Publié 7 avril 2023
dans Philippe de Broca
Un meurtre pour deux.
6.0 Tandis qu’il est en voyage d’affaires au Maroc, Jean-Luc, un banquier efficace et guindé, mais un homme un peu pressé et stressé (d’autant qu’il s’apprête à se marier) se retrouve à venir en aide à Julie, fantasque et envahissante, la femme d’un architecte, qui vient de tuer son mari. Tous deux camoufleront le crime en accident. Jean-Luc devra vite rivaliser d’idées pour calmer Julie qui a décidé de tout raconter à la police. Dès lors il ne pourra plus s’en dépêtrer. Bientôt, il ne pourra plus s’en passer.
La présence de Marlène Jobert & Jean-Claude Brialy joue au moins autant que celle de Françoise d’Orleac & Jean-Paul Belmondo dans L’homme de Rio : Notre attachement aux films se mesure aussi à l’aune de notre affection pour leur couple d’interprètes. En (grande) partie car il ne faut pas oublier la mise en scène de Philippe de Broca, ici aussi très inspiré. C’est une très belle comédie d’aventures, élégante, rythmée, dans la tradition de la screwball comedy. Un film qui ne cesse de courir dans tous les sens. On ne s’ennuie pas.
Publié 11 mars 2023
dans Philippe de Broca
L’avis de château.
4.5 Enième vaudeville signé De Broca, qui squatte château et alentour ici, avec un sens du mouvement, du cadre, de la photo, assez inimitable. C’est une comédie libertine qui respire l’époque soixante-huitarde, sa légèreté, son impertinence, accentuée par le charme nonchalant et flegmatique de ses acteurs et actrices, entre Rochefort, Marielle, Keller, Montand, Renaud, Piéplu, on est gâté. Néanmoins et comme souvent avec De Broca, la forme me fait de l’œil, les décors font leur effet – Cette ouverture, merveilleuse, entre escaliers et corridors – mais très vite sa truculence me lasse, son extravagance m’épuise à l’image de nombre de gags absolument compassés. Dommage.
Publié 16 avril 2022
dans Philippe de Broca
Sauve ma ville.
5.0 Ce n’est sans doute pas un bon film, pas même un bon De Broca, mais La gitane est tourné quasi intégralement dans Pontoise (chez moi donc), et comme d’habitude il utilise vachement bien les lieux, se les approprie pour les fondre dans son tempo frénétique bien à lui. Et voir Pontoise dans les années 80 a suffi à me faire passer un moment agréable. Mais ce n’est clairement pas dans ses meilleurs.
Publié 13 avril 2022
dans Philippe de Broca
Les incorrigibles.
7.0 Tandis que Victor (Philippe Noiret) a trouvé la plénitude dans une idyllique contrée de l’Afrique centrale, l’arrivée intempestive de son ex-femme Charlotte (Catherine Deneuve) menace son équilibre. D’autant que celle-ci, chargée de dénicher un paradis perdu, veut en implanter au cœur de la brousse un simili Club-Med pour touristes fortunés.
C’est une magnifique comédie de remariage intégralement tournée in situ, au Kenya et au Zaïre, au milieu des éléphants, lions, crocodiles, dans laquelle De Broca excelle, livrant un divertissement imparable, à la fois formidablement rythmé sans tomber dans le cartoon qui le guette souvent et même émouvant sur ce qu’il raconte de ce couple de personnages, mariés mais séparés (duo parfait que forment Deneuve & Noiret) qui se supportent uniquement dans l’aventure : « A t-on déjà été si heureux ? » crie Charlotte sur un pont de singe tandis qu’ils sont poursuivi par des braconniers vengeurs.
Il est évident que le modèle pour De Broca c’est African Queen de John Huston – clin d’œil à l’appui puisque c’est le nom que porte le bateau de Victor, dedans. Une référence comme celle-ci suffit à faire mon bonheur.
Publié 3 avril 2022
dans Philippe de Broca
Le cirque.
4.0 Le film a tout pour retrouver la beauté, la folie, l’énergie, le mouvement de L’homme de Rio, mais cette fois De Broca ne trouve pas l’équilibre, son film se perd dans un enchaînement de péripéties cartoon complètement hystériques. Le premier quart d’heure est chouette, puis tout devient exténuant, au même titre que Belmondo, qui saute partout et cumule les grimaces. J’avais très envie de l’aimer car je suis admiratif de ce goût pour l’aventure, ces tournages fous, dans l’eau, dans la neige, dans les airs, dans la baie de Hong-Kong, dans les montagnes du Népal. Mais je ne vois pas de récit, pas de personnages, pas de structure, tout est volontiers décousu, ce n’est qu’un festival d’acrobaties sans queue ni tête. C’est du Tintin sous LSD. Du Jules Verne de carnaval. Quelques moments sympathiques, des lieux hauts en couleur, mais aucun émerveillement. Sauf pour Ursula Andress.
Publié 5 novembre 2021
dans Philippe de Broca
De la balle !
6.0 Premier des six films que De Broca tournera avec Belmondo, Cartouche est un beau film d’aventures pour toute la famille. Avec une figuration impressionnante, une reconstitution minutieuse, des scènes d’action efficaces. Le film est surtout très beau visuellement, ample, coloré. Je n’y suis pas très sensible mais quelque part je ne trouve pas que Cartouche ait quoi que ce soit à envier au Robin des bois, de Michael Curtiz, auquel on pense beaucoup. Deux plus-values : La beauté irradiante de Claudia Cardinale et la composition de Georges Delerue, qui livre notamment un thème final somptueux, épique, martial et bouleversant. Car si le film est très léger, souvent dans le slapstick, il vire finalement au drame et ça c’est aussi la grande force de Philippe de Broca, que de marier les tons et les genres au sein d’un même film.
Publié 18 octobre 2021
dans Philippe de Broca
Vain cabotin.
2.0 C’est un show Belmondo. On ne voit que lui et il en fait des caisses comme s’il rejouait l’intégralité de ses rôles précédents dans un seul film. Peut-être que si j’avais vu le film étant gamin j’en garderais de l’affection, mais découvrir ça aujourd’hui, punaise. C’est insupportable. On pourrait dire que Bebel en roue libre phagocyte le projet de Philippe de Broca mais même pas tant tout le reste s’aligne sur sa prestation excentrique : les dialogues d’Audiard, la réalisation de De Broca, le scénario d’Audiard et De Broca, tout, absolument tout, prend les allures d’une farce en surrégime archi pénible. Le film ne se pose jamais, noyé dans un rythme épileptique, un festival de gesticulations et déguisements improbables, et des gags ni fait ni à faire. Et dans ce salmigondis il reste toutefois Geneviève Bujold, elle est jolie, douce, calme, sobre, elle a dû se tromper de plateau.
Publié 17 février 2021
dans Philippe de Broca
On a poignardé un parlementaire.
6.0 Toujours à la limite du trop-plein, De Broca, pour moi. Il reste sur ce beau fil dans L’homme de Rio, il en chute dans Le magnifique, par exemple. Heureusement, Tendre poulet reste sur ce fil lui-aussi. Frénétique sans toutefois tomber dans l’hystérie. Très écrit mais superbement écrit, dialogues de Michel Audiard moins cinglants qu’à l’accoutumée. Et accompagné d’un cabotinage merveilleux signé Philippe Noiret & Annie Girardot. Et puis il y a cette idée géniale d’être autant dans la romance que dans le slasher, dans le vaudeville qu’au sein de l’enquête.
L’argument est chouette : Noiret y campe Antoine, un professeur de Grec en université, languide et anti-police. Girardot, Lise, une commissaire de police survoltée. Un jour, alors qu’il est en mobylette, elle le renverse avec sa voiture. Ils découvrent bientôt qu’ils étaient camarades de classe au lycée. Ils continuent de se voir mais leur relation est une somme de rendez-vous manqués, notamment parce que Lise se retrouve accaparée par cette histoire de serial killer, qui assassine des parlementaires.
Adapté du roman Le Commissaire Tanquerelle et le Frelon, de Jean-Paul Rouland, Tendre poulet est parfois too much, souvent irrésistible. Il permet surtout de constater qu’on ne fait plus ce genre de comédie policière populaire aujourd’hui. Enfin qu’on ne les fait plus avec autant de talent. Rien que dans sa façon de filmer Paris – De Broca effectue une visite de long en large – ou de plonger dans une course-poursuite, le film est très beau, plein d’idées, avec des longues focales, des ruptures de ton, le tout sans aucun temps mort. Il faut maintenant que je voie On a volé la cuisse de Jupiter.
Publié 21 février 2020
dans Philippe de Broca
Les aventures d’Adrien.
6.5 Le modèle est revendiqué par De Broca lui-même, c’est évidemment Tintin. Soit un savant mélange de L’oreille cassée, Les sept boules de cristal et Le secret de la licorne. Statuette maltèque qui remplace le fétiche arumbaya, savants menacés, parchemins à reconstituer, tout rappelle la bande dessinée d’Hergé.
Intéressant de constater combien à son tour L’homme de Rio est une matrice, d’abord pour Spielberg puisqu’il infuse clairement Indiana Jones (son auteur ne s’en cache pas) mais aussi certains opus de James Bond ou plus récemment OSS 117, Rio ne répond plus ou La loi de la jungle. Tout est affaire de transmission.
Si le film me séduit (comme aucun autre De Broca, du peu que j’ai vu) par sa générosité, rythmique et géographique, sa photographie, ses idées permanentes, la double présence savoureuse de Belmondo & Dorleac, il me gêne dans sa dimension burlesque. A trop vouloir aller vite, on perd l’équilibre. N’est pas Etaix ou Tati qui veut, le slapstick ça se dose.
Evidemment ça reste un superbe divertissement, toujours en mouvement et pourtant toujours lisible, comme on en fait plus dans nos contrées. Tourné dans des lieux qui en imposent (Brasilia en construction dans le désert, notamment) et orné de vraies cascades. Mais à mon avis, mieux vaut avoir grandi avec. Finalement je préfère un film qui lui est quasi cousin, Le sauvage, de Rappeneau, son « frère de cinéma », d’ailleurs coscénariste sur L’homme de Rio.
Publié 15 mars 2016
dans Philippe de Broca
Panique au village.
2.5 A Angevine, petit village franchouillard, régressif et autarcique, chacun ses rêves et ses craintes. Marie, petit ange local, promise au timide instituteur (Noiret, effacé) souhaite participer à un concours de beauté qui a lieu « à la ville ». Son père (Marielle, en roue libre donc de la bonne roue libre) qui est aussi le maire d’Angevine, ne l’entend pas de cette oreille : Lui qui censure déjà ouvertement (à coup de ciseaux) la moitié de la presse qui échoue dans sa bourgade (pour ne pas, dit-il, s’appesantir sur les faits divers d’ailleurs) vie dans la crainte de se faire contaminer par le monde capitaliste donc amerloque. Mais le jour où la belle Marie gagne le concours et fait la rencontre d’un américain milliardaire arriviste, tout est chamboulé et c’est Angevine qui va en souffrir : L’étalon richissime débarque dans le village avec son hélicoptère, demande la main de Marie et souhaite l’embarquer avec lui de l’autre côté de l’océan – Quitte à devoir emmener tout le village avec eux. C’est absolument n’importe quoi, d’autant que le film est assez indigent et foutraque dans son montage, cumulant aussi les invraisemblances et pseudo gags à outrance au moyen de mini-saynètes assommantes, accompagnées par des rôles sans aucune consistance et/ou caricaturaux (L’américain, ridicule). Toute la dernière demi-heure et son voyage US / mariage / pas mariage est à peine regardable. Reste l’inévitable Marielle, en gauchiste bougon, qui s’en donne à cœur joie et parvient même au détour d’une séquence (La cave à vin) à dégager un brin d’émotion. Mais je ne vois guère autre chose pour m’empêcher d’y percevoir les germes du cinéma de Leconte à son pire (Les grands ducs) voire celui de Dany Boon.