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Miel (Bal) – Semih Kaplanoglu – 2010

Miel (Bal) - Semih Kaplanoglu - 2010 dans Semih Kaplanoglu

L’esprit de la ruche.

     5.5   Avant la séance le projectionniste m’a défendu d’aller voir le dernier Lelouch en appuyant ses arguments sur l’affiche, qu’il jugeait très représentative du film. Je n’étais pas spécialement motivé de toute façon, ce sera selon le temps et les films qui me restent à voir. Je prenais alors une place pour Miel, ce film turc auréolé d’un ours d’or à Berlin, qui lui séduisait autant par son affiche que par son titre. Le projectionniste me dit que c’est un film très beau, très contemplatif, que ça devrait donc me plaire. Raté ! Enfin, raté, c’est un grand mot. C’est justement parce que je le trouve trop propre, trop joli, hyper cadré, très calculé en fin de compte qu’il ne m’embarque pas. Je ne sais pas si c’est un film poseur, mais j’ai le sentiment d’un cinéaste qui fait du plan plutôt qu’il ne raconte. Sa caméra est posée ici, puis là, parfois à bon escient – derrière un feuillage alors que le jeune garçon s’en approche, comme pour voir ce qu’il va voir avant qu’il ne le voit – parfois inutilement – les multiples plans à travers le bocal, comme pour insister sur l’effet Graal aux yeux du petit garçon, ou encore ce plan sur le doigt qui se lève et tout le flou autour. C’est un film qui ne vit pas vraiment, tout m’apparaît tellement cadenassé que je vois le travail et non le fruit de ce travail. Il y a deux séquences néanmoins réussies, au point d’entrer dans mes séquences préférées de l’année, au point d’améliorer considérablement le film à mes yeux, pendant la projection comme maintenant, car j’y pense beaucoup. C’est la scène de la recherche sur cette colline, qui sort complètement de ces plans très cadrés, c’est une scène qui prouve que le cinéaste filme incroyablement bien le groupe et quand sa caméra se fait plus mobile, insuffle de la vie à tout ça et une dramaturgie forte. C’est la scène du sceau d’eau où la lune s’y reflète, parce qu’à cet instant je vois un garçon qui découvre les choses de l’univers – ce que tend à être le film en son entier, mais de façon maladroite – et c’est une scène obscure avec comme seule lumière ce petit cercle lunaire que le garçon tente d’attraper, avant de le laisser se reformer lentement dans son reflet. Je suis déçu car j’attendais énormément de ce film. Déception relative évidemment, ne serait-ce que concernant le travail sonore, que j’ai trouvé magnifique, le temps que prend le cinéaste pour apprivoiser cet enfant et le drame qui se dessine autour de lui. Il m’a manqué quelque chose. Ce que j’ai dit précédemment mais aussi la surprise. Tsaï Ming-Liang qui travaille lui aussi beaucoup sur du plan fixe narratif arrive à faire vivre ses plans, en les étirant un maximum ou alors en allant y débusquer des envolées incroyables. Ce n’est pas l’effet que ça me fait ici, ou alors très rarement. J’aurais cependant très bien pu citer la fin du film dans les séquences réussies, car elle est vraiment magnifique.


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silencio


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