Publié 5 novembre 2022
dans Robert Wise
West story.
5.5 Un cow-boy solitaire loue ses services à deux spéculateurs qui tentent de déposséder un riche éleveur de ses troupeaux. Ecœuré par leurs méthodes, le cow-boy décide de quitter les deux escrocs et de rejoindre le camp de l’éleveur. Toujours un peu de mal avec le jeu de Mitchum, gêne accentuée quand il est en cow-boy. Mais le film est bien compensé par des personnages féminins emblématiques. Et Robert Wise emballe correctement le tout, sous la pluie, dans la neige, au clair de lune. Et livre un film noir maquillé en western, tout à fait recommandable, bien qu’un peu figé.
Publié 22 janvier 2019
dans Robert Wise
Guerre ou paix ?
6.0 Grand classique du cinéma de la science-fiction, le premier mérite du film est sans nul doute d’arriver en plein début de guerre froide, ambiance menace atomique. Un émissaire extra-terrestre se pose sur Terre afin de prévenir l’humanité du danger qu’elle encoure à fabriquer et se chamailler la bombe atomique, lui conseillant d’opter pour la coexistence pacifique. Il va d’abord se heurter à la paranoïa et à la bêtise des Hommes, puisque les militaires lui tirent dessus ; Avant de se confronter à leur absurdité quand il apprend qu’il ne peut transmettre son message à tous les dirigeants terriens puisqu’une réunion de tous les chefs d’Etats est impossible. Mais c’est en se fondant dans le peuple, en endossant une autre identité, qu’il rencontre une femme et son jeune fils, puis un scientifique de renom, qui lui permettront non sans autre obstacles armés, et l’intervention providentielle du géant robot Gort, de délivrer son message. Le film est efficace quoique assez simpliste, mais visuellement c’est stupéfiant, justement parce qu’il ne joue pas sur de spectaculaires effets. En outre, ce qui m’a séduit c’est la relation entre le christique Klaatu et le petit garçon, Bobby, son premier « vrai » contact avec le monde. Dommage que ça disparaisse vite du récit, j’aurais adoré que le film creuse davantage là-dessus.
Dancers gangs of New York.
6.5 Ravi d’avoir revu cette belle transposition de Roméo et Juliette dans un New York studio qui respire, vibre, suinte la comédie musicale. La réalisation de Robert Wise est grandiose, notamment dans les compositions de groupe, captant les affrontements dansés avec un sens du rythme, du cadre hors du commun ; mais aussi dans l’intime quand le film bascule dans l’expressionisme total, avec des contrastes, des jeux de lumière, de flou vertigineux. Je ne me souvenais plus que c’était si triste. Le final sur ce terrain de basket est tellement sombre, froid, déprimant, inéluctable. Si dans son crescendo tragique le film, comme dans mes souvenirs, me touche en revanche assez peu, c’est d’une part lié à sa volonté d’étaler sa grandeur, sa toute-puissance formelle dans chacun de ses plans, aussi bien du point de vue de l’image que des magnifiques danses (à l’exception de celle, plus approximative de Nathalie Wood qui fait tâche dans le décor faut avouer) au détriment de ses personnages, assez peu charismatiques, pour ne pas dire complètement débiles en ce qui concerne le cas Tony. Bref, c’est un beau film au sens propre : de ceux devant lesquels on reste béat d’admiration sans pour autant qu’ils nous séduisent sur un dérèglement et nous hante, nous emporte, nous chavire. C’est pas Les demoiselles de Rochefort, quoi. Un ami, qui adore West Side Story, me disait récemment que je préfère un élan de liberté à une démonstration des engrenages sociaux, la lumière d’un bain de soleil à un lampadaire qui clignote. Amen.
Publié 25 novembre 2014
dans Robert Wise
Pour elle.
8.5 Robert Wise considérait The set-up comme sa plus belle réussite. Je ne connais pas grand-chose de lui, hormis West Side Story, mais je serais tenté de lui donner raison sans avoir vu le reste de sa filmographie. Ce film noir sous fond de boxe, alléchant sur le papier, est une merveille. Je pense que c’est l’un des plus beaux du genre que j’ai pu voir. The set-up a la particularité imposante de se dérouler dans une temporalité restreinte, pour ne pas dire en temps réel, suivant ce boxeur quittant son nid conjugal pour enfiler les gants, les préparatifs, les matchs qui précèdent le sien dans les coulisses, son match puis sa sortie. C’est tout. Je ne suis pas un grand spécialiste des productions américaines de l’âge d’or mais il faudrait vérifier s’il existe un précédent en terme de parti pris temporel, aussi osé et audacieux. Avant 1949, moi je n’en connais pas, personnellement – Reste à savoir si The rope est sorti avant lui ou non.
C’est un vrai film désenchanté, parcouru par le vieillissement (le boxeur en fin de carrière) et les paris truqués. Une passion vénéneuse qui en parasite une autre. Un savant montage parallèle (et le film en est truffé) montre les errances de Julie, la femme du boxeur, dans la ville, se refusant d’entrer voir son combat, d’une part, puis de son côté les préparatifs de Bill dans les vestiaires. Elle s’inquiète parfois de son sort, lorsqu’elle s’arrête dans un bar pour écouter les commentaires d’un match qui n’est pas le sien, où l’on fait état d’un lynchage absolu, ce qui l’effraie avant d’apprendre qu’il n’y est pas et d’être rassuré. Lui ne cesse de regarder par l’entrebâillement d’une fenêtre des vestiaires où il peut voir si sa chambre d’hôtel est toujours allumée ou non – Julie est censé venir le voir combattre.
Le film présente un milieu tout en spectacle (rendant parfaitement compte de l’énergie hystérique qui se dégage de la salle) et jeux de dupes (où il faut se coucher à tel moment pour faire grimper la côte). Le match de boxe attendu couvre la partie centrale du film, dans un style hyperréaliste et en quasi temps réel pendant seize minutes. Le combat devait se dérouler de telle manière (The set-up) mais Bill « Stoker » Thompson, le boxeur, ne l’entendra pas ainsi et fera le match de sa vie. Et le film qui semblait s’achever dans la peur et le règlement de compte cruel avec la pègre locale, passe par là mais s’achève sur une sorte de happy end archi surprenant rendant finalement grâce au titre français, en apparence complètement nul. C’est un long métrage très court (1h12) avec une telle intensité que j’en suis ressorti lessivé. Bref c’est magnifique.