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Le marchand des quatre saisons (Der händler der vier jahreszeiten) – Rainer Werner Fassbinder – 1974

Le marchand des quatre saisons (Der händler der vier jahreszeiten) – Rainer Werner Fassbinder - 1974 dans Rainer Werner Fassbinder 56837

   8.5   De l’influence des grands mélos Sirkiens, le cinéaste allemand propose une captation singulière du couple, au moyen d’une mise en scène risquée oscillant entre plusieurs caps et surtout selon un procédé de montage qui peut parfois se révéler déconcertant. A ce titre, si l’on saisit la dynamique des toutes premières séquences du film, on saisit celle du film en son entier, qui n’hésite pas à employer ellipses et éventuels flash-back pour développer son récit. Ces retours en arrière, comme des souvenirs, n’interviennent pas systématiquement à la suite d’une méditation ou d’un souvenir raconté comme cela peut être le cas concernant le contrôle de police qui a dérapé. Il arrive régulièrement qu’une séquence d’antan se glisse subrepticement dans le présent du film, souvent il s’agit de l’engagement dans la Légion, qui est probablement l’élément le plus important de la vie de ce marchand, ainsi que ce grand amour perdu, que nous verrons sous trois apparitions quasi spectrales. Le film pourrait alors être un souvenir global, à la fois parce qu’il est décousu et saisit au travers d’instants banals quelque chose de très fort, mais aussi parce que cet homme, dans la dernière partie, sombre dans une dépression sans issue, où il devient intégralement silencieux et dit avoir dorénavant du temps pour réfléchir. Le film ne dure pas quatre-vingt dix minutes mais glisse d’un état à un autre à de nombreuses reprises, entre comédie grotesque et itinéraire tragique, réalisme social et onirisme en deux temps, douceur printanière boulevardière et violences des échanges conjugaux. Et comme bon héritier de Douglas Sirk, Fassbinder intensifie l’individualité de ces personnages, arrive à créer une empathie pour ceux dont nous ne sommes pas immédiatement proche. Cette histoire d’un homme qui revient d’entre les morts et qui au moment où tout semble s’arranger pour lui, avec sa femme (qui devait le quitter avant son accident vasculaire) comme avec son travail (il a délégué sa tâche difficile) perd peu à peu l’envie et le plaisir, de façon incompréhensible, a quelque chose de bouleversant. Il y a des séquences fortes comme celles du disque, en miroir, et qui toutes deux en évoquent une autre, d’un temps que l’on ne verra pas mais que l’on imagine. Le souvenir est beau autant qu’il est douloureux, d’une part, puisqu’il évoque un plaisir et une gêne. Et d’autre part c’est un souvenir qui provoque une souffrance suprême alors que l’on pense comme le personnage, que cette écoute pourrait être le salut qui lui sortirait de ces idées noires. Le film évoque aussi beaucoup l’hypocrisie familiale et c’est par l’intermédiaire de cette grande sœur qu’il trouve une émotion nouvelle. Cette grande sœur, gardienne de la franchise qui combat cette fausse compassion et ne voient que mépris familial envers son frère, un mépris masqué, mais qui remonte loin, qu’il s’agisse de son engagement brusque dans la Légion ou dans sa volonté de devenir mécanicien ou de son métier de marchand ambulant. Le film pourrait se satisfaire de certaines situations mais il en débusque rapidement d’autres à l’image de cette rencontre fortuite avec un camarade de guerre, que notre homme embauchera en qualité de vendeur ambulant pour remplacer le précédent. Cette rencontre pouvait elle aussi symboliser un regain, c’est pourtant dès cet instant que le marchand sombre progressivement dans son silence, n’entendant plus ni l’appel de sa femme pour se mettre à table, ni celui de sa fille pour l’aider à faire ses devoirs. Quelque chose se casse définitivement jusque dans une dernière soûlerie fatale. La dernière scène au cimetière est une merveille d’influence Sirkienne, les deux femmes sont là, réunies pour lui, la femme de sa vie et le grand amour de sa vie, l’une a convié l’autre, dans un beau tableau réunificateur post-mortem.

Tous les autres s’appellent Ali (Angst essen Seele auf) – Rainer Werner Fassbinder – 1974

TousLesAutres   8.0   J’aime beaucoup le regard que porte le cinéaste sur cette relation amoureuse atypique dans une Allemagne sclérosée par des principes moraux gerbants et les restes du fascisme. C’est un très beau film, une belle histoire d’amour avec des moments vraiment violents. Je l’ai découvert au cinéma et j’ai ressenti comme un mal aise durant de nombreuses séquences surtout dans les regards, des postures davantage que dans les mots. La dame du dessous ne m’effraie pas par exemple, elle ne fait qu’aboyer. Mais comme Ali le dira aussi, c’est cette autre femme qui me fait froid dans le dos, celle dans laquelle il voit passer la mort dans le regard. J’aime beaucoup l’aiguillage que prend le film par la suite. Lorsque l’on découvre un entourage qui peut passer outre son dégoût quand il est dans le besoin. C’est assez immonde je trouve. Pourtant cette fin est magnifique, alors que jusqu’à l’intervention du médecin on semble naviguer en plein mélodrame sans issue, je ne vois dans ce dernier plan qu’espoir.

Pionniers à Ingolstadt (Pioniere a Ingolstadt) – Rainer Werner Fassbinder – 1970

139232   5.0   Plutôt un bon film. Sur l’amour. En quête de plaisir deux femmes se voient draguer des pionniers spécialement déplacé dans la ville pour y construire un pont de bois. L’une ne conçoit que la baise, le plaisir au sens futile du terme, et n’hésite pas à soudoyer les soldats d’un peu d’argent. L’autre tombe amoureuse du premier type venu. Deux idéaux qui s’affrontent. Toujours dans un climat propre à Fassbinder, un climat qui, comme d’habitude, ne me plait pas beaucoup. Je dois avoir un un vrai problème avec ce cinéaste. Ce film est l’un de ceux que je préfère de lui mais toujours quelque chose me bloque. Y a t-il un syndrome Fassbinder ?

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silencio


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