Un amour de jeunesse.
8.5 Il était grand temps que ce film suédois, jusqu’alors inconnu dans l’hexagone, sorte sur nos écrans. Non que l’on ne soit pas gâté par le cinéma suédois, Ingmar Bergman érigeant sur ses seules épaules déjà le cinéma de son pays au rang de sublime, mais parce qu’il est unique en son genre et qu’il traite comme d’aucuns n’avaient su le faire aussi bien, avec un travail très intéressant au niveau de la mise en scène, de l’amour adolescent, débarrassé des débâcles adultes, au point de nous faire regretter nos quinze ans. On y croit tout le temps. C’est sans cesse magnifique et très joliment filmé. Roy Andersson fait passer les sentiments par les regards (qui plus est d’une intensité rare de la part de ces deux jeunes acteurs), par les silences, leur relation étant pour ainsi dire dénuée de mots. Comme c’est le cas à quinze ans ! On n’ose s’approcher. On se parle très peu. Qu’en est-il de la sexualité ? Quelle démarche adopter pour séduire l’autre ? Les visages sont cinglants de beauté pure, candeur et spontanéité. Les yeux scrutent l’horizon en espérant y trouver un regard réciproque. Et pas question pour Andersson de s’affranchir du reste en ne montrant qu’un flirt. Il enrobe son histoire d’amour socialement en montrant un quotidien parental déprimant, soucieux de tout, dans un environnement coincé financièrement. Il évoque aussi certaines mœurs suédoises de la classe profonde. Sans pour autant laisser l’humour de côté, qui se révèle très froid, très spécial !Peut-être Andersson est-il nostalgique de ses quinze ans ? L’âge de l’insouciance. Le plus bel amour que l’on puisse vivre, le plus percutant, marquant car le plus naïf qui puisse exister.