Archives pour la catégorie Remi Bezancon

Un coup de maître – Rémi Bezançon – 2023

09. Un coup de maître - Rémi Bezançon - 2023Un non-événement.

   3.0   Le duo Vincent Macaigne (le galeriste)/ Bouli Lanners (l’artiste) est cool. Pas surprenant, mais cool. En revanche, le film forme une satire absolument ringarde et inoffensive. C’est terne, dans l’image, le rythme, la construction. Prenons la scène de l’empoissonnement par exemple c’est du gros n’importe quoi : l’espace d’un instant on pense assister à un basculement, quelque chose, mais en fait rien, ça débouche sur rien, comme tout le film. L’idée était pourtant intéressante (je ne sais pas comment c’est foutu dans le film argentin dont il est le remake) mais c’est tellement pas incarné, ni drôle, ni étrange, ni un peu étiré. Ça pouvait donner une séquence génialement absurde mais c’est tellement fait par-dessus la jambe. On sent bien que Bezançon n’y croit pas beaucoup.

Le mystère Henri Pick – Rémi Bezançon – 2019

06. Le mystère Henri Pick - Rémi Bezançon - 2019Le premier jour du reste de sa mort.

   5.0   Voici le résumé, très bien, que l’on trouve sur Wikipedia : « Dans une bibliothèque située au cœur de la Bretagne, une pièce regroupe les manuscrits refusés déposés par des auteurs inconnus. Une jeune éditrice y découvre un manuscrit extraordinaire qu’elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n’aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu’il s’agit d’une imposture, le célèbre critique littéraire Jean-Michel Rouche décide de mener l’enquête, avec l’aide inattendue de la fille de l’énigmatique Henri Pick. »

     Si je n’ai pas encore vu Zarafa, son film d’animation ni compris ce qu’il avait voulu faire avec Nos futurs, il y avait dans les trois premiers longs métrages de Rémi Bezançon une fraicheur qui me séduisait. La direction d’acteurs, la mise en scène dynamique, l’écriture globale, tout cela rehaussait chaque fois des films qui auraient pu sombrer dans le tout-venant. Avec Le mystère Henri Pick, adaptation d’un bouquin de David Foenkinos, il ne retrouve pas complètement ces promesses, mais le film séduit par sa légèreté. S’il ne réussit pas tout, loin s’en faut, il a le mérité de canaliser Luchini, déjà, plutôt de l’utiliser autrement ; Sans pour autant qu’il soit à contre-emploi, mais qu’il déploie ses gammes dans un geste moins verbeux, plus ludique. C’est intéressant d’un point de vue théorique par ailleurs puisque le film s’ouvre sur le plateau télé d’une émission littéraire avec une caricature de Luchini, sorte de journaliste critique très hautain, avant de le transformer en petit détective orgueilleux qui veut juste avoir raison – Il est persuadé que le livre n’a pas été écrit par ce pizzaiolo mystérieux – afin de sauver le peu qu’il puisse encore sauver, puisque sa petite provocation lui aura couté son boulot et sa femme.

     C’est d’ailleurs lorsqu’il fait équipe avec Camille Cottin – qui incarne la fille d’Henri Pick – que le film retrouve des couleurs – car il s’emblait s’enliser – et ce n’est pas un hasard s’ils se voient, pour rire, en Sherlock et Watson, puisqu’il y a de cela dans la trame, du mystère et du buddy movie, et une légèreté qui rappelle un peu les comédies de Pascal Thomas, inspirées d’Agatha Christie. Comme elles, ça reste un film tout à fait charmant, donc, mais parfaitement anecdotique. Il a au moins l’attachant mérite, de tenter de lier dans un geste naïf des mondes qui normalement ne fusionnent pas : L’écrivain raté et l’intérêt critique, le manuscrit refusé et le succès public. Dommage qu’il vienne à bout de l’enquête de façon assez paresseuse et ne choisisse pas de préserver un peu de doute, de mystère.

Ma vie en l’air – Rémi Bezançon – 2005

Ma vie en l'air - Rémi Bezançon - 2005 dans Remi Bezancon 18431695

Amours et turbulences.  

   6.0   La réussite du cinéma de Rémi Bezançon tient à peu de choses : L’alchimie entre ce qu’il souhaite raconter et le rythme utilisé ainsi que le choix d’une comédie sous forme de chronique évitant le gag facile. Il n’y a pas de temporalité au présent sur laquelle on pourrait se rattraper, toute situation appelle un souvenir, puis un autre avant de reprendre un pseudo présent sans qu’il n’y ait un véritable schéma à suivre. Ce n’est pas quelqu’un qui raconte une histoire avec un but précis – il semble y avoir un point B mais jamais de point A – mais un patchwork d’idées/souvenirs visant à recréer un personnage. Le film aime fonctionner selon des paradoxes ce qui lui permet de systématiquement être dans la surprise. Dans la première séquence, Vincent Elbaz est dans un avion qui est sur le point de se crasher et le pilote lui demande de prendre la place de son co-pilote. On pourrait se dire que c’est une idée de base, une idée comme une autre et que le personnage en question se doit de raconter ce qui l’a mené jusqu’ici. Pour cela, il doit remonter à la rencontre de sa vie, donc forcément à son ami de toujours, à son enfance, voyager dans sa mémoire comme si on lui posait la question sans qu’il ne s’y attende. C’est foutraque sans trop l’être tout simplement parce que c’est superbement écrit. Le film est trépidant, il ne se pose jamais, et j’aime sa manière d’avancer en étapes sans qu’elles ne soient ostensibles. Par exemple, la première apparition de Marion Cotillard, plutôt tardive par ailleurs, est un modèle de rencontre sous forme de coïncidence à l’Américaine. Ça marche très bien puisqu’on ne l’attend pas. C’est une pure comédie populaire dans le bon sens du terme. Tout est dans l’équilibre qu’offrent telles ou telles situations, parfois appuyées, parfois laissées de côté, c’est un film sans règles sur ce principe là, qui ne s’apitoie pas sur le sort de ses personnages mais ne les accable pas non plus. Et encore une fois c’est bourré d’idées qui ne sont jamais là pour faire joli, toujours pour faire avancer le récit. C’est un bien chouette premier film !

Un heureux événement – Rémi Bezançon – 2011

20106083_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxKnocked up.

   7.0   C’est un drôle de film. Qui sait être drôle et pas si tendre, dur voire déprimant, il aborde l’arrivée d’un enfant dans un couple et rompt rapidement avec l’idée que l’on se fait de ce genre de feel-good movie en mettant volontairement les pieds dans le plat. Cette rentrée n’est pas tendre avec les jeunes parents, après La guerre est déclarée, magnifique film sur le couple et son sacrifice pour sauver leur enfant, Un heureux événement opte pour un enjeu plus trivial mais non moins touchant, qui consiste à observer la désagrégation du couple – à cela près qu’il choisit davantage de centrer le récit sur le personnage féminin à la différence du film de Valérie Donzelli où c’était la cohésion conjugale avant tout, qui paraissait imparable – devenu parents.

     Il y a plusieurs choses à constater. D’une part j’aime beaucoup l’atmosphère et le rythme que le cinéaste insuffle à son film, ses idées, ses enchaînements. On dirait une comédie dramatico-romantique d’aujourd’hui comme on en fait outre-atlantique, la richesse d’un Apatow, la folie d’un Araki. En tout cas j’y ai pensé. La rom’com française est loin de cela aujourd’hui. C’est souvent un comique de situation qui pourrait être accompagné d’une boite à rires alors qu’ici on se situe dans une dynamique monstrueuse de moments délicieux et le film, pourtant, continue de raconter quelque chose. Il semble se diviser en deux parties, puisque tout ce qui concerne la rencontre et le début de la grossesse relève de la comédie pure, c’est d’ailleurs un régal, c’est bien dialogué et construit et ça ne se laisse aller qu’à très peu de facilités. Mais le film se durcit avec la grossesse, puisqu’il n’hésite pas à évoquer ce que l’on évoque jamais. La voix-off accentue cet état là puisque c’est la jeune femme elle-même qui se charge de nous raconter ce qu’elle vit, alors qu’elle préparait une thèse philosophique, qui dérive peu à peu vers une thèse sur la difficulté et le bonheur d’être mère/parents. Le film n’est pourtant pas une thèse, il pourrait par moment tomber dans le didactisme mais s’en dépêtre aisément. Il y a des partis pris intéressant au sens où on ne cherche pas immédiatement de compassion ni de compréhension. Les personnages joués par Louise Bourgoin et Pio Marmaï ne sont pas forcément sympathiques, surtout à mesure que le film progresse, le film n’est pas tendre là-dessus non plus. Aussi, il y a cette scène de cauchemar où la jeune femme se réveille dans une chambre inondée puis finit par se noyer. N’importe quelle comédie populaire – puisque c’en est une – aurait atténué l’étrangeté de cette séquence en la cassant avec un réveil brutal et une femme qui se rend compte qu’elle perd les eaux. Ici pas du tout, le plan suivant celui onirique où elle semble se noyer nous la découvrons prête à accoucher. Ce n’est pas une idée extraordinaire mais c’est plutôt agréable de ne pas être pris pour un demeuré.

     Le film prend alors d’autres dispositions, non pas qu’il ne faille plus rire du tout, il continue ses aléas entre dureté du réel et légèreté comique du cinéma, mais on ne rie plus. En tout cas plus comme en début de film. Le réel commence à gagner. De cette première séquence rigolote et astucieuse de rencontre illustrée par des titres de films qu’ils s’échangent afin de se séduire nous sommes arrivés à un accouchement. Pas un accouchement comme on a l’habitude d’en voir dans le cinéma grand public, avec trois pauvres cris, des sourires et un bébé tout propre, mais un accouchement qui multiplie ses oscillations entre le comique habituel, l’émotion de l’événement mais surtout la souffrance du réel. Je ne sais pas combien de temps dure cette scène mais c’est éprouvant. Et tout est parfaitement agencé ce n’est pas loin d’être bouleversant. Puis en continuité de cette séquence attendue mais qui agit comme un feu d’artifice d’émotion d’où on se demande comment on en sortira et qu’est ce que le film deviendra ensuite, on évoque d’emblée l’épisiotomie, un périnée qu’il faut remuscler, un enfant qui ne fait pas ses nuits, la déformation du corps de la mère, des parents dépassés, qui ne font plus l’amour et ne dorment parfois plus ensemble, la solitude. Le film devient beau et d’une grande tristesse. La comédie a complètement disparu. Il y a un moment donné le personnage joué par Louise Bourgoin se prend à imaginer une émission télé où on donnerait des indications pour tuer son bébé sans avoir de problème. C’est dire le ton du film. Ce n’est définitivement plus le même rire.

     A vouloir brasser large Rémi Bezançon prend aussi beaucoup de risques. Je reverrais bien son précédent film en fin de compte, Le premier jour du reste de ta vie, que je n’avais pas aimé et dans le peu de souvenir que j’en ai, il y avait cette caricature de la famille moyenne qui m’avait prodigieusement gonflée. L’humeur n’a apparemment pas changé, enfin je ne crois pas, mais le récit me touche davantage – mais d’un point de vue personnel je m’y attendais. Et même ce qui concerne les mamans respectives du couple, dans une caricature outrancière puisque Bezançon a tenu à les mettre en opposition, ça ne m’a finalement pas tant gêné que ça. J’aime beaucoup ce qu’il obtient de Josiane Balasko, avec laquelle il n’est pas forcément le plus sympathique dans un premier temps (un peu beauf, bourrin, mal aimable) dans un rôle qui semble être une caricature de nombreux de ses rôles dans d’autres films précédents, avant d’en faire le portrait touchant d’une maman sans doute plus à l’écoute, plus cabossée par la vie, moins sur protectrice. Un heureux événement parle aussi de ça, la surprotection maternelle (la mère du personnage joué par Pio Marmaï) et l’éducation naturelle sclérosée (les cours de soutien pour donner le sein). Ce n’est pas toujours très subtil mais il y a une volonté qui me plait dans ce film qui ne se repose jamais sur ses acquis. Et mine de rien je me suis senti beaucoup moins ensevelis par la musique comme c’était le cas dans son film précédent. Il y a une scène qui symbolise cette maturité cinématographique (je m’enflamme sans doute mais j’y crois) : la jeune maman en plein baby blues (terme jamais évoqué dans le film d’ailleurs comme s’il ne voulait pas tomber dans ces facilités ultra attendues) face à son bébé, un premier échange, un jeu de regard, il ouvre les yeux puis commence doucement à pleurer. Elle s’apprête à appeler les infirmières via le petit boîtier d’urgence puis elle renonce. Elle donne son doigt au bébé avant de lui donner son sein. Il y a là une séquence sublime de prise de conscience d’être mère et j’ai le souvenir que rien ne l’accompagne, ni musique, ni voix-off. Bref, tout n’est pas réussi, la fin par exemple aurait largement pu se passer de commentaires, se terminer ainsi oui, pourquoi pas, mais sans les mots. Mais à côté de ça je trouve absolument tous les acteurs du film magnifiques. Définitivement amoureux de Louise et de Pio. Quant à Lannick Gautry, qui joue l’obstétricien, il continue de me surprendre. Contrairement à La guerre est déclarée je n’en sors pas requinqué, mais ça fait un grand bien de sortir relativement marqué d’un film dont on attendait absolument rien.


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silencio


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