Publié 1 avril 2022
dans René Allio
René dans les Cévennes.
6.0 Quatrième long métrage de René Allio, Les camisards conte la révolte des protestants cévenols contre les papistes, en s’opposant aux dragons du roi Louis XIV. Le récit se déroule dix-sept ans après la révocation de l’Edit de Nantes. On suit l’organisation du groupe de camisards mené par Gédéon Laporte, ses actions jusqu’à sa défaite à Pompignan.
Chaque scène de cette lutte cévenole est donc tournée dans les décors naturels sur les lieux véritables des faits historiques. C’est un film bucolique et ludique, car les Cévennes sont un immense terrain de jeu, quasi enfantin en apparence – Allio y a d’ailleurs passé son enfance – mais trahi par un propos plus cru, violent et politique.
La voix off de Rufus, tirée d’un journal retrouvé, donne du corps à ce récit de camisards, mais accentue les limites du film, plus terne dès l’instant qu’il se déroule dans le camp du roi. Allio est nettement moins habile avec la noblesse qu’avec le monde paysan.
Ce n’est pas une fresque. Mais il cherche parfois à singer la fresque. Le film n’est jamais si beau que dans ces fabuleux décors, notamment les parenthèses comme la séquence du bain dans la rivière. Beau quand il préfère l’intime à l’épopée.
À noter que si le film est interprété par de nombreux acteurs professionnels, la plupart des rôles secondaires sera attribué aux habitants des environs.
Je me demande si l’héritier direct de l’Allio des Camisards n’est pas (de loin) le cinéaste franco-algérien Rabah Ameur-Zaïmeche, tant Dernier maquis ou Les chants de Mandrin lui doivent beaucoup.
Publié 26 janvier 2022
dans René Allio
Ville natale.
7.0 C’est une déclaration d’amour à la ville de Marseille, que René Allio, dont il est originaire, traverse au présent en lui faisant revivre son passé, de sa propre voix (en off). C’est une exploration dans son intimité. Il raconte son histoire familiale : Celle de sa famille maternelle issue de l’arrière-pays et celle de sa famille paternelle, immigrée italienne. Les petits souvenirs, les grands mythes, parfois accompagnés de vieilles photos de famille. Et de la ville, aux contours labyrinthiques à la lumière éclatante, qu’Allio arbore en doux travellings, plans fixes et lents panoramiques, essentiellement deux quartiers qui lui sont chers : Bon Secours & Saint Gabriel. Il évoque beaucoup les traverses et leurs architectures qui le fascine tant depuis tout petit. Il se pose un instant dans une ruelle, observant un trou dans un mur dans lequel dit-il, son père dissimulait un chiffon, qui lui permettait chaque matin d’astiquer ces souliers (le pied posé sur la borne) salis par la poussière des traverses, avant d’attraper le tramway le menant vers le Vieux-Port. Aussi, il reconstitue la tentative de suicide de son oncle, joué par son propre fils, embrassant à l’extrême le vertige temporel et générationnel. Très beau film.
Publié 21 octobre 2021
dans René Allio
Faut-il pleurer, faut-il en rire ?
6.5 Adapté d’une nouvelle de Brecht, le premier film de René Allio plonge dans la ville de Marseille et fait le récit d’une émancipation, celle de Berthe Bertini, qui vient de perdre son mari. Une femme qui vécut donc deux vies. Et se découvre en tant que femme, en tant que Berthe, au crépuscule de sa vie, quand elle n’est plus fille ni épouse, et plus vraiment mère puisque ses enfants sont loin ou occupés. Le film est bercé par « On ne voit pas le temps passer » de Jean Ferrat. Et tourné en décors naturels dans l’Estaque. C’est très beau.