Publié 16 novembre 2023
dans Rob Reiner
Madeleine, ou pas.
4.0 Enfant, ça m’aurait peut-être séduit. On saura jamais. Quoiqu’il en soit, je savais la côte de ce « film culte » que je n’avais jamais vu. J’étais assez curieux. On va simplement dire que ce n’est pas pour moi ; évidemment, c’est bien fichu, j’admets. Quelque part, j’ai pensé à un film de cape et d’épées avec Erol Flynn. Il y a de l’élégance, dans les plans, les personnages, les répliques. Mais je pense que ça manque de tout : d’élan épique, parodique, ludique, romantique, et d’heroïc fantasy. Certains diront que ce cachet hybride fait sa force. J’y vois surtout un film qui ne choisit jamais, entre conte classique et parodie débridée. Assez sage, en définitive. Et neurasthénique : C’est un objet charmant mais désuet. Un joli conte ans rythme. Je lis ci et là qu’on en garde des répliques cultes, qu’on vibre à « Comme vous voudrez » et que l’on rit beaucoup à « Mon nom est Inigo Montoya, tu as tué mon père, prépare-toi à mourir! ». Ok, j’ai dû rater un truc. Bref, j’imagine que pour certains, ça fait office de parfait film médicament, sous un plaid un jour de pluie. J’ai d’autres doudous, c’est pas grave.
Publié 5 février 2020
dans Rob Reiner
Life for toc.
4.0 Si l’idée du faux documentaire sur un faux groupe de rock, aux tendances heavy metal, est sur le papier volontiers exaltante, le résultat s’avère aussi poussif qu’ennuyeux tant la proposition ne se nourrit que de gags répétitifs et lourdingues, sur scène comme dans les interviews. Je n’ai seulement pu me raccrocher qu’à sa dose de non-sens parfois extrême et donc réjouissante, notamment quand il s’agit de se pencher sur le guitariste du groupe (et sa collection) ou bien sur l’histoire de la malédiction de leurs batteurs. J’aime aussi beaucoup la scène du recueillement sur la tombe d’Elvis, qui vire à la bataille d’égo. Il y a au moins ça : L’absurde, même poussé au plus haut, n’est jamais sur joué. C’est ce décalage qui fascine. Mais le procédé s’essouffle sur la longueur. Evidemment il s’agit beaucoup de tourner en dérision ces groupes, leurs tournées absurdes et leurs réflexions philosophico-neuneu. A enchainer les situations qui se répètent, notamment scéniques, la satire devient moins féroce que paresseuse. Le coup du cornichon dans le slip au détecteur de métal à l’aéroport, on a envie de leur dire « Sérieusement, vous n’avez que ça en stock ? ». La scène de la nacelle coincée sur scène c’est franchement archi poussif. Bref, si la proposition reste unique en son genre, difficile pour moi d’y adhérer. Dans un autre registre, plus bureaucratique, mais avec un ton, un humour assez proche, je suis plus sensible à des séries type The Office ou Parks & Recreation. Sans doute car les personnages me plaisent. Ici, je les confonds tous. Et c’est lorsque le film vire vers quelque chose de semble-t-il plus émouvant – faisant planer l’ombre d’une dissolution – qu’il me perd complètement puisque moi j’y suis à cet instant pleinement en retrait. De la tendresse pour ce faux groupe c’est vraiment ce que j’aurais adoré y trouver. Dans ce procédé, autant j’avais été très ému il y a peu par Guy, autant là je trouve ça vain.
Publié 5 novembre 2019
dans Rob Reiner
Jugeons-les « coupables ».
5.0 Deux enquêteurs militaires sont envoyés sur une base de l’US Marine Corps à Guantánamo pour élucider la mort d’un soldat après une mesure disciplinaire officieuse qui aurait mal tourné. Ils font face, au début, à un « mur de silence et d’obéissance » de la part des autorités militaires et des soldats en place là-bas. J’attendais peu de la réalisation de Rob Reiner, adaptant un projet d’Aaron Sorkin puisqu’il s’agit au préalable de la pièce de théâtre de ce dernier. A raison tant on s’aperçoit vite qu’elle s’efface au profit du génial cabotinage de son interprétation – Un casting assez parfait, qui convoque Tom Cruise, Demi Moore, Jack Nicholson, Kevin Bacon et Kiefer Sutherland. Incroyable de voir combien Des hommes d’honneur pourrait se dérouler entre quatre murs, dans trois pièces (ou plutôt sur trois plateaux) différentes : Un tribunal, un appartement de jeune avocat militaire et un bureau d’officier des marines. 95% du film se déroule là-dedans. L’enrobage est donc on ne peut plus classique, ne sort jamais des rangs, si j’ose dire, et l’on sent la quête d’Oscars des premiers et seconds rôles. Néanmoins, par une sorte de savoir-faire des studios hollywoodiens, le film a son petit charme, qui découle évidemment de ce parti pris : En tant que banal film de procès, il se suit, n’ennuie jamais, avec sa vocation de raconter la politique interne du corps des marines, cet espèce de code d’honneur que le film fait passer pour une absurdité – Le code rouge comme un resucée de bizutage universitaire. Si le film peut sembler dur envers l’armée américaine, il dit aussi que c’est un corps qui se juge de l’intérieur, sait faire son autocritique, donc qu’il sait trier ses orgueilleux dangereux de ses héros samaritains. Ça reste donc assez peu subversif in fine, pour le dire poliment.
Publié 6 décembre 2015
dans Rob Reiner
« I’m your number one fan »
7.0 Ces temps-ci je recherche un peu de proximité, de facilité. Les films qu’on a dévoré longuement enfant font l’affaire. Des madeleines que justement je m’étais promis de revoir. Commençons donc par Misery. J’ai l’impression de l’avoir vu des dizaines de fois celui-là, à tel point que James Caan, pour moi, c’était Paul Sheldon et non Sonny Corleone. C’était avant, cela va de soi. Le problème de Misery version Rob Reiner, c’est qu’on ne peut en parler sans en évoquer le matériau de Stephen King, autre madeleine dans son genre. On ne peut en parler car c’est un décalque sans une once d’ambition formelle. J’exagère puisque le film parvient parfois à être saisissant, joue aussi habilement de son crescendo et Kathy Bates campe une Annie Wilkes qu’on rêvait à peine plus cinglée dans le bouquin. J’exagère puisque Reiner invente d’autres scènes, en sectionne plusieurs et est apparemment moins intéressé par le Novril que l’était King. Néanmoins, l’agencement des séquences fortes est attendu, le film fonctionnant sans doute trop par chapitre, le renvoyant inéluctablement vers le livre. Quand Annie s’emporte, le plan nous le fait comprendre : il cadre en contre pongée pour lui donner une dimension maléfique. Quand Paul tente des minis évasions de sa chambre, le montage insère de nombreux plans parallèles d’Annie (partie en ville lui acheter le papier, par exemple) pour que l’on s’adapte aux montées d’angoisses, pour ne pas nous perdre, aussi. Tout le travail nous est mâché. Le coup du pingouin, par exemple, impossible de rater son utilité tant le plan s’endort sur lui. En plus de s’en tenir à un petit programme bien construit, Reiner n’utilise jamais assez l’espace qui lui est offert : Une petite maison au coeur des montagnes du Colorado, ça devrait être dense, immense, indomptable – Kubrick avait compris, lui et en adaptant King qui plus est. Là ne restent que quelques plans morcelés de l’extérieur et une maison pas suffisamment cauchemardesque pour troubler plus qu’elle ne maintient forcément l’effroi. C’est une peur familière. Un film qui ressemble finalement beaucoup à toute cette vague de thriller d’époque agréables mais programmatiques. Pas étonnant que j’en fasse mon ouverture idéale à cette rétro d’easy watching films.