Archives pour la catégorie Séries

Somebody somewhere – S1 – HBO – 2022

02. Somebody somewhere - S1 - HBO - 2022L’autre Amérique.

   6.0   Il n’y a pas que de grosses cylindrées chez HBO, il y a aussi ces petits programmes dont fait partie Somebody somewhere et cette première saison de sept épisodes de trente minutes.

     L’histoire de Sam, quadra en pleine crise existentielle, originaire d’une petite ville du Kansas, qui est revenu près de sa famille, pour le décès de sa sœur. Asociale, incapable d’identifier ce qu’elle aime, elle se réfugie principalement sur son canapé, avec ses bières et ses chips.

     On y suit ses relations avec ses parents (dont une mère alcoolique) et son autre sœur. En parallèle, elle cherche du boulot, revoit d’anciens camarades et avec l’un d’eux, Joel, tout aussi lunaire, intègre une communauté religieuse et des soirées queers.

     Écrit par les frères Duplass (qui avaient déjà œuvré sur la très belle série Togetherness) Somebody somewhere est une jolie peinture de personnages, d’une famille, d’un village, portée par Bridget Everett, qui vient du stand-up et qui est absolument formidable.

Parlement – S1 – FranceTV – 2020

04. Parlement - S1 - FranceTV - 2020Amendements & récréation.

   6.0   C’est une sorte de croisement, dans le ton, entre The Office et Parks & Recreation, la forme en moins (les personnages ne s’adressent pas à la caméra déjà) et à la française. Un peu comme si Au service de la France rencontrait Caméra Café : je schématise, c’est vraiment moins bien que la première et plus intéressant que la seconde. Mais on navigue quelque part entre la parodie et la sitcom. Avec l’originalité, peu vendeuse à priori, de se dérouler dans les arcanes du Parlement européen. Avec une super idée c’est que la série assume pleinement son multilinguisme.

     La série suit les débuts d’un assistant parlementaire débutant à Bruxelles, juste après le référendum du Brexit. Il se retrouve à devoir gérer un amendement (ici la lutte contre le shark finning), des négociations en tout genre et des relations avec un entourage démocratique haut en couleurs et donc un tas de personnages iconiques, à l’image du parlementaire incompétent, incarné par Philippe Duquesne : son meilleur rôle.

     Xavier Lacaille, que j’avais découvert cette année dans Bis repetita, d’Emilie Noblet est parfait pour le rôle. Mais c’est peut-être bien Liz Kingsman qui s’en sort le mieux, elle incarne ici une assistante parlementaire britannique pro-brexit et sert de caution à la romcom naissante, mais pas uniquement : c’est un personnage plus ambigu et impalpable, et l’actrice est formidable. Je regarderai volontiers la saison 2.

This is us – S4 – NBC – 2022

03. This is us - S4 - NBC - 2022Eux c’est nous.

   9.0   Il y a toujours des idées de mise en scène dans This is us. Souvent il s’agit d’échos temporels sur lesquels la série joue si bien, parfois ce sont des détails comme lorsque Randall, ici, consulte enfin un psy, se confie puis se braque, fulminant contre un tableau angoissant, une machine à café récalcitrante, avant de revenir in-extremis, quand il comprend qu’il a autant besoin de cette thérapie pour lui que pour le bien de Beth, sa femme.

     Lors de sa première séance, le plan cadre systématiquement Randall, jamais la thérapeute, dont on entend la voix, mais qui reste hors champ ou seulement en amorce. C’est seulement lorsqu’il revient, décidé à s’engager dans cette thérapie, en somme, que le visage de son interlocutrice apparaît. Voilà, c’est pas grand-chose, c’est qu’un détail, mais ça fait partie des nombreuses idées qui jalonnent cette formidable série, d’une élégance exemplaire et d’une force inouïe.

     Il me semblait avoir entendu dire que la saison 4 était en-dessous, que la série s’essoufflait, tournait en rond. Je pense tout le contraire : elle s’étoffe encore, sans pour autant s’éparpiller. Chaque épisode est une déflagration. Jamais autant pleuré que devant This is us, je me répète je sais, mais c’est à un tel point qu’il m’est impossible d’enchaîner deux épisodes, tant chaque salve me laisse systématiquement sur le carreau.

     La saison culmine dans un quadruple épisode (aux deux-tiers) centré sur les trois frangins en crise durant la même temporalité (qu’on peut renommer le sad three) avant d’enchaîner un épisode de réunion dans leur chalet familial, où se côtoient les souvenirs, l’amour, la maladie, la mort, autour notamment d’une capsule temporelle enterrée. C’est un sommet d’écriture et de construction dramatique, c’est déchirant et merveilleux.

The Bear – S2- FX Productions – 2023

01. The Bear - S2- FX Productions - 2023Se réinventer.

   8.5   Je n’ai pas vu beaucoup de séries ces derniers mois, la faute en partie à The Bear, S2, car c’est simple je ne voulais pas voir autre chose. La troisième salve débarque en juin, je suis comme un clébard.

     Carmen Berzatto a retrouvé Chicago et relancé la sandwicherie familiale que lui a plus ou moins légué son frangin avant de se suicider. Il est évidemment le personnage phare, mais la série continue de creuser ceux qui gravitent autour de lui.

     À ce titre, la saison surprend en permanence, n’hésitant pas à s’aventurer ici auprès de Marcus, dans un épisode centré sur son séjour en formation à Copenhague ou là auprès de Richie en formation dans un restaurant gastronomique.

     Car c’est aussi le quotidien de cette saison : l’anticipation de réouverture du prochain restaurant, avec ses salariés au chômage technique, les soucis budgétaires, les problèmes avec le proprio, l’enfer comptable, le chantier qui s’éternise, la nouvelle carte à préparer. C’est très précis, très concret.

     C’est une grande saison méta, qui a l’audace de s’ériger contre la première : Il s’agit de tout casser pour ton reconstruire. Dans la forme comme dans le fond. The Beef a fermé, The Bear va ouvrir, après d’importants travaux. C’est donc un nouveau restaurant qui sera en construction, durant l’intégralité de cette saison. Comme lui (le restaurant) c’est une série en chantier, en évolution permanente.

     Il y a un épisode fou, au mitan, qui dure une heure, centré sur un repas de Noël en famille ayant eu lieu cinq ans plus tôt. Épisode Cassavetien quasi insoutenable au sein duquel brillent notamment Jamie Lee Curtis et Bon Odenkirk.

     Je n’en dis pas plus (et pourtant il faudrait évoquer ce dernier épisode dantesque…) mais je suis pas loin de penser que c’est un chef d’œuvre absolu.

Tapie – Netflix – 2023

13. Tapie - Netflix - 2023Tapi dans la lumière.

   8.0   Lors d’un télé crochet qu’il partage avec Polnareff, Tapie, alors aspirant chanteur, est Tapy car ça fait plus américain. Tout le personnage se résume à ce changement de nom, de lettre. Avec Tapie, tout fonctionne sur de l’esbrouffe. C’est un magouilleur de génie. Mais aussi un personnage en contresens, un capitaliste de gauche, un patron qui se revendique prolo. Rien ne sera montré de son enfance. Rien non plus d’après son incarcération. Tout ce qu’on aura se situera dans cet entre-deux fou et passionnant.

     Tristan Séguéla, qui était à la barre de comédies somme toute sympathiques, Docteur ? (avec Michel Blanc) et Un homme heureux (avec Fabrice Luchini) n’était à priori pas le choix le plus évident pour être aux manettes d’une mini-série centrée sur la figure Bernard Tapie. Lui qui est aussi le fils de Jacques, le publicitaire et ami de Tapie, disons que tous les voyants étaient au rouge. Il faut ceci dit mentionner qu’Olivier Demangel co-écrit le projet, lui qui contribua par exemple à Baron noir). En résulte un produit inattendu, hybride, absolument passionnant.

     Quelle superbe surprise ! J’ai trouvé ça formidable de A à Z, sept épisodes durant, et peut-être même davantage au fil des épisodes, la série culminant dans cette demi-heure d’entretien / confrontation entre Tapie & le juge de Montgolfier, d’une puissance inédite. Mais le reste est tout aussi génial et bien que très linéaire dans sa construction, chaque épisode semble raconter une autre facette de Tapie, le jeune arriviste, le délire autour de Cœur assistance, la reprise de Wonder, le ministre, l’OM. La série se concentre là-dessus, rien avant, ni après. Elle fait le choix de ce créneau-là qui est à l’image du reste, un geste fort, incarné évidemment par un Lafitte incroyable, le rôle de sa vie.

Panda – TF1 – 2023

12. Panda - TF1 - 2023Trou detective.

   3.0   Au fil des (six) épisodes je me suis demandé pourquoi je matais ce machin sans intérêt. Peut-être car j’aime bien Julien Doré, au fond, enfin je l’aimais bien dans la série Dix pour cent. Très probablement parce que je voulais revoir Ophélia Kolb, qui illuminait le très beau Amanda, de Mikael Hers (Comme un symbole elle est insupportable, ici, elle ne fait que gueuler). Je vois pas d’autres raisons en fait. Tout est lisse, terriblement lisse, à sa place (sur TF1), tout est nul. Rien que le personnage de l’autre flic décalé (classique side kick du genre) c’est raté, ça ne débouche sur rien, c’est répétitif d’un épisode à l’autre, les mêmes vannes, les mêmes grimaces. Et puis ce petit côté « on fait notre série woke nous aussi » (son flic, dit Panda, est végan, bouddhiste, pacifiste, etc…) c’est insupportable. Si encore la série suivait une enquête, mais même pas, c’est un nouvel antagoniste d’un épisode à l’autre, bâclé comme jamais. A noter que le réalisateur de ces épisodes réalise aussi des épisodes de Joséphine ange gardien. Cqfd. On sauvera les lieux, à savoir la Camargue, avec indulgence.

Alphonse – Prime Video – 2023

??????????????La vaine époque.

   0.0   L’un des trucs les plus nuls, vulgaires, à gerber, vus depuis longtemps. Je suis allé au bout pour pouvoir dire que c’est de la GROSSE MERDE. Digne de Nicolas Bedos. Une définition de l’enfer. C’est tout pour moi.

Nona et ses filles – Arte – 2021

21. Nona et ses filles - Arte - 2021Mère et filles.

   7.0   Le visionnage de L’amour et les forêts m’a rappelé que je devais revenir sur cette mini-série – en neuf épisodes d’une trentaine de minutes : c’est très court – signée Valérie Donzelli, découverte lors de son passage télé sur Arte il y a pile deux ans.

     Tandis qu’elle est mère de triplées quadras qu’elle a élevée toute seule et alors que, du haut de ses soixante-dix ans, elle milite toujours activement au planning familial, Nona tombe enceinte. Si l’on accepte cette aberration, c’est gagné.

     Enfin presque : Evidemment le pitch est alambiqué. Beaucoup trop fabriqué. Mais partons de ce que Donzelli clame elle-même : « La maternité est un peu surnaturelle ». C’est une affaire de séisme, au sein d’une famille, ici au sein d’une relation de frangines.

     Il y a George, l’étudiante éternelle toujours chez maman ; Gaby, la sexologue essayiste célibataire ; Manu, la mère au foyer de cinq enfants. J’adore cette idée des trois prénoms mixtes. Leur alchimie sororale est le cœur battant : Virginie Ledoyen, Clothilde Hesmes et Valérie Donzelli elle-même – chacune avec leur caractère propre – apportent une fraicheur au fil des épisodes, d’une grande cohérence dans le portrait de ces trois sœurs.

     Si c’est une vraie série de femmes (où brille Miou-Miou, évidemment) les hommes n’y sont pourtant pas exclus, tant les rôles donnés à Michel Vuillermoz, Antoine Reinartz ou Barnaby Metschurat (Le sage-femme) sont très beaux aussi.

     Bien sûr la série s’ouvre de façon complètement improbable. Bien sûr on retrouve toute la fantaisie habituelle de Donzelli (et parfois des tics de mise en scène dont on peut se passer) qui se poursuit sur une tonalité tour à tour grave et légère. C’est sa marque de fabrique. Il me semble qu’elle y trouve le juste équilibre ici – bien qu’il ne faille pas lâcher : on peut rester sceptique durant les premiers épisodes – qui lui faisait défaut depuis dix ans.

     La série monte en puissance pour atteindre une déchirante conclusion. Probablement ce que Donzelli a fait de mieux depuis La guerre est déclarée (c’est pas difficile, c’est vrai). Et une série que je pourrais agréablement revoir dès maintenant, je me rends compte.

Sambre – France 2 – 2023

11. Sambre - France 2 - 2023L’impossible vérité.

   8.0   Six épisodes puissants, d’une grande cohérence, plastique et dramaturgique, entièrement réalisés par Jean-Xavier de Lestrade, à qui l’on devait aussi sur France 2 récemment l’excellente série Laetitia, qui arpentait également un fait divers sordide.

     Ce qui m’impressionne en premier lieu c’est l’angle choisi pour aborder cette affaire. Par personnages, un peu comme dans le Esterno notte, de Bellocchio. Et surtout par dates, puisque l’affaire se déroule sur trente ans. Trente-quatre si l’on part du premier viol jusqu’au procès.

     Les quatre premiers épisodes sont inouïs, une superbe variation sur l’impossibilité d’établir la vérité, quelque-soit le terrain arpenté : une victime, une juge, une maire, une scientifique. Que des femmes, tiens. Je crois pas que ce soit un hasard. Comme si au même titre que les nombreuses victimes du violeur de la Sambre, les femmes n’étaient pas écoutées, considérées.

     Quatre épisodes où chaque fois il faut repartir de zéro. Où l’on comprend que l’enquête a été abandonné. Il faut attendre l’arrivée du commandant de police pour que ça bouge, qu’il soit celui qui débloque l’affaire en 2012 avant de participer à son arrestation six ans plus tard. La juge, la maire, la scientifique auront un épisode puis disparaîtront des radars. Je trouve ça hyper radical et réaliste.

     Autre élément qui m’a semblé percutant aussi : la série fait mine de suivre un policier, jeune recrue au début, vieux briscard à la fin. Il est en quelque sorte notre boussole puisqu’il apparaît dans chaque épisode. Or c’est un personnage assez antipathique, sur lequel on fonde des espoirs avant de comprendre qu’il devient le même flic que les autres, davantage préoccupé par sa machine à café que par les dépôts de plaintes. La scène de l’Adn je l’aurais baffé ce fdp.

     Mais ce n’est pas tout, l’autre personnage qui revient dans chaque épisode c’est la première victime. Victime qui n’en est pas une puisqu’elle refuse de l’être, qui lui faudra trente ans pour sortir de son déni. On imagine donc sans mal à l’aune de cette trajectoire qu’il pourrait y avoir bien plus que 57 accusations au procès si l’on prend en compte celles qui préfèrent se taire. Bref j’arrête là, je vous conseille de voir ça illico. C’est dur mais indispensable.

Sex education – Netflix – S4 – 2023

10. Sex education - Netflix - S4 - 2023Utopie d’un adieu.

   7.0   Est-ce dû au changement de lycée (on quitte Moordale pour Cavendish), au départ de Maeve pour New York ou aux évaporations d’Ola, Lily, Jakob et Rahim, mais on a perdu quelque chose en route dans cette ultime saison, qui semble moins équilibrée, plus chaotique et dévouée à l’aspect inventaire woke qui la guette parfois ? Priorité ici à la transsexualité, l’asexualité, la pansexualité de façon un peu trop compulsive, reliées cela dit à ce nouveau lieu, lycée nettement plus progressiste et inclusif, aux airs de vivier lgbt utopique, au sein duquel Otis souhaite reprendre ses séances thérapeutiques mais se voit confronté à O, une fille qui en prodigue déjà.

     Cette partie-là se perd un peu en rebondissements sans saveur car l’intérêt je crois est ailleurs. Notamment dans la dépression post partum de Jean, qui reçoit l’aide de sa sœur, aussi détruite que perchée. Dans l’introspection de Cal, qui accepte non sans douleur son identité sexuelle. Dans celle d’Adam, qui renoue avec son père ainsi qu’avec lui-même. Dans celle d’Eric, qui souhaite réconcilier homosexualité et catholicisme. Dans celle de Jackson en pleine crise identitaire. Dans celle de Viv qui tombe bientôt amoureuse d’un pervers narcissique. Et j’en passe.

     On ne pourra pas reprocher à la série de ne pas s’intéresser à ses personnages et de les développer. Il y a sans doute beaucoup trop dans cette saison quatre, qui sera la dernière, et qui ressemble à un fourre-tout au sein duquel se mélangeraient des storylines de plusieurs saisons au préalable. Je me trompe peut-être mais j’ai eu cette impression tout du long, d’arcs narratifs mal déployés, car trop condensés. J’ai aussi été surpris d’avoir perdu ma passion pour le couple Maeve & Otis. Je ne voulais plus les voir ensemble. Quelque chose s’est cassé quand elle a décidé de partir. La voir revenir à mi-saison (pour une bonne raison, certes) m’a ennuyé.

     J’ai in fine davantage vibré pour celle qui jusqu’ici me faisait le moins vibré, celle que j’ai même détesté jadis, à savoir Ruby, personnage de la saison haut la main, pour moi, bouleversant. Et je me dis que j’aurais adoré les quatre saisons de Sex education aussi pour cette raison non négligeable : cette kyrielle de personnages magnifiques, qu’on adore, mais pas toujours au même moment durant ces quatre ans. J’ai eu beaucoup d’émotions à leur dire au revoir à tous.

12345...24

Catégories

Archives

décembre 2024
L Ma Me J V S D
« nov    
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
3031  

Auteur:

silencio


shaolin13 |
Silyvor Movie |
PHILIPPE PINSON - ... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Playboy Communiste
| STREAMINGRATOX
| lemysteredelamaisonblanche