Archives pour la catégorie Robert Eggers

The northman – Robert Eggers – 2022

13. The northman - Robert Eggers - 2022Revenge is coming.

   7.0    Ce Conan le barbare chez les Vikings, mélangeant l’histoire shakespearienne d’Hamlet et la légende scandinave d’Amleth tient sur une intrigue en trois lignes – une simple histoire de vengeance. Et tant mieux, cela permet au film de faire exploser un twist bien senti en son centre, accompagné d’un éclat de rire monstrueux, terrifiant. Le reste impressionnera surtout d’un point de vue physique, à savoir visuel et sonore. C’est un beau film bestial, archi violent, sale. On en sort avec le goût du sang dans la bouche. Et paradoxalement cette grandiloquence sauvage est compensée par une forme propre, cadrée, rythmée. Le film est peut-être trop beau, trop graphique, pas suffisamment sale pour son sujet. Un peu poseur, mais moins que The witch, le premier film d’Eggers qui ne m’avait pas suffisamment convaincu pour aller voir The lighthouse. The northman est plus exaltant surtout. Et visant un public plus large aussi, sans doute. En résulte un truc hybride assez passionnant. Quelques petites choses qui me plaisent moins, comme la représentation graphique de l’arbre généalogique qui est une grosse faute de goût au milieu du reste. Et des images qui me restent comme ce personnage au nez coupé. Ce plan séquence ahurissant de l’arrivée dans le village. On y ressent beaucoup la terre, le froid, la puissance du lieu. Rien d’étonnant d’apprendre qu’Eggers dit s’être inspiré de Requiem pour un massacre et d’Andreï Roublev. Les acteurs sont tous hyper bien choisis. En outre, ça permet à Ethan Hawke d’enfiler un beau costume de personnage éphémère qui aurait tellement bien sied à Sean Bean.

The Witch – Robert Eggers – 2016

13533241_10153761603117106_9040140311053826222_nInto the woods.

   4.5   C’est plastiquement intéressant, quoique trop froid, monochrome et prétentieux, c’est presque Haneke chez les sorcières. Disons que les éléments sont là (Une immense forêt, une ferme paumée, le lit d’un cours d’eau) mais qu’ils ne sont jamais considérés comme des entités avec ou contre le récit, mais systématiquement saisis en tant que papier glacé. Et puis l’on sent dans chaque plan que le cinéaste est persuadé de renouveler le genre, il crée des espaces et des silences pour distordre le tempo attendu mais ça ne débouche sur rien sinon cette impression de pose. C’est ronflant au possible, à l’image de ces violons stridents  du début qui ne provoquent aucun effroi, aucune ouverture mystérieuse. Il y a bien quelques trouées ci et là mais elles s’effacent aussitôt en se désagrégeant dans un ensemble beaucoup trop corseté. Concernant le drame familial, puisqu’il s’agit surtout de cela, je trouve les interactions soit archi prévisibles dans leurs enchainements (Péché/Souffrance/Sorcellerie/Mort) soit vraiment grotesques, misant chaque discordance sur le rapport que chacun entretient avec dieu, les mensonges qu’il se permet, les secrets qu’il engendre. Ça parasite le semblant de climat impalpable qui peut parfois éclore. Et puis cette fin, pourquoi pas après tout, mais au-delà du fait qu’on a envie de crier « Tout ça pour ça ? » la dernière scène arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, notamment dans la rupture de rythme qu’elle impose au film et dans son basculement esthétique. A force d’en entendre des louanges, j’imaginais une révolution. Mouai. Quand tu viens de t’enquiller deux Bava, The Witch c’est dans le balisage. Alors c’est vrai qu’au début le rythme peut surprendre, qu’on a plus l’impression d’être dans une version forestière de La dernière piste, de Kelly Reichardt, qu’autre chose, mais en fait tout fini par entrer dans le rang ; De surprises il y en a peu. Reste l’interprétation qui de manière générale, enfants compris, est bien tenue. Mention spéciale à Ralph Ineson aka le sosie britanique de Bruno Lochet, il dégage une vraie présence, de par sa voix, son allure.


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silencio


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