Archives pour la catégorie Roberto Rossellini

Le navire blanc (La nave bianca) – Roberto Rossellini – 1943

16. Le navire blanc - La nave bianca - Roberto Rossellini - 1943La grande allusion.

   4.0   Sur un navire de guerre italien, engagé dans une bataille marine, un groupe de jeunes marins est affecté à la surveillance des chaudières. Les jeunes recrues sont aussi très occupées par leur correspondance avec leur « marraine de guerre » respective.

     « Ce film a été imaginé et dirigé par le centre cinématographique du Ministère de la marine » Voici ce qu’on peut lire en exergue du générique introductif. Le premier long métrage de Roberto Rossellini n’est donc rien d’autre qu’un film de propagande à la gloire des troupes mussoliniennes. Le film a par ailleurs reçu la Coupe du Parti national fasciste à Venise, ça ne s’invente pas.

     Et pourtant, Le navire blanc est plus intéressant que ce qu’il véhicule au premier abord, tant sa matière documentaire est forte et l’humanisme qu’il recèle surprend : Il s’agit in fine moins de glorifier le combat que de faire le portrait d’individus écrivant des lettres d’amour en observant des photos de famille. D’autant que la forme interpelle aussi : En effet, les scènes à bord du navire-hôpital semblent avoir été captées à la volée.

     Le film serait précurseur du néoréalisme qu’on ne serait pas si loin de la vérité : Rossellini parvient à créer une reconstitution sans que ça fasse reconstitution. Il n’y a pas d’acteurs professionnels, ici. Les marins, les officiers, les infirmières, tous y tiennent leur propre rôle. Dingue de faire un film comme celui-ci, qui pose les bases d’un mouvement avant-gardiste, en tirant son influence chez Renoir ou Eisenstein, mais à la gloire d’une politique que tout oppose.

Europe 51 (Europa ’51) – Roberto Rossellini – 1953

28. Europe 51 - Europa '51 - Roberto Rossellini - 1953Vers la lumière.

   7.5   Quand Allemagne, année zéro se ferme sur le suicide d’un enfant, Europe 51 choisit son exact contrepoint, en s’ouvrant sur icelui. Ou presque : Lors d’une réception mondaine, las que sa mère le laisse de côté pour ses invités, le fils d’un couple bourgeois se jette dans les escaliers. La chute est mauvaise mais pas mortelle, c’est une embolie qui l’emporte, dans la nuit, à l’hôpital. Il faut savoir que Rossellini venait de perdre lui aussi un enfant. En ce sens, Europe 51 est peut-être son film le plus personnel et théorique, tant il est auto thérapeutique et méta filmique.

     En effet, Irène, la maman, campée par Ingrid Bergman (qui était alors la femme de Rossellini, ce qui accentue le trouble) tente peu à peu de sortir de sa tristesse en se tournant vers un ami de la famille, un journaliste communiste, qui va lui faire découvrir une Rome dont elle ne soupçonnait pas l’existence – puisqu’elle était cloitrée dans une vie riche et futile – une Rome pour laquelle elle va bientôt investir la plupart de son temps, se dévouant aux pauvres, sans doute pour que sa déréliction se transforme en passion, sa culpabilité apathique en actes de bienfaisance.

     Quelque part, Rossellini se pose la question de comment enchainer après la trilogie de la guerre, son film sur François d’Assise, la perte de son enfant puis sa rencontre avec la star suédoise. Il me semble qu’Europe 51 est une somme de ces chemins, un film sur l’après-guerre et vers la sainteté, mais aussi un film aléatoire dans sa construction, sa progression dramatique, très moderne dans chacun de ses partis-pris, et d’ailleurs, il annonce un peu de Voyage en Italie. C’est très beau et troublant.

     A travers le récit de la résilience de cette femme, Rossellini dresse le portrait d’une Rome d’après-guerre dévastée et délaissée, filmant aussi bien la précarité que la beauté de ces quartiers les plus défavorisés – à l’image de cette femme aux enfants multiples, joyeuse, vivant dans un taudis – tout en faisant une critique acerbe d’une bourgeoisie qui refuse l’option spirituelle choisie par l’une de ses désertrices, forcément folle à lier, qu’il faudra vite sacrifier dans l’internement. La noirceur du film est infiniment compensée par la lumière de ce magnifique personnage en plein éveil à la conscience et à la sainteté.

Païsa – Roberto Rossellini – 1947

34. Païsa - Roberto Rossellini - 1947Brèves rencontres sur des ruines.

   9.0   Païsa constitue le deuxième segment de la trilogie de la guerre rossellinienne, entre Rome ville ouverte et Allemagne année zéro. Deux films qui se déroulaient dans une ville (Rome ici, Berlin là) tandis que Païsa se déploie à l’échelle de l’Italie toute entière, des plages de la Sicile jusqu’aux rives du Pô, en passant par Naples, Rome, Florence. Sa grande particularité c’est sa construction narrative. Dans la continuité de Rome ville ouverte qui de par ses multiples personnages et situations s’ouvrait dans une dimension sinon chorale, quelque peu éclatée, Païsa sera un recueil de six films (On pourrait même dire six courts-métrages de vingt minutes chacun) ou six chapitres, dans la pure tradition du film à sketchs ; six histoires reliées par la réalité historique (le débarquement des troupes alliés) mais complètement indépendantes une fois appréhendées sous l’angle fictionnel.

     Chaque petit film dans le film est plus beau, plus fort que le précédent. Les six films se ressemblent puisqu’ils abritent chaque fois une rencontre, mais diffèrent complètement dans le genre qu’ils s’approprient, leur tonalité dramatique ou leur construction narrative (le troisième segment utilise même l’ellipse et le flashback). Pourtant, ces six histoires participent d’un même élan et sont assemblées entre elles par une transition off évoquant les progressions alliés (on remonte l’Italie) accompagnées d’images documentaires. On ne peut faire plus néo-réalisme italien que Païsa, de Roberto Rossellini. J’ai trouvé ça immense. Et ça me surprend d’autant plus que c’est un format pour lequel je suis assez hermétique habituellement. Mais là c’est tout le contraire, je veux autant revoir le film en son entier que piocher un chapitre ici ou là. Grosse claque.

Allemagne année zéro (Germania anno zero) – Roberto Rossellini – 1949

32     8.0   C’est immense. Mais purée ce que c’est dur. Le fait de tout voir du point de vue du gosse est la grande idée du film, autant dans sa « première partie familiale » que dans la dernière, mutique, errante. Je m’attendais pas à un truc pareil et pourtant je sais ce que ce film représente dans l’histoire du cinéma dit néoréaliste. Il me faudra le revoir.


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silencio


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