Archives pour la catégorie Séries



Polar park – Arte – 2023

09. Polar park - Arte - 2023L’ombre de Mouthe.

   6.0   Je n’avais plus de nouvelles de Gérald Hustache-Mathieu depuis Poupoupidou (2011) et c’est chose faite avec Polar Park, (mini)série qu’il crée et réalise entièrement. On y retrouve son univers franc-comtois, son ton, légèrement absurde, quelque part entre Lynch, Fargo et le roman de gare. On y retrouve surtout le lieu : Mouthe, fameux village le plus froid de France. On y retrouve aussi Jean-Paul Rouve (ainsi que Guillaume Gouix et Olivier Rabourdin). Ce n’est pas une suite, disons plutôt un reboot. L’occasion de brosser un thriller jurassien décalé, qui trouve le juste équilibre entre son sens de l’enquête, des rebondissements alambiqués et son appétit loufoque. C’est plein de références, c’est drôle, c’est ludique, c’est beau visuellement (ce décorum enneigé, magnifique).

Salade grecque – Prime Video – 2023

08. Salade grecque - Prime Video - 2023Chacun cherche son chakra.

   5.0   Tandis qu’il visite la coloc de sa frangine à Athènes, Tom, le personnage principal lâche « c’est l’auberge espagnole, ici » ce à quoi elle répond « mais pas du tout ». Je pense que c’est Klapisch qui répond déjà à ses détracteurs. Mais sans argument, à l’image de sa série, sans intérêt, d’une médiocrité abyssale, la plupart du temps.

     On sentait qu’il y avait de l’amour pour ce qu’il filmait dans ses deux premiers films (déjà moins dans Casse-tête chinois) mais là on sent qu’il est « beaucoup trop vieux pour ces conneries » Tonton Cédric. Un truc édifiant : Ici, Tom a souvent des hallucinations qui le guident, d’un épisode à l’autre, il voit Socrate puis Plutarque, Epicure et enfin Aristote comme son père voyait Erasme. Au secours.

     Et il y a le fond : Le sujet central c’est moins la vie bohème de chacun et la cohabitation entre les différentes nationalités que la vente de cet immeuble, dont frère et sœur ont hérité de leur grand-père. On voit bien les intérêts nouveaux de Klapisch. On retrouve ce qui faisait le sel de Ce qui nous lie. C’est vraiment la version « gauche qui s’excuse » des Petits mouchoirs, le cinéma de Klapisch aujourd’hui.

     Et pourtant je n’arrive pas à détester l’ensemble de ces huit épisodes. D’une part car il y a un capital nostalgie évident : De la première heure on retrouve évidemment Xavier et Wendy (les parents de Mia & Tom) mais aussi Isa, Tobias et William. J’ai tellement aimé ces personnages il y a vingt ans.

     Mais in fine, je crois surtout que je me suis vite attaché à certains petits nouveaux : Zohan, Reem, Pippo, Noam. Je suis tombé amoureux fou de Giulia (magnifique Fotini Peluso) un rayon de soleil, qui rappelle un peu Soledad, dans L’auberge espagnole. La vertu d’une série ce sont ses personnages. Ils ne sont pas tous réussis ici mais on prend plaisir à les suivre. Je pense que c’est ce que Klapisch fait de mieux : créer des groupes de personnages. Et il y a au moins la découverte d’une actrice épatante, dont le personnage en prend un peu trop plein la gueule dans le récit (c’est très douteux…) mais qui est formidable, émouvante : Megan Northam aka Mia. Qui rachète allègrement celui qui incarne le frangin, Aliosha Schneider, un peu limité, pour être poli.

     La série a beau brasser (de façon artificielle) l’ère du temps, en intégrant une dimension woke, féministe, lgbt, metoo, etc.. en évoquant aussi le Covid, la guerre en Ukraine, les migrants, ça reste un produit purement klapischien donc très autocentré. Vers la fin, après de grandes révélations familiales brulantes, les « anciens » se fument un joint et sont très vite défoncés, rappelant un peu leurs soirées barcelonaises. Mais surtout, on voit que Xavier (Romain Duris) a vendu pour une adaptation ce qu’il avait écrit dans L’auberge espagnole, qui était ni plus ni moins que ce qu’on voyait. Et bien là, Xavier assiste aux premières images du film et il se trouve que ce sont celles du film L’auberge espagnole. Une façon pour Klapisch de dire qu’il ne changerait sans doute rien de ce film, qu’il ferait les mêmes images vingt ans après. C’est peut-être prétentieux, suffisant, j’ai trouvé ça pour ma part plutôt touchant et honnête. Probablement car j’ai toujours pensé que c’était ce qu’il avait fait de mieux.

En place – Netflix – 2023

06. En place - Netflix - 2023Tout simplement bof.

   4.0   Le premier épisode donne la sensation de plonger dans un prolongement du très bon Tout simplement noir. Une version course à l’Elysée, puisque Stéphane (Jean Pascal Zadi) au préalable simple animateur de quartier se retrouve candidat présidentiel à la suite d’une vanne envoyée en direct au candidat gauchiste et maire de sa ville.

Quelques trucs m’ont fait marrer – grâce en grande partie à Zadi, sa gueule, sa diction je l’adore – notamment durant le premier épisode justement. Ou bien vers la fin en partie grâce à deux autres personnages : l’écoféministe incarnée par Marina Fois et le raciste notoire joué par Pierre Emmanuel Barré (On le voit beaucoup trop peu, c’est dommage).

Malheureusement, la série, pourtant très courte (6 x 30min) s’essouffle vite. Tout paraît bâclé, tombe à plat. Le rôle d’Eric Judor est un peu raté, aussi, on comprend pas bien son personnage. Benoit Poelvoorde est très décevant également. C’est surtout très sage, en fin de compte.

Un fou rire néanmoins, durant l’épisode 5, je crois : lorsqu’on voit la vidéo de campagne de la candidate écolo : Marina Fois se baladant en vélo dans son village et lâchant en croisant un habitant : « Eh dis-donc, ma Vhs du Sacrifice de Tarkovski, elle s’appelle revient… je suis maire, pas médiathèque » ça m’a fait la journée.

Je te promets – TF1 – S3 – 2023

05. Je te promets - TF1 - S3 - 2023Pâle copie.

   3.0   Je voulais tenter l’expérience de regarder la saison 3 de Je te promets tout en découvrant celle de This is us. C’était très intéressant. Surtout très embarrassant pour l’une d’entre elles. Ce qui embarrasse ici, plus encore que pour les saisons précédentes – à moins que le fait de les regarder en même temps change la donne ? – c’est de constater combien tout ce qui fonctionne assez bien dans Je te promets est ce qui constitue un absolu copié collé de This is us. Jusque dans des plans, des dialogues, des grimaces… la lumière en moins (la française est tellement terne là-dessus, on ne ressent jamais les lieux car il n’y en a pas, tout respire le studio, partout) et l’interprétation en deçà (je vais pas m’attarder sur ce point, je trouve les acteurs plutôt investis ici aussi, pas tous et pas de façon canalisée, c’est tout).

     Lorsque Je te promets se permet des incartades vis à vis du matériau original c’est pour produire du fan service TF1 : L’épisode 5 autour des auditions à l’aveugle de The Voice, l’épisode 7 qui nous plonge dans les battles, au secours. Pire placement produit ever. C’est quoi le caprice suivant ? Michael Gallo jouant aux côtes de Jean Luc Reichman dans Leo Mattei ? Tanguy rejoignant le casting de Danse avec les stars ? Rose dans Qui veut gagner des millions ? Je veux bien qu’il faille réadapter à notre sauce franchouillarde, mais faites-le pour faire un truc intéressant, original, personnel (et pas calibré uniquement pour le spectateur de TF1), émouvant. On demande pas d’atteindre la puissance d’écriture et d’incarnation de This is us, mais qu’il y ait un minimum d’investissement, d’amour pour ce qui est (re)fait.

     Car si y a bien quelque chose de difficile à atteindre c’est de faire aussi émouvant que la troisième saison de This is us : Véritable torrent émotionnel qui emporte tout, jusque dans cet accident au Vietnam, cette rencontre dans une caravane, cette confession dans une chambre d’ado, cette salle d’attente d’hôpital. Je te promets ne retient rien de ça ou le peu, les bâcle. Tant mieux, autant se réinventer. Mais bon… Il me restera toutefois deux belles idées, seulement, que Je te promets aura trouvé toute seule : Un, la chanson de Barbara Pravi pour la nièce. Deux, tout l’arc narratif autour du Petit Prince. C’est pas grand-chose, mais c’est déjà quelque chose, et c’est plutôt très réussi.

     Oui mais voilà, il y a un truc qui ne trompe pas sur l’ambition de cette série : Cette saison ne comporte que 8 épisodes, contre 12 chacune des deux précédentes. Pas étonnant puisque j’ai appris que la série avait été annulée. Ils bâclent tout car le cœur n’y est pas. On se fiche de tout. Le montage est par ailleurs trop abrupt, bordélique, on navigue d’époque en époque sans transition, sans échos. Je suis un peu déçu, je ne pourrai plus la comparer avec This is us. J’aimais bien l’idée de continuer de suivre en parallèle l’originale NBC et sa copie TF1. Tant pis.

This is us – NBC – S3 – 2019

04. This is us - NBC - S3 - 2019Go ahead.

   9.0   L’arc narratif tournait au préalable autour de la mort du père : C’était un déni généralisé dans la première saison, l’acceptation dans la seconde. C’était très beau. Parfois un peu exagéré dans ce petit côté très affecté ou ce suspense permanent, mais sans cesse compensé par une force mélodramatique inédite, une galerie de personnages passionnants, une écriture au cordeau.

     S’il s’agit de tourner encore autour de cette disparition, la troisième saison sera celle de renaissances, et d’ouverture. Il sera par exemple moins question, dans le passé, de Jack que de son frère, (supposé) mort au Vietnam. La série investit donc aussi ces années-là et continue de faire chevaucher les temporalités avec la limpidité qui la caractérise. Et travaille les redéploiements de Kate, Randall & Kevin. Sur une année entière, grosso modo.

     Kate est plongée dans sa grossesse puis son accouchement, aux côtés de Toby, évidemment (qu’ils sont beaux tous les deux) : la scène de la couveuse, je m’en suis pas remis. Randall se lance dans une autre aventure en tant que conseiller municipal. Quant à Kevin, il se projette avec Zoé et devra bientôt refaire face à ses addictions. La plus belle chose à voir se trouve du côté de Randall & Beth, qui traversent une crise de couple insoluble si chacun souhaite s’épanouir dans sa nouvelle vie professionnelle, la politique pour l’un, la danse pour l’autre.

     Pas certain d’avoir été si ému, constamment, par une série télé que par This is us, franchement. Et notamment par cette troisième magnifique salve. C’est simple, je termine chaque épisode en miettes. Cette saison est plus belle que la précédente, plus homogène, cohérente, renouant ainsi avec l’excellence miraculeuse de la première.

The last of us – HBO – 2023

03. The last of us - HBO - 2023La dernière piste.

   8.0   The last of us, version série, n’augurait que du bon : Une production HBO (On va pas revenir là-dessus mais c’est régulièrement gage de qualité), à la barre Craig Mazin le showrunner de Chernobyl, accompagné du scénariste Neil Druckman, qui est aussi celui du jeu vidéo que la série adapte ; deux acteurs principaux croisés (et déjà parfaits) dans Game of thrones ; Une musique confiée à Gustavo Santaollala, qui rappellera un autre beau fait d’armes HBO : Deadwood. Mieux vaut partir avec ça qu’avec rien.

     Alors est-ce une adaptation réussie ? Je n’en sais rien, je n’ai jamais joué aux jeux. Et tout dépend ce qu’on en attend, j’imagine. De mon côté, voilà bien longtemps que je n’avais pas suivi assidûment une série au jour le jour (de sa diffusion). J’ai peut-être bien quelques réserves mais globalement c’est un franc oui. C’est une nouvelle relecture postapocalyptique parmi les plus stimulantes et prometteuses que j’ai pu voir, dans la lignée des Fils de l’homme – auquel on pense pas mal – je dirais.

     Déjà c’est une passionnante variation sur l’impossibilité d’évoluer collectivement, de faire des rencontres, de nouer des liens. Dans The last of us, mieux vaut ne pas trop s’attacher aux personnages secondaires. Je pense que c’est ce qui m’a le plus marqué au cours de ces neuf épisodes, qui sont comme des boucles fermées ornées de personnages éphémères, qui disparaissent aussi vite qu’ils ont fait leur apparition. C’est très troublant.

     Et c’est aussi une belle variation sur l’impossibilité de faire son deuil et sur la difficulté à tenir à la vie. Joel est en sursis depuis vingt ans. On apprendra même qu’il s’est jadis loupé. Ellie n’est rattachée à rien. Et si au fond, elle savait ce que lui réservaient les Lucioles ? Pourtant tous deux s’accrochent. Ensemble. S’accrocher à quelqu’un, c’est tout ce qui reste, dans The last of us. La relation entre Ellie & Joel, entre Bella Ramsey & Pedro Pascal, restera la plus belle chose de cette saison. Leur complicité naissante, mais plutôt silencieuse, fonctionne à merveille.

     Deux éléments impressionnent aussi. Tout d’abord la série est très brutale : le premier épisode est d’une cruauté inouïe. Ce d’autant plus que ce sont les enfants qui sont le cœur du récit. Il y a d’abord Sarah, la fille de Joel. Il y aura aussi ce petit garçon qui semble débarquer d’entre les morts et dont on comprendra, étant donné qu’il est infecté, qu’il va passer par la case abattoir. Et il y aura Ellie, autour de qui tous les espoirs reposent, mais qui est plus une ado rebelle et désespérée, qu’animée d’une pulsion héroïque.

     Ensuite, autre tour de force, la série effectue des pas de côté impressionnants a l’image de celui de l’épisode 3, bien entendu, histoire d’amour envers et contre tout, magnifique, entre deux personnages qu’on ne reverra pas. Tout en fouillant parfois entièrement une strate du passé : l’épisode 7, autre histoire d’amour, qui permet d’en apprendre davantage sur Ellie cette fois. Et toujours dans une dynamique d’épisodes exploitant un genre différent : la romance, le survival, le western. Car c’est aussi un voyage vers l’ouest. Et des lieux chaque fois nouveaux : Austin, Boston, Kansas city, le Wyoming, Salt lake city. C’est une belle traversée rurale et urbaine des États-Unis. Une terre désolée faite de ruines à détruire et de terre à reconquérir.

     Deux éléments qui m’ont beaucoup marqué et sur lesquels je reviens rapidement :

- Tout d’abord ces deux histoires d’amour, qu’on voit naître et disparaître, le temps d’un épisode qui leur est entièrement dévoué. Certains n’ont évidemment pas manqué d’invoquer le carton jaune anti woke / lgbt+ mais c’est déjà oublier qu’il ne faut pas en vouloir à la série : tout était déjà dans les jeux. À noter qu’il semble y avoir, si on en croit les gamers, des copiés collés de plans ou dialogues. C’est aussi une manière de contenter l’aficionado je pense : lui laisser ceci pour se permettre de retirer cela.

- Et ensuite tout ce qui concerne l’esthétique des infectés m’a fasciné, ces créatures qui ressemblent à des cordyceps ambulants, et leur agressivité surdéveloppée qui rappellent les zombies de Vingt-huit jours plus tard. J’aurais aimé en voir davantage mais j’aime la frustration que leur faible quantité procure. On se souvient très clairement de la scène du musée, par exemple. On se souvient de chacune de leur apparition.

     Il y a des choses parfois moins réussies. À l’image de cet épisode 9 qui s’ouvre brillamment (la naissance d’Ellie) et se ferme nettement moins brillamment (montage alterné raté) malgré une idée forte, peut-être la plus osée (Est-ce ainsi dans le jeu ?) : La saison se ferme sur un mensonge. Et c’est paradoxalement la chose la plus douce qu’on verra dans The last of us, ce mensonge. Car c’est le mensonge d’un père à son enfant (de substitution). C’est magnifique.

The bear – FX Productions – 2022

02. The bear - FX Productions - 2022Let it rip.

   8.5   Pour moi, Chicago à l’écran, ce sera toujours Urgences. Dorénavant, Chicago ce sera aussi The bear, formidable série composée de huit épisodes (d’une durée oscillant entre vingt et quarante-cinq minutes) créée par Christopher Storer & Joanna Calo. On y suit Carmen, un jeune cuisinier ayant travaillé dans les meilleurs restaurants gastronomiques, obligé de reprendre la sandwicherie que son frangin lui a légué avant de se suicider.

     La série ne s’embarrasse ni de préambule ni d’explication de la situation : on entre dans The bear en même temps que Carmen dit Carmy dit Chef récupère The original Beef of Chicagoland, dit Beef, le fast-food en question, retrouve son cousin (qui s’occupe de la caisse) et fait connaissance avec chaque membre de la brigade abandonnée.

     Le montage, saccadé, effréné, s’adaptera à la situation autant que les personnages, qui ne cessent d’être en mouvement et de se crier les uns sur les autres, suivant son ancienneté, son grade, son poste etc. Il faudra être solide pour accepter cette folie saturée et claustrophobe. Et c’est pourtant là-dessus que la série, très vite, va s’avérer impressionnante, car si on ne sortira que très peu de cette cuisine, on y verra aussi beaucoup de Chicago, ses rues, ses trottoirs, son métro aérien. En ce sens, la comparaison initiale avec Urgences n’est pas si incongrue. Il y a The Beef comme il y avait The County, mais il y a aussi et surtout Chicago. A tel point que les musiques utilisées sont systématiquement reliées à Chicago.

     C’est assez évident dans l’avant dernier épisode, qui est à la fois le plus court, le plus impressionnant, le plus épuisant, le plus racoleur (Admire mon beau plan-séquence) et donc le plus casse-gueule. Disons que la série est déjà suffisamment nerveuse et bruyante pour qu’en plus il faille supporter l’action en temps réel, dans un plan en mouvement permanent, complètement fou, qui navigue entre cuisine et salle, d’un personnage à l’autre, dans un climat au bord de l’explosion.  

     L’épisode en question s’ouvre sur des images de Chicago, des images actuelles ou des images d’archives, accompagnées par le Chicago, de Sufjan Stevens. Or, dès qu’on entre dans le Beef, on apprend que le resto ouvre dans vingt minutes, autant dire que c’est le feu dans les cuisines. Ça l’est d’autant plus que ces vingt minutes seront hyper chargées, en cris, insultes et bruits variés (impossible, une fois l’épisode terminé, de se séparer du bip des tickets de caisse, provoqué par la tablette de pré-commande). Il s’y passe sans doute trop de choses : Un retard, un pétage de plomb, une histoire de couteau, une démission, mais l’intensité provoquée par ces vingt minutes en ébullition, est hors norme. Une montée en tension par ailleurs accompagnée par le Spiders, de Wilco, afin de rendre le tout, absolument cacophonique. Ce soir-là j’avais prévu d’enchainer les deux derniers mais impossible, cet épisode m’a rincé.

     On est bien entendu loin d’une série faisant rêver de travailler dans un resto (On pense beaucoup au film The Chef, qui pourrait être le prequel de The Bear) mais la nourriture y aura néanmoins une place essentielle dans l’image : on y verra se confectionner des donuts, se préparer des bouillons de légumes, des risottos au bœuf braisé.

     Mais il est surtout question de catastrophe annoncée, dans un bouiboui surendetté, qui doit affronter inspection sanitaire et critique gastronomique, conflits familiaux (Carmy & Richier, son cousin) ou entre les autres membres de la brigade. C’est plein, sans doute trop-plein. Mais c’est aussi ce qui fait la force de la série, qui tient sur les deux registres, la comédie et le drame. Dès qu’elle se recentre sur cette histoire familiale, développée d’épisode en épisode, elle devient même carrément bouleversante : le dernier épisode est un véritable tsunami émotionnel. Mais pas uniquement : tout ce qui concerne Sydney est passionnant. Evidemment Jeremy Allen White est génial, mais que dire d’Ayo Edebiri. C’est aussi une grande qualité de la série, son interprétation.

We own this city – HBO – 2022

01. We own this city - HBO - 2022Les fantastiques années 10.

   8.0   Des séries estampillées David Simon, il y en a eu quelques-unes : parfois denses (The Wire, Treme) parfois brèves (Show me a hero, The deuce), différentes les unes des autres (ne serait-ce que dans leur encrage géographique : Baltimore, La Nouvelle-Orléans, Yonkers, New York) mais chaque fois elles sont très marquées par la personnalité « journalistique » de leur showrunner et (co)créateur.

     Cette fois, Simon revient aux sources – Rappelons qu’il a jadis travaillé au Baltimore Sun puis qu’il a écrit un ouvrage qui servira à l’élaboration de The Wire. Avec We own this city, il s’agit aussi bien de revenir à Baltimore et d’en tracer les contours socio-politiques de ces quinze dernières années (comme un prolongement de The Wire) que de partir d’un véritable fait divers, brulant et fondateur, à savoir la mort de Freddie Gray, tué par des policiers lors de son arrestation en Avril 2015 et les violentes émeutes qui suivirent.

     Nous n’en verrons pas d’images, mais ces six épisodes graviteront autour, avant comme après. L’évocation de son nom résonne partout. La série s’inspire là aussi d’un ouvrage, celui d’un autre journaliste du Baltimore Sun, Justin Fenton, qui publia La ville nous appartient. Le générique de We own this city annonce déjà brillamment le programme : des clichés en noir et blanc de Baltimore, entrecoupés de vidéos d’interventions policières, d’images de manifestations et vidéos de déclarations variées (que l’on retrouvera pour certaines au sein de la fiction) préparent l’aspect choral cher à Simon, l’enchâssement institutionnel et sa volonté de reconstitution.

     En relatant les prémisses, le procès mais aussi les actions délictueuses et criminelles de la « Gun Trace Task Force » (un groupe de police crée pour lutter contre la montée de la criminalité) la série sera au plus près de chacun d’eux, et en grande partie de son acteur principal, moteur de la corruption généralisée, le sergent Wayne Jenkins (Immense Jon Bernthal, qui m’avait pourtant toujours semblé mauvais acteur) qui multiplie perquises illégales, vols et extorsion en tout genre, en toute impunité avant l’enquête monstre qui le condamna lui (à 25 ans de taule) et nombreux de ses collègues complices.

     Mais évidemment, comme toujours dans les récits de Simon, il ne s’agit pas seulement de faire le portrait d’un homme, d’un groupe ou d’une brigade, mais bien celui d’une ville (sinon d’un pays) offrant un tableau dense et complexe (le premier épisode est vraiment pas évident à appréhender) : Une enquête de la police du comté de Harford croise alors celle de la division des droits civiques du Département de la Justice mais aussi nombreuses des interventions opérées par Jenkins et son équipe. Et à travers ces deux enquêtes qui s’enchâssent, se frôlent, ces personnages qui vont et viennent, la série fait finalement le portrait d’une ville à l’agonie, rouage d’une société malade qui érige sa machine judiciaire contre les populations les plus pauvres et donc en majorité noires. Sans parler de cette idée de corruption globale qui explosera dans cet épilogue d’une noirceur absolue.

     Et en suivant majoritairement ce sergent aussi beauf que purement fonctionnel, qui niera chacun de ces agissements jusqu’au bout, mais aussi ses collègues qui n’hésitent pas à le balancer avec une insolente désinvolture, la série fait aussi le portrait d’un déni de la violence provoqué par le pouvoir de l’insigne. Les regards de chacun lors de leur procès ne racontent rien de plus qu’une totale incompréhension : Ils se sentaient soit intouchables soit intouchables et tout à fait dans leur droit (Fascinante scène où Jenkins ne peut accepter qu’on le traite de flic pourri) comme si la ville leur appartenait.  

     Six épisodes, six heures, d’une limpidité, d’une intelligence et d’une puissance folle. Dans la lignée de The Wire, donc. Archi conseillé.

Le monde de demain – Arte – 2022

14. Le monde de demain - Arte - 2022French hip-hop origins.

   7.0   Sans surprise (car j’en avais globalement entendu que du bien) j’ai beaucoup aimé ces six épisodes, retraçant les prémisses du hip hop en France, centrés évidemment sur la destinée d’NTM, donc la rencontre entre Bruno Lopes (Kool Shen) & Didier Morville (Joey Starr) ainsi que leurs premiers faits d’armes musicaux, mais aussi sur Virginie Sullé (Lady V, Future femme de Kool Shen) et surtout sur Daniel Bigeault aka Dee Nasty (interprété par le magnifique Andranic Manet, déjà magnifique dans Mes provinciales). La réalisation de Katell Quillévéré & Hélier Cisterne est brillante, magnétique, inspirée de bout en bout.

House of the dragon – HBO – Saison 1 – 2022

13. House of the dragon - HBO - Saison 1 - 2022Maison Targaryen.

   7.0   J’étais qu’à moitié tenté donc j’ai mis un peu de temps à la lancer. C’est vrai que j’avais suivi Game of thrones pendant huit ans, parfois même avec passion (saisons 4 & 5) mais la dernière saison était quand même un peu décevante au regard du reste. On s’est tous convaincu que c’était parce que les livres n’étaient pas terminés. Et bien House of the dragon c’est écrit, c’est fini et ça c’est cool. Mais le plus cool, pour moi, c’est la surprise d’avoir adoré cette saison. Enfin pas entièrement, car j’ai suivi la première moitié, aisément mais sans trop y croire. Puis dès le time jump, plaisir total, du niveau de GoT à son meilleur. J’adore déjà chacun de ses personnages, son rythme, son écriture (encore heureux) et sa mise en scène, souvent inspirée, notamment durant les derniers épisodes. Très hâte de voir la saison suivante.

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