Publié 14 novembre 2022
dans Raoul Walsh
À cor perdu.
5.0 Les séquences de combats – à grands coups de canonnades – navals et d’agonie après la bataille sont superbes. Les scènes préparatives nettement moins, durant lesquelles le film est beaucoup trop bavard, malheureusement. La romance est peu captivante, aussi. Reste un bon film d’aventures, dominé par la présence d’un Grégory Peck très à l’aise dans la peau du capitaine Hornblower. Un petit Raoul Walsh, très inégal, à mon humble avis, qui m’a plutôt donné envie de revoir Master and Commander, de Peter Weir.
Publié 22 mars 2020
dans Raoul Walsh
Ces douloureuses années 40.
7.0 Je retrouve le Walsh que j’avais tant aimé dans Les fantastiques années 20, avec cette narration si particulière, récits parallèles du quotidien de plusieurs marines, accompagnés par une superbe voix-off, très présente sans être lourde, ces ellipses, ces nombreux personnages secondaires (hommes et femmes) qui se superposent, ces ruptures, ce mélange de violence (inhérent au contexte, la bataille de Guadalcanal puis celle de Saipan) et de douceur, puisque le film s’intéresse essentiellement aux heures de permission – après une longue première partie « formation » dans le camp d’entraînement de San Diego. On est donc moins dans un film de guerre au sens propre que dans le mélodrame qu’elle charrie. Très beau.
Publié 15 février 2020
dans Raoul Walsh
Les soldats oubliés.
8.5 C’est en 1939 que Walsh raconte ces dix années de l’histoire américaine. Dix années folles, hantées par la violence engendrée par la Prohibition. Le film s’ouvre en effet au crépuscule de la première guerre mondiale et se ferme au lendemain du crash de 29. On y suit Eddy (James Cagney, magnifique) vétéran de retour du front, incapable de récupérer son boulot au garage. Après avoir été brièvement chauffeur de taxi (C’est Taxi driver, avant l’heure en fait) Eddy est arrêté pour livraison involontaire d’alcool. Après 45 jours de prison, il ressort, à nouveau au chômage et va profiter de sa rencontre avec la tenancière d’un cabaret pour entrer dans le trafic d’alcool puis peu à peu gravir les échelons du crime tout en s’assurant une reconversion honnête en investissant dans une société de taxis.
Mais le film est aussi l’occasion de raconter trois trajectoires. Il s’ouvre dans les tranchées françaises aux côtés de trois hommes, bientôt démobilisés, qui finiront par se recroiser plus tard. George, un bootlegger arriviste (Humphrey Bogart, qui débute) et Lloyd, un honnête avocat (Jeffrey Lynn) qui s’associeront plus ou moins à Eddy pour fournir l’un des bars très en vogue de New York. Trois trajectoires qui s’entendent sitôt qu’aucun ne déborde, sitôt que les anges de la Prohibition sont de leurs côtés.
Les fantastiques années 20 peut être vu comme le dernier grand film des années 30, sur les gangsters tragiques, dans la lignée de Scarface (Hawks) et Le petit César (LeRoy). Le film impressionne dans son versant documentaire de la dépression, structurant son récit en introduisant les années en tant que marqueurs historiques, avec des anecdotes en tout genre lui permettant d’être, en plus d’un superbe mélodrame, un vrai témoignage des années 20. Grand film. Un modèle du genre. A regarder en prélude d’un autre grand film, sorti quarante-cinq ans plus tard : Il était une fois en Amérique.
Publié 20 janvier 2020
dans Raoul Walsh
La vengeance aux trois visages.
6.5 C’est un western concis, implacable, qui va à l’essentiel, ne se disperse jamais. Il y a cette idée du groupe de trois hommes que tout oppose, assemblé pour l’occasion. Il y a d’abord quelque chose du High noon, de Zinnerman tant on a le sentiment qu’en se heurtant au désintérêt que portent les habitants à son désespoir, Ben Warren (Rock Hudson, moyennement convaincant) va se retrouver seul face au célèbre hors-la-loi Frank Slayton (Parfait Philip Carey) et ses sbires. Très vite, pourtant, le geste de solidarité apparait mais le curseur se déplace : Le personnage se retrouvant à faire équipe avec un acolyte adverse abandonné et un indien souhaitant venger le meurtre de sa sœur par ce même Slayton. Il y a de l’intérêt pour chacun – puisque tous trois tirent un avantage et un objectif de cette alliance puis de cette poursuite vers le Mexique – contrairement aux Sept mercenaires, par exemple, mais il est dévoué au point d’être quasi suicidaire, là-aussi. Le film pose admirablement son intrigue, dans de superbes paysages rouges de l’Arizona : Un récit post Guerre de Sécession où comme dans la première partie des Huit salopards, de Tarantino, il passe du temps à bord d’une diligence qui voit la plupart des personnages en discussion avant que les masques ne tombent, qu’une femme soit enlevée, son homme laissé pour mort, et l’intrigue ne se mette en branle. A noter que le film est construit pour être exploité en relief ainsi on y verra de nombreux jets de pierre / couteau etc… vers la caméra. Malgré ces petits trucs ridicules, c’est un très beau film.
Publié 13 juillet 2016
dans Raoul Walsh
6.0 C’est l’un des tous premiers films noirs, sorti dans la foulée du film précurseur, Le faucon maltais de John Huston. Un film qui s’inscrit idéalement dans la (future) tradition du genre, dans sa kyrielle de personnages, agissant en mensonges et faux-semblants, ainsi que dans ses imbrications et sa façon d’ancrer son récit dans les lieux, qu’il s’agisse ici d’un train ou là d’un hôtel turc, d’Alep, Istanbul ou Ankara. Il y a une vraie aisance dans les enchainements. C’est un film très bavard, comme souvent avec les films noirs (enfin d’ailleurs c’est plus un film d’espionnage qu’un film noir) mais pas suffisamment ici pour briser l’intensité rythmique, préservant donc un juste équilibre.
Publié 14 septembre 2015
dans Raoul Walsh
7.0 Mon premier Walsh et c’est superbe. Il parait que c’est l’un de ses moins bons films, pourtant. Et bien si tous les autres sont de cette trempe ça me va à moi. Quel sens du rythme, quelle ampleur dans le récit ! Et puis cette longue scène de séduction timide dans cette maison perdue au fin fond des bois : magnifique ! C’est vrai qu’il déploie des coutures hyper visibles « Knowledge is light, ignorance is darkness » mais bon sang il le fait tellement bien.