La maison.
5.5 Un mot sur les actrices puisqu’elles ont joué un rôle fondamental dans mon choix de visionnage : J’aime beaucoup Judith Chemla, depuis Camille redouble jusqu’à récemment, dans Ce sentiment de l’été, il y a ce truc en elle, cette espèce de folie douce, de sensualité gauche qui me plait. J’aime moins Géraldine Nakache, son hystérie ordinaire, ce qui émane d’elle de cynisme enfantin, de vulgarité masquée qu’elle traîne depuis Comme t’y es belle ou Tout ce qui brille. Les associer toutes deux, dissociables à mes yeux, à Yaël Abecassis, une actrice israélienne habituée du cinéma d’Amos Gitaï, je trouvais cela osé, très intriguant. Et la bonne nouvelle, c’est que la crainte de voir Nakache contaminer tout le monde s’est vite évaporé. Elle est très bien dedans.
Le film raconte les retrouvailles de trois sœurs, se réunissant pour la vente de la maison parentale, en Israël. Asia veut vendre pour voyager, trouver son idéal ; Cali pour s’acheter un appartement sur Paris et construire une famille ; Darel vend parce que ses sœurs veulent vendre, puisqu’elle, contrairement aux deux autres, a continué de vivre dans la maison de ses défunts parents. La caractérisation des personnages est aussi légère que le ton général dans lequel baigne tout le film, mais il y a une approche soignée à la fois du lieu (Cette maison pleine de vieilleries et son jardin en friche) que dans l’éternelle discussion sans possibilité de terrain d’entente qui se noue entre ces trois femmes. Outre les querelles retrouvées (Pour jeter un meuble ou pour arracher un arbre en gros) la maison est bientôt visitée par les fantômes de leurs parents ; Lourde image leur rappelant leur tendre enfance autant que leurs terribles douleurs – Qui aurait mérité d’être traité plus dignement, plus mystérieusement, mais n’est pas Weerasethakul qui veut.
Le film a surtout l’idée lumineuse (et peut-être autobiographique) de s’ancrer politiquement dans le Tel-Aviv de 1995 (De nombreux discours télévisés à l’appui) et de hanter son récit par l’assassinat de Yitzhak Rabin, le 4 novembre après son discours de paix. La scène en question, qui fusionne avec l’esprit de paix s’installant entre les sœurs, est un moment très fort, le long d’une route déserte, en pleine nuit, venant de la radio. C’est un tout petit film à l’évidente transparence mise en scénique mais qui respire une suffisamment honnête mélancolie pour sortir de la simple anecdote.