouche. J’étais donc très curieux de voir ce qu’il en était de son adaptation de Paul Féval. Et en effet le « cape et d’épées » lui va à ravir, bien épaulé par une kyrielle d’interprètes concernés, d’Auteuil à Lucchini, en passant par Perez, Stevenin et Noiret, et bien entendu une Marie Gillain magnifique. La reconstitution est soignée. La construction impeccable, à la fois très rythmée et pleine de moments de respiration : on n’étouffe jamais. C’est limpide, efficace. Ça manque peut-être un peu de finesse, de légèreté. Après, bon, y avait peut-être mieux à faire que de respecter le texte à la lettre et laisser Lagardère épouser la fille qu’il a élevée. Sa fille, donc. Ou bien il faut trouver comment filmer cela. Et pas avec un superbe plan grue à la gloire de l’inceste.
Publié 5 octobre 2025
dans Philippe de Broca
Les indiens sont encore loin.
3.0 Sans non plus me faire trop d’illusions, je me suis demandé au préalable si De Broca n’avait pas retrouvé l’inspiration de L’Africain. Le récit est similaire. Reste que le couple vedette Deneuve/Noiret est ici remplacé par Dombasle/Belmondo ; qu’on y greffe une histoire d’enfant extraterrestre. Oui c’est un peu le E.T. de Philippe De Broca. Mais ça ressemble davantage à Un indien dans la ville. Dombasle fait ce qu’elle peut – jusqu’à nous montrer ses nichons – mais elle aura définitivement été une bonne actrice que chez Rohmer. Belmondo est touchant mais on sent qu’il n’y croit pas beaucoup. Reste le plaisir de voir De Broca tourner in situ, en pleine forêt amazonienne. Et la dernière demi-heure, très enlevée, prouve qu’il en avait encore sous le pied faisant presque oublier les enfants mignons, la niaiserie des indiens, les scientifiques débiles et les dialogues insipides qui traversent tout le film.
Publié 15 septembre 2025
dans Philippe de Broca
Eloge de la paresse.
5.0 Le cinéma de Philippe De Broca, lorsqu’il est affublé de Jean-Pierre Cassel – toute sa première partie de carrière, en somme – ne m’intéresse pas beaucoup. Celui-ci ne m’a pas complètement déplu d’une part car l’acteur est bien entouré (Marielle, Deneuve, Brialy, Girardot…) et qu’il dévore moins la pellicule qu’à l’accoutumée. D’autre part car l’idée est chouette : c’est l’histoire d’un type, Antoine Mirliflor, vivant avec son grand-père rentier qui lui a légué son droit à la paresse. Le jour où ce dernier meurt et que la supposée fortune est dilapidée, Antoine se voit dans l’obligation de travailler (ce qu’il n’a jamais fait) à moins de vivre aux crochets de riches personnes, qu’il rencontre, entre Paris, Rome et Londres. Tout l’art du cinéma en mouvement du réalisateur de L’homme de Rio (son film précédent) se met en place et trouve de belles inspirations ici et là. On sent que le cinéaste vient de tourner avec Belmondo, qu’il tente d’y insuffler la même vitalité. Cassel aussi. Tout ne fonctionne pas du point de vue rythme, encore moins des gags, donnant la sensation d’assister à une suite de sketchs sans queue ni tête, mais il y a la superbe photo signée Raoul Coutard.
Publié 18 juillet 2025
dans Philippe de Broca
Paris, l’ennui.
4.0 J’apprécie cette déambulation parisienne, sur les toits notamment. J’aime moins les gesticulations de Jean-Pierre Cassel, j’ai toujours l’impression qu’il n’est pas dans le bon film, lui. Là on sent qu’il veut faire parler ses talents d’athlète, de danseur. Au service de rien. Sinon de ce séducteur qui fait la cour à une bourgeoise croisée par hasard au détour de ses pérégrinations quotidiennes. Alors oui, il y a Anouk Aimée donc ça suffit presque. Mais bon, mieux vaut revoir mille fois Lola. Là tu coupes une heure et ça fait un super court métrage pour un marivaudage enlevé.
Publié 19 mai 2025
dans Philippe de Broca
La haine.
4.0 J’en gardais le souvenir d’un film dévitalisé, un téléfilm passe-partout avec une Catherine Frot en roue libre en mère tyrannique et un gamin à baffer en résistant en socquettes. Alors, c’est exactement cela mais en moins désagréable. Evidemment qu’on ne retrouve rien du cinéma de Philippe de Broca là-dedans. Je pense qu’il a lu Hervé Bazin, qu’il tenait à faire – c’est son tout dernier film – l’adaptation de Vipère au poing, peut-être que ça lui parlait intimement. Mais le résultat est terne, sa mise en scène – habituellement si bondissante – complètement impersonnelle. Rien que la musique on a l’impression que ce sont des chutes des Choristes (sorti la même année). Cela édulcore cette critique de la bourgeoisie catholique et de l’éducation à la haine. Mais ce n’est pas affreux loin de là. C’est un conte pour les enfants. Pour « connaître » Bazin – Folcoche et Brasse-Bouillon – sans le lire. Reste aussi le plaisir de revoir Jacques Villeret, ici dans un de ses derniers rôles, campant un père faible et lâche, uniquement passionné par la chasse et les mouches. Toujours touchant de le revoir, quelque soit ses rôles.
Publié 18 mai 2025
dans Philippe de Broca
Ce cher connard.
4.0 Edouard Choiseul, pianiste quinquagénaire est interprété par Jean Rochefort. Il est marié à Marie-France (Nicole Garcia) mais partage aussi son temps entre son agent, Olga (Lila Kedrova) et son ancienne femme, jouée par Annie Girardot, une nouvelle conquête éphémère (Catherine Alric, sosie flippant de Catherine Deneuve) et Suzanne, campée par Danielle Darrieux, celle qu’il a aimée jadis. Bref, Ce cher Edouard (c’était le titre choisi au préalable) est un Dom Juan. À la fois passionné et dégueulasse, à se complaire dans ses promesses et mensonges, sa légèreté et sa froideur, sa force de séduction et sa lassitude générale. Edouard vieillit et finira bientôt tout seul. C’est un pur vaudeville dont De Broca a le secret, ça va à cent à l’heure, d’une situation à l’autre, on ne s’ennuie pas. Mais la partie légère du film m’a autant gonflé que sa partie mélancolique. Je crois que ce personnage m’horripile.
Publié 7 mai 2025
dans Philippe de Broca
Le pas magnifique.
4.0 Comme régulièrement avec De Broca, à quelques exceptions près, je trouve que rien ne fonctionne. Le vaudeville ne lui sied pas bien, en grande partie car ici ses personnages me sont antipathiques, la mise en scène assez peu inspirée (malgré ou à cause de son mimétisme ratée de la Nouvelle vague) et la gestion du rythme assez amorphe. Aussi parce que la dimension éminemment mélancolique ne prend jamais.
A noter qu’on associe davantage le cinéma de Philippe De Broca à Jean-Paul Belmondo mais il ne faut pas oublier que c’est Jean-Pierre Cassel qui joue dans ses quatre premiers films. Celui-ci est leur troisième collaboration. Et Cassel c’est un vrai problème là-dedans. Il me paraît complètement à côté. Soit il en fait trop soit il est transparent. Mais Jean Seberg reste sublimissime, évidemment.
Publié 3 octobre 2024
dans Philippe de Broca
L’ilot fleurs.
7.0 1918. Tandis que les Allemands abandonnent Marville, après l’avoir piégée en y ayant dissimulé une bombe qui explosera à minuit, un soldat britannique est envoyé en reconnaissance et en mission afin de la localiser et de la désamorcer. Au moment où il entre dans le village, déserté par ses habitants, il est poursuivi par les derniers soldats avant leur départ et se réfugie dans un asile d’aliénés dont les pensionnaires – une fois les grilles ouvertes – ne tarderont pas à investir les lieux qui retrouvent une vie pleine de fous et d’animaux qu’ils font rapidement échapper du zoo du bourg.
Exit les films d’aventures type L’homme de Rio ou Cartouche, Philippe de Broca réalise cette fois un film de guerre, loufoque, avec des fous (mais qui sont les fous, in fine ?) qui se réapproprient la ville à leur goût dans un immense terrain de jeu, un théâtre vivant, triste et joyeux, qui fait passer le réel et la guerre pour une mascarade générale.
Très beau film, incarné par une superbe distribution : Geneviève Bujold, Jean-Claude Brialy, Michel Serrault, Micheline Presle, Julien Guiomar, Pierre Brasseur et De Broca lui-même en jeune Adolf Hitler. Un film merveilleux, tout en fleurs malgré les bombes, portés par des personnages aux noms évocateurs : Coquelicot, Le duc de Trèfle, Général Géranium, Mme Églantine. On dirait presque du Guiraudie.
Publié 7 avril 2023
dans Philippe de Broca
Un meurtre pour deux.
6.0 Tandis qu’il est en voyage d’affaires au Maroc, Jean-Luc, un banquier efficace et guindé, mais un homme un peu pressé et stressé (d’autant qu’il s’apprête à se marier) se retrouve à venir en aide à Julie, fantasque et envahissante, la femme d’un architecte, qui vient de tuer son mari. Tous deux camoufleront le crime en accident. Jean-Luc devra vite rivaliser d’idées pour calmer Julie qui a décidé de tout raconter à la police. Dès lors il ne pourra plus s’en dépêtrer. Bientôt, il ne pourra plus s’en passer.
La présence de Marlène Jobert & Jean-Claude Brialy joue au moins autant que celle de Françoise d’Orleac & Jean-Paul Belmondo dans L’homme de Rio : Notre attachement aux films se mesure aussi à l’aune de notre affection pour leur couple d’interprètes. En (grande) partie car il ne faut pas oublier la mise en scène de Philippe de Broca, ici aussi très inspiré. C’est une très belle comédie d’aventures, élégante, rythmée, dans la tradition de la screwball comedy. Un film qui ne cesse de courir dans tous les sens. On ne s’ennuie pas.