Archives pour la catégorie Sex education

Sex education – Netflix – S4 – 2023

10. Sex education - Netflix - S4 - 2023Utopie d’un adieu.

   7.0   Est-ce dû au changement de lycée (on quitte Moordale pour Cavendish), au départ de Maeve pour New York ou aux évaporations d’Ola, Lily, Jakob et Rahim, mais on a perdu quelque chose en route dans cette ultime saison, qui semble moins équilibrée, plus chaotique et dévouée à l’aspect inventaire woke qui la guette parfois ? Priorité ici à la transsexualité, l’asexualité, la pansexualité de façon un peu trop compulsive, reliées cela dit à ce nouveau lieu, lycée nettement plus progressiste et inclusif, aux airs de vivier lgbt utopique, au sein duquel Otis souhaite reprendre ses séances thérapeutiques mais se voit confronté à O, une fille qui en prodigue déjà.

     Cette partie-là se perd un peu en rebondissements sans saveur car l’intérêt je crois est ailleurs. Notamment dans la dépression post partum de Jean, qui reçoit l’aide de sa sœur, aussi détruite que perchée. Dans l’introspection de Cal, qui accepte non sans douleur son identité sexuelle. Dans celle d’Adam, qui renoue avec son père ainsi qu’avec lui-même. Dans celle d’Eric, qui souhaite réconcilier homosexualité et catholicisme. Dans celle de Jackson en pleine crise identitaire. Dans celle de Viv qui tombe bientôt amoureuse d’un pervers narcissique. Et j’en passe.

     On ne pourra pas reprocher à la série de ne pas s’intéresser à ses personnages et de les développer. Il y a sans doute beaucoup trop dans cette saison quatre, qui sera la dernière, et qui ressemble à un fourre-tout au sein duquel se mélangeraient des storylines de plusieurs saisons au préalable. Je me trompe peut-être mais j’ai eu cette impression tout du long, d’arcs narratifs mal déployés, car trop condensés. J’ai aussi été surpris d’avoir perdu ma passion pour le couple Maeve & Otis. Je ne voulais plus les voir ensemble. Quelque chose s’est cassé quand elle a décidé de partir. La voir revenir à mi-saison (pour une bonne raison, certes) m’a ennuyé.

     J’ai in fine davantage vibré pour celle qui jusqu’ici me faisait le moins vibré, celle que j’ai même détesté jadis, à savoir Ruby, personnage de la saison haut la main, pour moi, bouleversant. Et je me dis que j’aurais adoré les quatre saisons de Sex education aussi pour cette raison non négligeable : cette kyrielle de personnages magnifiques, qu’on adore, mais pas toujours au même moment durant ces quatre ans. J’ai eu beaucoup d’émotions à leur dire au revoir à tous.

Sex education – Saison 3 – Netflix – 2021

15. Sex education - Saison 3 - Netflix - 2021Don’t turn your back on love.

   8.0   Contrairement à l’avis quasi général, qui semble avoir été relativement déçu par cette troisième saison, j’ai trouvé ça une fois de plus formidable, écrit avec beaucoup de malice et de générosité, visuellement c’est toujours aussi chatoyant et surréaliste, et je suis toujours aussi amoureux de sa kyrielle de personnages.

     J’imagine que l’on peut être gêné par certains partis-pris, comme la relation Othis/Ruby, l’arrivée de Hope la nouvelle proviseure, le voyage en France ou bien la grossesse de Jean Milburn. De mon côté j’ai trouvé chacun de ces choix traités intelligemment, avec audace et surtout sans oublier les storylines parallèles, concernant évidemment Othis/Maeve, Eric/Adam, Lily/Ola ou Jean/Jakob.

     Mieux, j’ai moins eu la sensation d’un catalogue (de luxe, certes) placardé, comme dans les précédentes saisons, qui voulaient à tout prix traiter tous les sujets liés à la sexualité. Ici, la nouveauté c’est la non-binarité, incarnée par Cal (sublime personnage) qui fait son apparition. Mais la série n’en fait pas une vitrine plus imposante que le reste. Ça se greffe parfaitement à l’ensemble existant.

     Et sinon j’ai trouvé que c’était une saison nettement plus sombre, sur ce qu’elle dit de l’éducation, de l’institution scolaire, de la solitude (Groff) et bien entendu sur sa fin, concernant Jean puis le couple Othis/Maeve. La série n’a jamais semblé si grave, malgré sa légèreté de façade.

     Alors c’est vrai qu’on pourra déplorer que la série se soit laissé gagner par le délire scato lors d’un épisode de bus, déplorer que Viv soit devenue si insupportable, déplorer que Rahim soit un peu oublié. Difficile de tout réussir, quand on tente tant. Ce que réussit cette troisième saison de Sex Education me séduit et me surprend encore, quoiqu’il en soit.

Sex education – Saison 2 – Netflix – 2020

03. Sex education - Saison 2 - Netflix - 2020Freed from desire.

   8.0   Quand sonne le glas de la confirmation, c’est toujours le moment le plus délicat pour une série : Il lui faut combler un manque, prolonger la mise en place, étirer sans se disperser, rester elle-même tout en trouvant d’autres enjeux. Bref, on comprend que parfois ça plante. Si la deuxième salve de Sex education atteint largement ses objectifs, cela ne va pas sans une certaine dose de frustration. Cette frustration touche en grande partie son couple vedette, celui que la série a fait naître lors de ses dix premiers épisodes, sans qu’ils finissent ensemble mais avec la promesse que ce n’est que partie remise. Malheureusement (et heureusement) ça risque d’être partie remise encore un moment : Ici, Otis tutoiera sa toute première fois (et échafaudera tout plein de stratagèmes pour la retarder car il en est terrifié) avec Ola, avant que l’heureuse élue ne soit finalement Ruby – probablement le personnage le plus antipathique de la série – en conséquence d’une beuverie. Quant à Maeve, qui s’est finalement résignée à lui avouer qu’elle tient à lui, la voilà beaucoup trop embarquée aux côtés des « Quiz Heads » de Moordale et en surveillance de sa mère, qui est de retour, pour accorder du temps à son ancien collègue de psychothérapie clandestine. Otis aura d’ailleurs lui aussi ses problèmes parentaux, avec sa mère d’abord – car il va bientôt découvrir la relation qu’elle entretient avec Jakob, le père d’Ola – puis très vite avec son père, qui réapparait lui-aussi et souhaite lui accorder un peu de temps et d’amour. Bref, que cette frustration les (Maeve & Othis) accompagne jusqu’au dernier plan est conséquence logique de cet éloignement forcé, provoqué par l’impact de leur entourage et famille respective. Mais ce n’est que partie remise, c’est évident : Sex education existe en grande partie pour ce couple-là, ce couple absolument parfait, justement car il est en apparence très mal assorti. Le jeu de l’amour et du hasard finira tôt ou tard par les réunir.

     Parmi toutes les qualités qu’on peut attribuer à Sex education, il y en a une – que d’autres séries parfois oublient – qui est devenu systématique dans son processus narratif, c’est l’écriture complexe de nombreux de ses personnages apparemment secondaires, qui s’avèrent si passionnants qu’ils sont parfois plus si secondaires et menacent d’empiéter sur le noyau dur des personnages devenus centraux que forment Otis, Maeve, Adam, Jackson, Eric & Aimee. Viv incarnera le symbole de cette qualité, faculté à faire glisser les focales dominantes. Elle qui semble d’abord servir à justement servir la soupe à Jackson – qui troque la natation pour le théâtre – en lui prodiguant des conseils variés ; ainsi qu’à Maeve – qui débarque dans son groupe de « Quiz Heads ». Elle pourrait faire le pont entre les deux, on croit vraiment que le récit va nous emmener là-dessus. Au contraire, Viv devient un élément central, celle que Jackson va à son tour accompagner pour lui faire approcher son pote surdoué, mais très vite pour lui faire tout simplement prendre confiance en elle. Relation magnifique que celle entre Viv & Jackson. J’en aurais chialé.

     Il faut aussi parler de Jean Milburn – incarné par la sublime Gillian Anderson – tant elle ne se contente plus, comme dans la première saison, d’être la mère d’Otis. Son personnage est plus étoffé, d’abord au contact de Jakob (qui lui aussi devient un vrai personnage) dont elle finit par s’amouracher vraiment avant de constater que ses libertés sont trop vite sucrées par ce plombier envahissant. Qu’elle prenne bientôt la place de sexologue scolaire de l’université de Moordale raconte tout de cette étonnante mise en abyme : Il s’agit pour Jean de marcher sur les plates-bandes de son fils. De tenter de lui ôter peu à peu son rôle de héros. Elle y parvient un peu puisque lors de l’épisode de la fête qu’Otis donne chez sa mère, alors qu’elle est pourtant gentiment virée de chez elle, on la voit, en montage alterné, passer la soirée à danser dans un club, notamment avec Mme Groff, en pleine crise conjugale et révolution intime. Dans la première saison, Jean tentait de s’immiscer dans une fête pour récupérer Otis, là, le scénario lui offre un endroit rien que pour elle. Et c’est vrai qu’il n’y a plus de héros solo dans cette deuxième saison : Adam devient tout aussi central (et attachant : Immense tour de force que d’avoir fait de ce monstre antipathique un volcan de sensibilité refoulée) qu’un Eric, d’autant que le cœur de ce dernier balance entre lui et Rahim. Et c’est exactement la même chose pour Jackson et son affrontement avec ses mamans : Parvenir à cet échange bouleversant qu’il tient avec l’une d’elle sur un banc est le signe que Sex education est une série épatante qui en garde continuellement sous le pied.

     Mais c’est probablement sur sa dimension volontiers girl power que la série s’est complètement diversifiée. On a évoqué Viv, mais cette saison aura aussi creusé la naissance d’un amour « délicat » entre Lily & Ola. Et creusé des amitiés intouchables. L’épisode 7 en ce sens est un sommet : A travers les mésaventures d’Aimee (que j’aimais peu dans la première saison mais qui explose littéralement ici) agressée sexuellement dans un bus, les filles se regroupent – La série ira même jusqu’à citer Breakfast club le temps d’une colle dans une bibliothèque – pour l’accompagner et lui faire reprendre le bus, qui avait fini par la terrifier et lui faire prendre conscience que les hommes (et son petit ami compris, compréhensif, touchant) ne sont pas que des psychopathes sexuels. Sous ses contours légers, colorés, un peu nonchalants, c’est sa faculté à atteindre parfois une certaine gravité qui fait de Sex education une série passionnante, qui vise la diversité avant tout. On pourrait même l’attaquer là-dessus tant ça devient un peu systématique. Masturbation (féminine, masculine, mutuelle, avec objets), homosexualité (féminine, masculine, acceptée, refoulée, parentale), bisexualité, asexualité, tout y passe. On y évoque même les craintes des poires à lavement, les grimaces d’orgasmes honteuses, la pilule du lendemain, la pré-ménopause. Le catalogue est bien rempli. Et pourtant on y croit. On voudrait que le monde soit comme dans Sex education. Et on les aime d’amour, chacun de ces personnages.

Sex education – Saison 1 – Netflix – 2019

23. Sex education - Saison 1 - Netflix - 2019A la prochaine étape !

   8.0   S’il y a bien une série sur laquelle je n’avais guère fondé d’espoir – malgré tout le bien qu’on n’avait pu m’en dire, ici ou là – c’est bien celle-ci, ce teen show british. Je n’y croyais pas du tout. Mais passé le sentiment dubitatif provoqué par le pilot en demi-teinte, trop plein, trop provocateur, trop extravagant, il faut pourtant se rendre à l’évidence : Sex education est une merveille de teen show comme on en rêvait. Drôle, émouvant, moderne, frontal.

     C’est en soi déjà une belle réponse à American pie. Dans le film de Paul & Chris Weitz, il s’agissait de savoir si Jim et ses potes allaient oui ou non respecter leur pacte et tremper leur biscuit avant la fac. Dans la série de Laurie Nunn on suivra Otis en espérant qu’il parvienne enfin à se branler. C’est un peu plus complexe que ça, évidemment, mais j’aime bien l’idée de la boucle enclenchée par une masturbation manquée puis réussie : On sort du cadre habituel de la première fois / première baise.

     Otis, seize ans, fils d’une sexologue, vit dans un quartier aisé. Maeve, le même âge, sans parents, vit dans une caravane. Il est transparent, elle est populaire. Il est vierge, on la surnomme « la croqueuse de bites ». Le découvrant en train de donner des conseils à Adam qui est incapable d’atteindre l’orgasme, Maeve va embringuer Otis dans un business assez singulier de thérapie sexuelle au Lycée, en improvisant un cabinet thérapeutique clandestin dans des chiottes abandonnées.

     Chaque épisode – à la manière de Six feet under, avec les morts – s’ouvrira sur un rapport difficile entre deux nouveaux personnages, afin qu’on voit plus tard, l’un ou l’autre, voire les deux, demander les services thérapeutiques de Maeve, qui gère la logistique et d’Otis, qui écoute et conseille. Et très vite, un lien se crée entre eux deux, un lien pratique qui se transforme rapidement en relation plus confidentielle – Ils se confient l’un à l’autre sur leurs problèmes personnels – sorte d’amitié perturbée par des sentiments plus forts, faisant naître un amour impossible in fine assez bouleversant. L’épisode de l’avortement est probablement celui par lequel j’ai compris que Sex education (qui par instants me rappelle le sublime Adventureland, de Greg Mottola ou la non moins sublime série Freaks & geeks, de Paul Feig) et moi, c’était gagné.

     Il n’y en a pourtant pas que pour Maeve & Otis, puisque la série se focalise en réalité sur quatre personnages : Otis, Maeve, Adam & Eric. Adam est le fils du proviseur, c’est un cancre et un tyran solitaire, ayant la particularité d’être généreusement membré. Eric est le meilleur ami d’Otis, il est gay, assume pleinement son homosexualité mais supporte plus difficilement le regard des autres sur son homosexualité. Si ces deux personnages se greffent à merveille à Otis & Maeve, il faudra aussi compter sur beaucoup d’autres, à commencer par les parents (ou le frère, pour Maeve) dont on comprend vite qu’ils sont le reflet de leurs enfants ou la figure tutélaire trop imposante, mais aussi sur Lilly la clarinettiste, Jackson le nageur, Jakob le plombier, Ola la caissière du supermarché. C’est passionnant à tout point de vue. Pour chacun d’entre eux.

      Sex education fait un bien fou. Avec son écriture absolument brillante, ses personnages hauts en couleur, sa maestria à contourner tous les stéréotypes et sa modernité, tout simplement. C’est à la fois très cru et très doux, sale et solaire, suranné et moderne, réaliste et merveilleux, à l’image de l’écrin scolaire et résidentiel dans lesquels le récit évolue ou de ces sanitaires désaffectés. L’imposante colorimétrie n’empêche pas une profonde noirceur.

     Laissons-là décanter, mûrir, traverser le temps, se développer encore, mais pas impossible, si tout se passe bien, qu’on y retrouve une force similaire à celle d’un Freaks & geeks, le plus grand teen show de l’histoire des teen show.


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silencio


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