Publié 25 novembre 2021
dans Séries et Squid game
Course à la mort.
6.0 Après le jeu de la dame, le jeu du calamar. Difficile de passer à côté de ce phénomène qui semble battre tous les records de vues sur Netflix : Mélange de Cube (Survivre dans un décor pour accéder au suivant), de Battle royale / Hunger games (un jeu où il ne faut pas mourir), de Koh-lanta (un butin au bout et il n’en restera qu’un), de Parasite (critique de la société coréenne) et d’escape game (mieux vaut s’allier pour terminer chaque épreuve dans le temps imparti) bref un produit pile dans l’air du temps, à la fois très accessible (l’aspect universel) et très bourrin (beaucoup de cadavres). Ce qui surprend c’est que sous ses coutures ultra-violentes la série est finalement assez sobre, jamais complaisante, privilégiant souvent le hors-champ : Les coups-de-feu ou chutes (l’épreuve de la corde, ou celle des dalles de verres) suffisent. Et surtout, l’idée qui la caractérise c’est que les participants au jeu ne sont pas obligés d’être là : Ils ont choisi d’être là, parce qu’ils sont tous endettés. Et par deux fois, puisqu’un vote démocratique (épisode 2) sera lancé pour savoir qui veut rentrer, après avoir vu la moitié d’entre eux mourir à Un, deux, trois, soleil. Et à la majorité ils vont voter pour rentrer. Ce n’est qu’en retrouvant leur précarité qu’ils vont revenir : Le système capitaliste flingue la démocratie. Et puis j’aime assez son discours méta avec ces VIP derrière un écran qui se délectent du jeu de massacre : Clairement un miroir de nous, spectateurs, désireux de voir jusqu’où ça va / qui va mourir / qui va gagner. Visuellement, la série est plutôt inventive par ailleurs, pleine de couleurs, à l’image de cette gigantesque pièce qui mène aux épreuves, escalier de Penrose aux allures de maisons de poupées car c’est aussi son originalité de se dérouler dans un univers enfantin, avec des épreuves calqués sur des jeux d’enfants. Le twist final est sans doute de trop qu’importe, j’avais bien envie de la voir et de la dézinguer, mais en fait c’est assez impressionnant, efficace et addictif.
Publié 22 novembre 2021
dans Mytho et Séries
Secrets & lies.
5.0 Une deuxième saison moins surprenante, qui fait le parti de se disperser, offrant davantage de place aux personnages secondaires, aussi bien de cette famille, que ceux qui gravitent autour. On y voit moins Elvira (Marina Hands) et Patrick (Mathieu Demy) davantage leurs enfants, pris dans leurs diverses crises. On n’y ressent plus vraiment le poids du mensonge, plutôt ses conséquences. On y retrouve néanmoins cette ambiance singulière – quoiqu’un peu trop appuyée cette fois, notamment l’aspect conte de noël – générée par cet étrange quartier pavillonnaire, croisement improbable entre Desperate housewives et Les revenants – Faut-il rappeler que Fabrice Gobert fait partie de l’équipe ? La série retrouve son cœur vers la fin, par un décès impromptu, un retour mouvementé mais aussi par la place offerte au passé d’Elvira et notamment avec Lorenzo, ce nouveau personnage (qui apparaissait à la toute fin de la saison précédente) qui ouvrent sur la voie du mélodrame à la Almodovar plutôt bien senti. Moins bien dans l’ensemble, mais pas mal.
Publié 21 novembre 2021
dans Lupin et Séries
Assommant cambrioleur.
3.0 On pouvait être un peu indulgent face à l’efficacité feuilletonnante de la première partie de saison. Il y avait un charme, une fraicheur dans cette nouvelle adaptation des aventures du gentleman cambrioleur. Rien de subversif – quand bien même la série se scandait politique – mais un divertissement rarement désagréable qui avait le mérite de transpirer l’amour pour le texte de Maurice Leblanc.
Les cinq épisodes suivants, réalisés soit par Hugo Gélin (Comme des frères, Mon inconnue) soit par Ludovic Bernard (L’ascension, Dix jours sans maman) se logent à la fois dans la continuité autant qu’ils accentuent les défauts qu’on y trouvait déjà. Les rebondissements sont encore plus invraisemblables. Les scènes d’action aussi téléphonées qu’illisibles. Les flashbacks à répétition épuisent. Les faire-valoir continuent d’être des faire-valoir. Omar Sy lui-même devient transparent, comme s’il se rendait compte de la futilité de ce rôle / cette écriture médiocre.
Publié 20 novembre 2021
dans La casa de papel et Séries
Banco.
4.0 Une ellipse de trois ans et hop on prend (presque) les mêmes et on recommence : Un nouveau braquage, celui de la Banque d’Espagne supplantant celui de la Fabrique de la Monnaie. Prétexte : Sauver Rio d’une fâcheuse situation. Moui. On sent bien que l’arc narratif était bouclé et qu’il fallait en créer un autre. Et le vrai prétexte c’est de faire de nos masqués aux noms de villes des symboles de la Résistance, face à une police maléfique, sans aucune nuance. Le reste ne change pas : Montage au hachoir, flashbacks à gogo, amourettes en rafale, rebondissements multiples. Quant aux nouveaux personnages qui pourraient redynamiser l’ensemble c’est simple, ils sont traités par-dessus la jambe : Bogota, Marseille, qui sont-ils ? Palerme est le seul nouveau venu un peu plus intéressant mais il est une déclinaison nettement moins charismatique de Berlin. Et si Raquel devenue Lisbonne a changé de camp elle n’est dorénavant plus que l’ombre d’elle-même, on sent que la série ne sait plus quoi en faire, préférant miser sur celle qui la remplace, une inspectrice sans états d’âmes, davantage capable de rivaliser avec El Professor. Affaire à suivre…
Publié 11 octobre 2021
dans La casa de papel et Séries
La petite évasion.
5.0 L’enchaînement entre les deux saisons m’a semblé inapproprié. Une sorte de cliffhanger qui ne dit pas son nom. Comme si on avait coupé n’importe comment tant la suite se loge pile dans la continuité. Je suis peut-être vieux jeu mais j’ai besoin de sentir une rupture, besoin d’apprécier une saison aussi pour sa fin, pour le plaisir d’assister au season final et au crescendo qui l’accompagne.
En effectuant une petite recherche j’ai compris qu’il s’agissait du « montage Netflix » puisque sur Antena 3 (en Espagne, donc) ces deux saisons sont réunies en une seule. Par ailleurs, il n’y avait pas treize puis neuf épisodes mais quinze. Autant dire que le découpage a été modifié dans son entièreté, probablement pour rester dans la norme requise par la plateforme. C’est ridicule.
Autrement j’ai peu de choses à ajouter à l’impression laissée par la première salve. Je vois vraiment ça comme un petit plaisir coupable, régressif et totalement inoffensif. La majorité des personnages (Tokyo, Rio, Nairobi, Prieto mais la palme revient évidemment à Arturo) sont exceptionnellement insupportables, les effets sont ringards, la photo terne, la réalisation approximative. Je ne sais plus où j’ai lu quelqu’un dire qu’il trouvait que La casa de papel était montée comme les pubs contre le piratage qu’on avait à l’époque sur les DVD avant les films. C’est pas faux.
Publié 10 octobre 2021
dans Maniac et Séries
C’est grave docteur ?
1.0 En subissant la troisième saison de Westworld, je me suis demandé depuis quand j’avais à ce point souffert devant une série télévisée. Il est rare que je souffre devant une série, finalement. Mais ce fut le cas, incontestablement, devant Maniac, créée par Somerville (scénariste sur The Leftovers) & Fukunaga (réalisateur de la première saison de True detective), avec Emma Stone & Jonah Hill. Le casting était prometteur. Sur le papier.
Pourtant on comprend rapidement que Maniac est un truc ni fait ni à faire, sorte de croisement ultra-raté entre Black Mirror et Her, de Spike Jonze. Une série qui crie en permanence son originalité, sa folie, son absurdité. Mais rien ne l’est. Tout est bourgeois dans le ton, abscons dans la mécanique et c’est pétri de références lourdingues. Et puis ce n’est jamais agencé comme une série. C’est plutôt un film mal découpé ou une somme de courts métrages disparates – les durées des épisodes sont par ailleurs très variées : de vingt-six à quarante-sept minutes.
Une baudruche absolue dont on pourra, dans un grand élan d’indulgence, sauver deux/trois moments intéressants – que j’ai déjà oubliés – au sein d’un calvaire de huit heures. C’était une étrange année pour Justin Theroux, qui était ridicule ici et qui l’était tout autant dans Mute, le navet de Duncan Jones ou dans Star Wars, Les derniers Jedi. Nota bene : ça n’a strictement rien à voir avec le film (génial) de William Lustig.
Publié 9 octobre 2021
dans Séries et Westworld
Sinking bad.
2.0 J’ai craqué. Il fallait que je souffre jusqu’au bout. Et c’est de pire en pire. La seule satisfaction qu’on tire de cette troisième saison c’est d’assister non plus à dix mais huit épisodes.
Ce qui me faisait tenir c’était le Far West. Et il a disparu. Il faut dorénavant se coltiner un techno-thriller futuriste à la Matrix, cultivant à outrance le flou artistique, en se déployant aussi bien dans une ville futuriste glaciale que dans un nouveau parc, le Warworld situé dans un village de l’Italie fasciste, que dans le Japon des Samouraïs.
Un relook/reboot sans intérêt, tant on ne comprend rien à rien, tant on ne sait plus différencier le réel de l’irréel, les humains des robots. Tout y est encore plus terne, désincarné, complètement recroquevillé dans sa petite virtuosité vaine. À l’image d’Aaron Paul, le petit nouveau, qui semble rejouer la même partition que dans Breaking bad.
Les dialogues sur-écrits sont toujours insupportables. La rafale de rebondissements toujours aussi indigeste. La bande-son de plus en plus lourdingue. C’est horrible.
Publié 4 octobre 2021
dans Séries et Westworld
Tout est chaos.
3.0 Un grand NON. C’est quoi cette horreur ? La première saison avait au moins pour elle d’être une promesse folle. Avec de jolies fulgurances dans le pot-pourri. Là, impossible de m’attacher à quoi que ce soit tant c’est un gloubiboulga complètement abscons. J’ai l’impression de lire l’exposé de plusieurs élèves brillants, bordéliques et relous qui s’écoutent parler, à l’image des grandes phrases insupportablement sentencieuses qui jalonnent cette saison. De la branlette !
C’est tout ce que je ne veux surtout pas voir dans une série. Et encore moins au cinéma – Si je l’évoque c’est que la série semble scander qu’elle fait bien mieux que les films. Je n’y vois que de l’écriture retorse pour rien, formellement c’est indigeste, comme tout Nolan, Christopher ou Jonathan. Quand il y a l’émotion je marche (Interstellar) mais là c’est tout sauf ça, c’est froid comme la pierre. Une matière comme celle-ci transposée par les Wachowski, (pris en exemple car on peut parfois ressentir une démesure proche d’un Sense8) ça aurait été fascinant je pense. Là il ne reste que la bouillie.
Allez je sauve quand même un épisode, le 8, avec l’indien car tout y est plus à l’os, plus simple, plus émouvant. J’imagine que lorsqu’on aime la série ça doit être quelque chose de beau ce moment. De mon côté, j’ai eu l’impression de parler une heure avec le seul mec pas bourré de la soirée, juste avant qu’il s’en aille et m’abandonne pour deux dernières heures dans un concert de vomi. J’arrête les frais.
Publié 3 octobre 2021
dans La casa de papel et Séries
Casa ciao.
5.0 Un petit non. Et parfois un tout petit oui. Disons qu’on se prend au jeu car c’est juste fait pour te divertir après ta journée de boulot.
Mais si on réfléchit un peu, c’est quand même super mal écrit, mis en scène avec les pieds et construit n’importe comment. C’est plein de rebondissements prévisibles, de personnages débiles, dessinés en un trait de caractère. Et puis l’image est aussi moche que leurs masques affreux de Dali.
Quelques minuscules satisfactions malgré tout : Tout d’abord, il faut signaler que sous ses contours très américanisés (J’ai souvent pensé à un Orange is the new black chez les braqueurs) la respiration reste très espagnole (et ça parle espagnol, ça fait du bien) en cultivant le (mauvais) goût pour le kitch plutôt que la vraisemblance.
Ceci étant je trouve que ça fonctionne beaucoup trop souvent au twist qu’on désamorce systématiquement la minute suivante. Et c’est kitch sans trop l’être, aussi bien sur le fond (l’aspect Soap) que sur la forme (Ce petit côté Télénovela). Et paradoxalement c’est ce qui me rend le visionnage supportable. Passe-partout, disons. Un gars comme Alex de la Iglesia aurait fait un truc bien plus barré, par exemple. Là on joue quand même dans une cour très scolaire, moins sur la folie que la séduction. C’est pas hyper personnel.
Et pourtant ça donne envie de regarder la suite. Car il y a Le Professeur. Et il y a Berlin. Les deux seuls protagonistes qui ont un peu de gueule au sein de toute cette médiocrité.
Un monde sans père.
8.0 Moins forte car moins cohérente dans son découpage notamment, cette deuxième saison aura toutefois confirmé que le hors champ concernant la mort du père existait moins en tant que cache pour le spectateur qu’en tant que deuil irrésolu pour les trois enfants. Cette saison aura convergé vers cette impossible acceptation commune en ouvrant – via trois quatre derniers épisodes pas très convaincants par ailleurs – vers leur résurrection en marche. Il va dorénavant falloir davantage voir les autres : Toby, Déjà, surtout Miguel & probablement la nouvelle conquête de Kevin : Car ils étaient / sont / seront beaucoup dans leur capacité à tous de revivre. Bref, ça me surprend moins dans l’ensemble, mais globalement ça continue de bien me mettre sur le carreau.