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Better Call Saul – Saison 1 – AMC – 2015

11152711_10152877589512106_3707044060217165250_nLe Jeune Berger des Alpes.

   8.5   Non sans craintes, je me suis jeté dans la découverte de Better Caul Saul, spin off officiel de Breaking bad. Comment passer après un tel chef d’œuvre ? Surtout comment y parvenir en prenant comme personnage central le déluré Saul Goodman, le plus antipathique de la série mère ? Et dans le même temps, après tout, c’était celui dont on sentait qu’il méritait d’être le plus étoffé, celui dont on avait aucun élément dramatique à portée, celui qui faisait le clown, personnage immédiat, amusant ou détestable, selon les épisodes. L’idée rejoint finalement l’univers des créateurs, jamais dans la facilité, jonglant avec tous ce qui leur est offert.

     Mes craintes furent aussitôt balayées dès l’instant que j’avais retrouvé la patte Gilligan, le tempo, l’écriture qui faisait le sel de Breaking bad. Certes c’est une autre histoire, mais quel plaisir énorme de retrouver un terrain connu, que l’on croit connaitre par cœur, mais qui va révéler de nombreuses nouvelles zones d’ombre. Disons que l’ombre de Breaking bad plane sans cesse sur Better Caul Saul, comme si nous avions affaire à un Breaking bad 0. Avant que Saul Goodman ne devienne Saul Goodman. Quand Saul Goodman était encore James Mc.Gill. Sans parler des multiples crossovers purement jouissifs et ceci dès le premier épisode, bien que l’on sente combien la série en garde volontiers sur la pédale, pour les prochaines saisons.

     Sauf qu’à ce stade de perfection là, il n’y a plus vraiment de comparaison à faire : Better Call Saul est une œuvre à part, qui ne doit rien à personne et on ressent cela à mesure que les dix épisodes s’offrent à nous, tous merveilleux, magnifiquement écrit, tout en trompe l’œil, lente progression dramatique. Dévastateur. Je ne m’attendais pas à ça. La série se débarrasse même des facilités qui faisaient partie de la série d’origine, surtout dans les deux premières saisons. On enchaine les épisodes comme des gâteaux apéritifs. Addictif à mort. En espérant plus grand, évidemment. En espérant que Gould & Gilligan en gardent autant sous le pied que durant leur merveille que constitue l’intégralité de Breaking bad, qui n’a donc pas fini de susciter fascination et dérivés. Mais un spin off comme celui-là, qui peut se targuer de parvenir au niveau de son référent, je me demande si ce n’est pas exceptionnel, franchement.

     Quoiqu’il en soit, il faut souligner à quel point chaque personnage prend une dimension phénoménale à mesure, à l’image de Chuck Mc Gill, ce frangin allergique aux ondes, de Kim (dont je suis littéralement tombé amoureux fou, notamment de sa voix) son amie/collègue chez HHM  voire Howard… Sans parler du rôle prépondérant, deuxième personnage principal (comme pouvait l’être Jesse dans BB) que campe Mike. Quel bonheur de le retrouver, n’empêche. Vivement la suite.

Urgences (ER) – Saison 3

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   9.0   Si Mark Green était clairement le personnage le plus intéressant de la première saison à mes yeux, la suivante rendait essentiellement grâce à Susan, qui passe par toutes les émotions inimaginables avant son départ (définitif ?) que cette saison 3 exploite à merveille. Ici je suis partagé. Entre Jeannie Boulet et Peter Benton. La première pour l’enfer qu’elle traverse de part sa maladie, ce qui permet du même coup de creuser ce personnage magnifique, le second pour sa transformation, machine huilée désormais enraillée ce qui le rend extrêmement touchant tandis qu’il était l’un des plus insupportables jusqu’ici. Bon, je m’enflamme un peu, tant Mark restera je pense mon personnage fétiche forever mais ça permet surtout de constater que Urgences plus qu’une série sur les urgences est entièrement dévouée aux personnages qu’elle a créé. Pas plus tard qu’hier soir j’ai d’ailleurs vu un épisode (l’un des seuls je pense, si ce n’est le seul) qui se déroule entièrement hors de l’hôpital (Fathers & sons, le 4.07). C’est dire si les personnages ont pris le dessus et tant mieux. Exemple : Carol et Doug dont je n’ai pas encore parlé (et qui sont au cœur du début de la saison 4) sont vraiment les potes qu’on aimerait avoir, l’amour impossible ultime. Et puis j’avoue avoir un faible pour Kerry Weaver, fascinante dans sa sécheresse et sa lucidité. Les moments entre elle et Jeannie font partie des hauts faits de la saison. Je pense que c’est la plus belle des trois premières saisons, d’ailleurs, c’est en tout cas celle qui me laissera les plus forts et nombreux souvenirs. Avec le suicide d’un interne (archi violente cette fin d’épisode), un double aveu amoureux bouleversant lors d’un adieu sur un quai de gare, l’accident de voiture (l’épisode est un chef d’œuvre), le braquage, l’agression subie par Mark et son enfermement dans la peur, l’erreur de Benton (transfiguration 1), le bébé de Benton (transfiguration 2) et bien entendu tout ce que vivent Jeannie et Al, le rapprochement que leur confère la maladie, c’est ce que j’ai vu de plus subtil et émouvant jusqu’ici. A la fin de la saison, après le 22e épisode, j’ai tout de suite enchainé avec le premier de la saison suivante car je connaissais sa renommée particulière, le fait qu’il ait été tourné et diffusé en direct. On est bien entendu plus dans la prouesse que dans l’émotion, n’empêche que c’est très fort.

Togetherness – Saison 1 – HBO – 2015

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   7.0   C’est la nouvelle création des frères Duplass à qui l’on doit notamment l’excellent Cyrus, avec Jonah Hill. Togetherness est une minisérie de huit épisodes au format 22 minutes qui s’intéresse à quatre personnages, à l’instar du You’re the worst – produit formellement similaire – sorti l’an passé. Un couple de quadras, Michelle et Brett (Mark Duplass himself, j’adore cet acteur), parents de deux enfants, qui s’aiment mais ne baisent plus, auxquels se joint Tina, la sœur de la première et Alex, le meilleur ami du second, sont plus ou moins tous dans une impasse affective et/ou professionnelle. Si la série campe clairement dans l’univers et le ton des deux frangins, il faut souligner la qualité de l’écriture et l’amplitude que le récit parvient à s’octroyer, tout en subtilité, de ses situations les plus attendues à d’autres plus surprenantes, pour ne pas dire absurdes (Le mari, preneur de son, parti enregistrer le cri du coyote dans les hauteurs de LA, croisant sur son chemin une hippie délurée dont le passetemps est de s’enterrer). Ces doubles relations, conjugales (Michelle/Brett) et amicales (Tina/Alex) s’étoffent à mesure, jusqu’à converger vers une fin absolument déchirante, je n’en dis pas plus. Entre temps, la série aura alterné les moments les plus drôles (tentative de baise SM avortée), touchants et délirants. Après Hacker, ravi de revoir John Ortiz, l’énorme Jose Yero de Miami Vice, d’autant que son personnage, comme tous les autres (ce que ne parvenait jamais à réussir You’re the worst) apparait quand il faut, est très bien écrit, très beau. A part ça j’ai vraiment hâte de retrouver, en espérant vraiment la retrouver, Togetherness pour un deuxième opus.

Urgences (ER) – Saison 2

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   8.0   Très belle deuxième saison, dans la lignée de la précédente. Je n’ai pas grand-chose à en dire, en même temps j’ai déjà fini la suivante, sur laquelle je reviendrai davantage, tant elle me parait absolument sublime, démente, la plus belle des trois jusqu’ici. Je voulais juste rebondir sur un épisode, pas forcément le meilleur, mais qui représente assez bien ce que j’aime dans la série. Il s’agit de celui où Clooney sauve un petit garçon coincé dans un canal. On a souffert avec lui. Bon, moi on peut me la faire à l’envers cent fois quand y a des gosses. Mais surtout, pour revenir un peu dessus c’est marrant de voir combien c’est du pur Urgences dans sa finalité. Car on sait rapidement que le petit va s’en sortir, puisqu’il est le prétexte pour permettre à Doug de rester aux Urgences (il venait de se faire virer). L’épisode pourrait donc se contenter de ça et nous faire un happy end super niais. Mais en parallèle une petite fille s’est fait renverser par une voiture. On pense qu’elle va s’en tirer mais c’est en fait elle qui succombe, après clampage d’aorte et tout le toutim. C’est cet équilibre cruel là que j’aime beaucoup. C’est un tout. Il y a des choses très dures mais on ne prend pas le temps de s’appesantir trop dessus ni de s’en servir comme déclencheur purement mélodramatique.

The walking dead – Saisons 1 à 5

twdNotes sur les walkers.

   6.0   Saison 1.

     15/10/13 : Dans l’ensemble j’aime bien. Je ne trouve pas ça fou et je reste quelque peu sur ma faim (probablement dû au petit nombre d’épisodes). L’avant dernier épisode, petit bémol, est pas loin d’être nul malheureusement (surtout après l’excellent quatrième). C’est suffisant pour que je poursuive avec intérêt néanmoins.

Saison 2.

     08/04/14 : Super saison ! Complètement différente de la première, arborant un faux rythme dans la première moitié avant le tournant – la scène de la grange. Quelques fautes de goût, quelques épisodes qui ronronnent, mais dans l’ensemble ça remplit parfaitement son cahier des charges, preuve en est que je fais la trois dans la foulée. Bref, c’est hyper addictif quoi.

Saison 3.

     14/05/14 : Une saison inégale : Excellente première partie et une seconde plus feignante. Néanmoins, j’aime beaucoup dans sa globalité, je trouve qu’au-delà de cette « sagesse » la série offre de belles choses, de belles parenthèses (Morgan), de douloureuses surprises (Monstrueux épisode 4, j’en ai pleuré) et tente parfois de dire quelque chose du désespoir de fin du monde qui règne inéluctablement et de la folie des hommes. Et puis j’ai commencé la Bd en parallèle et je trouve que la série se démarque clairement du matériau original ce qui lui permet d’éviter la comparaison.

Saison 4.

      18/06/14 : Meilleure saison des 4. Je n’irai pas jusqu’à dire haut la main car il y a encore ci et là des choses qui me dérangent mais la saison se démarque clairement, de part sa construction déjà, scindée en deux parties mais aussi parce que les personnages sont mieux dessinés, les interactions mieux écrites. Et puis j’aime l’idée que la moitié de cette saison se déroule le long d’une voie ferrée, ça confère à la fois un objectif concret autant qu’un désespoir inéluctable. On ressent d’ailleurs enfin cette sensation de fin du monde, de groupe qui ne survit qu’à un fil, au jour le jour, sans lendemain possible. Et puis elle contient le plus bel épisode de la série, le 4.14, superbe, terrassant, parfait. Car au-delà de l’audace narrative (puisque ça vient peut-être des comics je ne sais pas je n’en suis qu’au tome 6) il faut souligner la mise en scène qui souligne peu, reste sobre tout en subtilité. Mais je l’ai senti très vite que ce serait un grand épisode, dès cette introduction, derrière la fenêtre d’une cuisine où l’on observe ce balai dansant ralenti que l’on croit d’abord sorti d’un autre temps, avant de comprendre. Et Carole est le plus beau personnage de la série, de toute façon.

      Et puis je pense que cette saison fera date dans sa construction. J’aime bien le début de cette saison, l’infection (bien que ce ne soit clairement pas ce qu’il y a de mieux orchestré). Je l’aime bien car ils ont fait simple, sans s’attarder. Sur une saison entière ça aurait été horrible, là ça tient sur cinq épisodes. Oui, seulement 5 en fait puisque les 3 suivants (qu’avec le recul je trouve géniaux) sont complètement décentrés du noyau (le gouverneur). Et forcément, le désormais traditionnel épisode 8 est très réussi, je ne sais pas ce qu’il représente par rapport au comic mais je le trouve fort et osé. Alors que dans la saison précédente dans la prison, pour avoir lu le tome en question récemment, c’est vraiment du mode mineur à l’image, service minimum et téléphoné alors que dans le livre c’est absolument ignoble, enfin génial et terrifiant. Et puis la deuxième partie, plus intimiste, on the road, quasi des épisodes centrics est une merveille absolue. Je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais voir dans une série traitant les morts vivants, que c’est ce que j’espérais voir depuis le début. Alors il y a des problèmes de rythmes et de parti pris lié au fait que l’on est chez Amc (qui travaille selon l’idée d’offrir pour une certaine quantité de cerveau disponible, pour paraphraser un pote) mais putain c’est quand même dans le haut du panier et surtout j’ai contrairement à la fin de la saison 3 méga giga envie de voir la suite, les salauds !

(Petit topo personnel en attendant la saison 5 en direct :
Ordre de préférence des saisons : 4,2,3,1.
Meilleur épisode : 4.14
Episode le plus douloureux : Fin du 2.07
Personnages préférés : Carol & Daryl.
Réplique préférée, qui va avec le 4.14 forcément : « Look at the flowers ». J’ai chialé ma race.)

Saison 5.

     13/04/15 : Je profite de l’occasion pour gueuler un peu après ceux qui portent les comics au pinacle et qui chient sans vergogne sur la série. Je ne comprends pas. Il est de bon ton, j’ai l’impression. Franchement, que les personnages soient parfois grossièrement dessinés n’est pas justement sans rappeler le flou incohérent qui émane souvent des livres, avec certains portraits interchangeables. Personnellement je m’en fiche, ça me convient, j’aime sur les deux supports que l’on parvienne à peindre un monde brisé, insensé, confus, absurde donc la psychologie m’importe peu. Mais faudrait pas trop s’emballer pour rien. Bref. Qu’en est-il des dernières heures de TWD ? C’est une saison intéressante. J’aime beaucoup, globalement, l’évolution du show, autant dans sa capacité à nous rapprocher des personnages, les épaissir sans les sacraliser, que dans sa peinture de plus en plus cruel et inexorable d’un monde en sursis. A l’instar de la saison précédente, ce cinquième jet est construit en deux parties, moins distinctes que ne l’était la saison 4 (prison/route) mais l’apparition attendue (grand moment des bouquins) d’Alexandria brise définitivement l’élan errant de notre petit groupe plongé à nouveau au quotidien dans le monde des zombies insufflé durant les huit épisodes de la saison 4 pré terminus et les huit premiers de la saison 5, entre les routes, l’église et l’hôpital, permettant par ailleurs la connaissance d’autres personnages nouveaux et récurrents que sont Noah et le père Gabriel ainsi qu’un développement plus approfondi du groupe d’Eugène et Abraham. Qu’Alexandria soir majoritairement repris des livres crée une proximité avec le lecteur mais je trouve que ça manque de surprise et de chair, c’est dommage. On voudrait voir davantage les lieux, que la mise en scène utilisent au mieux le nouveau mystère qui l’entoure. Il y a matière. On verra ce que la saison suivante aura à nous offrir. Je suis relativement confiant. Pas excité, loin de là (mater la série en même temps qu’Urgences, The wire et Louie ne lui donne pas le meilleur crédit) mais confiant.

Urgences (ER) – Saison 1

32 (1)The Cook county.

   9.0   J’ai un rapport particulier avec Urgences. Ça rejoint mon hypocondrie en fait. Jeune, j’étais tombé dessus à la télévision, comme tout le monde. J’avais passé un sale quart d’heure. Je n’ai pas de souvenir exact de ce que j’avais vu mais ça m’avait traumatisé au point de rayer l’existence de cette série dans ma conscience. Jusqu’à disons il y a deux ans où en plus d’entendre généralement beaucoup de bien à son sujet j’étais tombé par hasard sur deux épisodes de je ne sais quelle saison rediffusés sur une chaine de la TNT et j’avais trouvé ça absolument génial. Une vraie claque, d’autant plus inexplicable et surprenante que je ne pouvais aucunement rattacher cette fascination à la narration puisque je ne connaissais aucun personnage. C’était juste une affaire de mise en scène. Du mouvement, de la vitesse, un pur tourbillon sans chichi, sans enrobage ostentatoire. Ça m’avait scotché. Il fallait à tout prix que j’en découvre davantage, c’était devenu une priorité. Puis ça m’est passé, inévitablement, tant j’avais conscience de la longueur imposante du show et de tout ce qui m’attendait à côté.

     Voilà, c’est parti. Une saison, 24 épisodes. Et c’est au-delà de mes attentes. C’est immense. Je ne veux voir que ça. Etant donné qu’on la regarde à deux ça limite le nombre d’épisodes journaliers et c’est tant mieux, on savoure. Et dans le même temps j’ai rarement envie d’enchainer plus de deux épisodes à la suite tant ça m’éprouve. J’aime beaucoup l’idée de nous plonger dans un monde. Les premiers épisodes ne sortent pas trop de l’établissement, comme si la série voulait apprivoiser le lieu avant de choisir de se focaliser sur certains personnages, plus que d’autres, d’opter pour des arcs narratifs et de nous y convier progressivement. Et puis l’avantage de ce type de chronique penchée sur un quotidien singulier c’est que c’est inépuisable.

     Mimi Leder (réalisatrice majeure de la saison) et ses acolytes font un sacré boulot. L’établissement est fouillé dans ses moindres recoins, ses couloirs infinis, l’accueil, les salles de trauma, celles de chirurgie, l’espace de pause, la lunch room, le toit pour les arrivées hélico, les ascenseurs. Une vraie mise en espace, fascinante, foisonnante, de laquelle on s’extirpe parfois, rapidement, vers les alentours, notamment le troquet du coin, le métro aérien ou l’arrière-cour et son panier de basket. On voit aussi un peu Chicago, un peu les intérieurs des cinq personnages principaux (Carol, Susan, Doug, Mark et Peter) mais on en revient toujours systématiquement dans l’hôpital. Le jour, la nuit. Il n’y a pas d’arrêt. Sauf lorsque la série se permet des trouées festives (les anniversaires, notamment) et burlesques. A ce titre, les toilettes sont bien employées. On se souvient de Green et sa femme surpris dans une drôle de situation ou encore de cette partie de cache-cache pour récupérer un chariot volé par le service du dessus. J’adore les tensions entre services aussi. La série brasse énormément là-dessus ainsi que dans les réunions, les diverses formations d’internes, les relations avec la hiérarchie. C’est d’une richesse phénoménale.

     Et puis il y a les urgences pures. Ce qui fait tout le sel du show, sa violence, sa démesure. C’est parfois insoutenable. Il faudrait par exemple revenir sur un épisode d’une dureté hallucinante, celui de l’éclampsie (Love Labor Lost). J’en suis sorti vidé, tétanisé. Le fameux J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps s’impose haut la main. Un épisode qui te rappelle que parfois aussi ça ne se passe pas bien du tout. Celui-ci est extrême c’est vrai, disons que si tous les épisodes étaient comme ça je n’aurais pas tenu longtemps. Pourtant, la série contourne admirablement le côté drama que ça convoque en répétant ce qu’elle fait de mieux, à savoir créer du vertige. La mise en scène sur ce point est incroyable. Les plans sont régulièrement très longs, mobiles au point de parfois tournoyer à l’infini. Les ambiances sont lourdes, bruyantes, saturées. Sans parler de ce qui se passe souvent au deuxième, au troisième plan, du mouvement non-stop, des entrées et/ou sorties de champ à n’en plus finir. C’est bluffant. Ce procédé est d’ailleurs utilisé aussi dans les couloirs lors de ces coutumiers travellings arrières. Bref, on ne s’ennuie pas. Pire, ça file parfois le tournis. A déconseiller en mangeant, définitivement.

     Le pilot va un peu vite en besogne avec la tentative de suicide de Carol, on sent qu’il fallait marquer le coup. Son retour est par ailleurs trop rapide, ça pourrait être fort mais c’est un peu tôt. J’avais peur que la série se complaise dans une sorte de sensationnalisme bon teint pour contrer le réel, forcément répétitif. On comprend très vite que ce ne sera pas le cas. Enfin, ça pourrait être le cas jusqu’à cet épisode merveilleux qu’est Blizzard. 45 minutes d’une intensité folle et d’une crédibilité dérangeante, de glissement sublime (les urgences vides d’abord puis le plan catastrophe déclenché à la suite d’un gigantesque carambolage) la veille de noël. Probablement mon épisode préféré de la saison. A part ça j’ai une grosse préférence pour Mark Green pour le moment. Sans doute dû aussi à ce qu’il traverse. Je reviendrai probablement parler des saisons suivantes. Je n’ai pas attendu pour enchainer.

You’re the worst – Saison 1 – FX – 2014

11074435_10152777428697106_8250594219471654903_nFists and Feet and Stuff.

   5.5   J’ai adoré le premier épisode et beaucoup aimé le dixième, le dernier. Entre ces deux extrémités, je trouve que ça ronronne gentiment, que ça ne sort pas tellement du balisage. Je me suis à ce titre surpris à peu rire, c’est un problème, étant donné qu’on sent que ça ne recherche quasi que ça. Mais mon plus gros problème c’est cette impression permanente que la série ne cesse de revendiquer qu’elle est cool, trash, méchante. Il faut reconnaître qu’on va rarement jusque-là dans la comédie, pas même chez Apatow mais j’ai un peu de mal à y croire. C’est trop écrit, forcé et calculé pour me séduire vraiment. Et hormis nos deux trublions centraux, je me fiche absolument de tout le monde, tout ce qui gravite autour d’eux, colocataire ou meilleure amie. Je suis un peu dur car j’aime la série malgré tout mais elle m’avait vendu du rêve durant ses vingt premières minutes et la suite n’a pas tenu les promesses engagées à mes yeux. J’ai d’ailleurs revu ce pilot pour voir si je l’avais ou non surestimé et je suis ravi de le trouver toujours aussi formidable. Je suis malgré tout curieux de voir la suite. C’est l’avantage de ce type de programme, relativement court, qui se cale à n’importe quel moment de la journée.

Girls – Saisons 1 à 3 – HBO – 2012/2014

1504989_10152671629362106_1211047565298569814_nLena et son nombril.

   7.0   Girls, Saison 1

     12/07/13 : Je ne suis pas loin de trouver ça génialissime. Mes seuls reproches ne sont guère des défauts : à savoir je trouve que dix épisodes c’est vraiment beaucoup trop court pour ce genre de série dévouée à ses personnages et dans le même temps j’aime le fait que des choses soient lancées puis abandonnées ou laissées en stand-by. En parlant de personnages j’adore absolument comment chacun existe épisode après épisode et je regrette très souvent de ne pas assez voir certains – Soshanna par exemple. Vu la série en trois jours mais j’aurais très bien pu me regarder tout d’une traite. Ah oui et je trouve ça fort de voir ça maintenant une semaine après avoir découvert Frances Ha au ciné car il y a de grandes similitudes dans le portrait d’une jeunesse en quête (et je ne dis pas ça seulement pour Adam Driver que l’on retrouve dans les deux – quel personnage fantastique ici d’ailleurs, peut-être même le plus beau (aussi répugnant que magnifique) garçons/filles compris.

Girls, Saison 2

     15/10/13 : Lena Dunham s’éparpille un peu, cela pourrait ne pas fonctionner mais au contraire la saison s’affirme différemment. Le dernier épisode est archi émouvant notamment.

Girls, Saison 3

     30/01/15 : Purée, ce que c’est bien ! J’aime surtout Girls pour ses personnages. Rarement dans une série de ce genre, nous n’avions eu autant de substance, de nuances, de complexité. Il y a Hannah, évidemment, mais les autres sont loin d’être en reste. Il est d’ailleurs très touchant de les retrouver toutes les quatre ensemble (après une saison 2 où elles s’y trouvaient plus dispachées géographiquement) notamment lors du superbe épisode Beach house dans lequel elles tentent de retrouver l’harmonie du groupe en passant un week-end dans la maison estivale des parents de Marnie. La fin de l’épisode et sa chorégraphie improvisée sur ce banc portuaire, couplées avec ce plan de cuisine le précédent, où elles apparaissent toute quatre dans le cadre sur des strates différentes sont des hauts faits de la saison, sinon davantage. Et puis de toute façon j’adore les parenthèses vacancières dans les fictions, ces instants suspendus où tout ressort et explose. La particularité de cet opus, plus qu’avant à mon humble avis, est d’avoir peaufiné si admirablement des personnages masculins, complexes et émouvants. Adam, bien entendu, quel sublime personnage, tout en désirs et réactions contradictoires, explosant ici littéralement au contact de sa soeur puis de son job d’acteur dans une pièce à Broadway. Et Ray, perdu entre ses inénarrables pensées pour Soshanna et sa relation sans fondement avec Marnie. J’ai toujours l’agréable impression et ce depuis son lancement que la série en garde sous le pied, dans le bon sens du terme, pour ne rien trop appuyer, disséminer des brèches et s’éloigner des facilités. Elle est constamment dans la surprise. La deuxième partie de saison est absolument remarquable. Vraiment un beau tableau de cet âge ingrat qu’est 25 ans. Le dernier épisode se ferme sur des promesses de rebonds, de bouleversements, de séparations, de retrouvailles, ce qui devrait nous offrir une alléchante saison 4. Et si c’était ce qu’Apatow produisait de mieux depuis trois ans ?

Black Mirror – Saisons 1 & 2 – Channel 4 – 2011 & 2013

45.-black-mirror-saison-1-1024x575The man-machine.

   6.0   Concernant la Saison 1 : Très marqué par l’épisode de lancement, son intensité, sa dureté, sa sécheresse. Moins par le second que je trouve plus calculateur même si très fort sur bien des points. J’avoue que le troisième (sur le couple) m’a mis une belle claque. Série anthologique plus qu’intéressante.

     Concernant la saison suivante : C’est du même niveau que la première saison, toujours passionnant, actuel, visionnaire, fulgurant et inégal. Les épisodes de l’une répondent d’ailleurs à ceux de l’autre, de façon inversée. Le premier étudiant la cellule conjugale sous l’angle de la perte, le dernier centré sur l’impact politique et médiatique. L’épisode central, malin ici encore, joue cette fois d’un caractère survival en pointant du doigt une société justicière. Il va de soi que tout cela est on ne peut plus pessimiste.

     Et puis la chaîne nous a offert il y a peu un épisode spécial Christmas, reprenant nombreuses trames échafaudées durant certains anciens épisodes de la série, en les nouant dans un récit à l’ampleur phénoménale, vertigineuse pouvant faire pâlir certains films de SF avisés. Jon Hamm, au casting, est prodigieux. Et la première demi-heure (l’épisode est relativement long pour du Black Mirror) est haut la main ce que la série a offert de mieux à ce jour. Enfin, tout l’épisode est fabuleux, la fin notamment – juste un léger bémol sur la partie centrale.

     Au-delà des récits, j’avoue ne pas être subjugué plus que cela par ce type de programme, sorte de succession de moyens métrages, en somme. L’anthologie dans l’anthologie, un procédé qui a ses limites. Mais bon, ça reste largement dans le haut du panier.

How I met your mother – Saison 9 – CBS – 2014

1798724_10152671629162106_1159664638921316770_nChallenge accepted !

   6.5   Kids… Damn, it’s over ! Après dix ans de bons et loyaux services. Dix ans, bordel. A l’époque je savais à peine ce qu’était une série. En guise de dépucelage, je découvrais Lost, Desperate Housewives et How I met your mother. Point barre. Depuis, on peut dire que j’ai fait de grandes et belles rencontres, reléguant le plaisir annuel d’un HIMYM au rang de sympathique récréation, défouloir post journée de merde, d’autant plus anodine qu’elle s’est, il faut bien le reconnaître de plus en plus empantouflardée. Mais ne boudons pas entièrement non plus, j’ai toujours pris un grand plaisir à retrouver ma bande de potes délurés – Remarque qui doit valoir aussi pour son ancêtre Friends, mais je n’ai jamais suivi assidument, mea culpa, encore un truc à rattraper, vaste programme – même s’ils vieillissaient souvent aussi mal que leurs gags. Jusqu’à cette ultime saison. Qui plus est avec cette ultime saison, qui sonne comme un adieu définitif, à une série que j’ai suivi, à une partie de mes 20 ans, en somme. HIMYM m’aura bien fait marrer, ennuyé aussi, parfois, déçu, beaucoup, mais j’ai l’impression qu’elle pouvait me faire avaler toutes ses immenses faiblesses, que je la suivrais jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. C’était ma récré à moi.

     Une saison 9 qui n’échappe pas à la règle. Aussi lourde que jubilatoire. Flemmarde qu’astucieuse. Un premier tiers de saison volontiers excentrique et exécrable gommé d’un trait par un épisode 9, Platonish, absolument remarquable. Aussitôt suivi d’une accalmie coutumière (d’où l’on extirpera un ingénieux épisode tout en rimes) soulevée par le dynamisme et la drôlerie de deux épisodes punchy, que sont Bass Player Wanted et Slapsgiving 3: Slappointment in Slapmarra (Le second relançant l’attendue et désormais fameuse baffe qui fait office de fil rouge particulièrement délicieux, durant plusieurs saisons). Ensuite on pourrait évoquer un très bel épisode 16 qui permet de saisir comment La mère a finalement rencontré Ted, en suivant tout de son point de vue sous la forme d’un spin off, en gros, via de nombreuses références et croisements hilarants avec des épisodes précédents, toutes saisons confondues. On est vraiment entré dans une autre dimension, posée, intime, mélancolique. On prépare nous aussi nos adieux. Passons sur l’épisode Vesuvius, une vraie purge ou l’épisode Gary Blauman, lourdingue. J’aime en revanche l’épisode Daisy qui bien que prévisible prépare lui aussi assez bien le terrain des adieux et une infinie tristesse relayé par l’attendu épisode du mariage, touchant point d’orgue, tout en inquiétudes (Ted est sur le point de s’envoler pour Chicago) et en doutes (Robin repense encore au médaillon et au cor bleu) avant le double épisode final qui je dois bien l’avouer, m’a complètement retourné. Larmichettes inside.

     Je ne pensais pas que la série se fermerait sur une note aussi sombre et c’est pourtant avec le recul, entièrement ce qu’elle escomptait depuis son lancement et ce pourquoi la relation entre Robin et Ted a toujours pris plus de place et d’importance que celle entre Ted et Tracy que l’on ne verra jamais. Quelques épisodes avant la fin je me disais justement que j’allais regretter que la série n’ait pas développé davantage le personnage de Tracy tout en admettant que c’était une autre histoire. Pourtant, cet ultime épisode ne se contente pas d’évoquer sa disparition, il ferme le livre selon des événements beaucoup plus proche du réel : Un mariage qui se brise (tandis que toute la saison s’y concentrait), un groupe qui se casse inéluctablement, Barney qui se découvre une passion de père, la mort de l’une, les solitudes des autres. Et puis l’effet miroir en guise de fin, qui est aussi le début, d’une histoire, de la série. Je suis fébrile quand tout se déferle de cette façon-là. Avec une telle lucidité. Un vertige temporel (quinze ans racontés en 20 minutes) terrassant. Forcément donc, cette conclusion m’a achevé. Il va de soi que je trouve la fin alternative complètement à chier.

     Bref, je me répète mais c’est fini. 208 épisodes à suivre les histoires de Lily, Robin, Barney, Marshall et Ted. Neuf saisons, ce n’est pas rien. Neuf saisons à s’intéresser de loin à comment Ted a rencontré la mère de ses enfants, mais de près à ses relations avec ses amis et toutes les petites choses aussi anodines soient-elles qui l’ont peuplés, qui l’ont conduit jusqu’à cet événement et notamment à cet amour impossible, pleine de rendez-vous manqués, avec Robin. L’amour de sa vie. L’autre amour de sa vie, qu’il devait attendre d’avoir de grands enfants et des cheveux grisonnants pour enfin accomplir.

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