Huit femmes.
7.0 Adapté du best-seller éponyme, roman féministe écrit par Mary McCarthy quelques années plus tôt, The group permet à Lumet de s’immiscer dans un nouveau genre : le film choral. Au centre, huit personnages féminins, interprétés par des actrices à peine identifiées à l’époque.
Le récit se déroule principalement à New York, entre la grande dépression et le début de la première guerre mondiale, de la sortie de l’université de ces huit femmes, jusqu’à la mort de l’une d’entre elle.
Durant le générique d’ouverture, les huit amies sont attablées lors d’un repas et le plan effectue un travelling circulaire autour de la table, cadrant chacune au centre au moins une fois et donc les autres de dos. C’est le programme du film qui est d’emblée proposé et ce sera l’une des seules fois, finalement, où elles seront toutes réunies, à l’exception des différentes cérémonies de mariages.
The group c’est aussi l’histoire de son évaporation, de l’éparpillement de ce groupe de filles, d’un récit en étoile, où chacune se parle, se croise, en petit comité ou plus régulièrement par téléphone. L’une d’elles écrit même un journal, contant les destins de chacune, les mariages, les grossesses, les changements de voie professionnelle etc – à noter que le film est peut-être plus impressionnant encore dans ses scènes en espaces clos et en présences réduites.
Des filles pleines de rêves, d’idéaux, et de convictions, qui vont être confrontées, chacune différemment, aux désillusions de la vie, imposées par une société absurde, malade, gangrénée de toute part. Il sera question ici d’un ménage fragile, là d’un post partum chaotique (on y évoque frontalement la crise de l’allaitement) ou encore d’une virginité inassumée, d’une homosexualité refoulée – magnifique idée que d’avoir fait éclater cette homosexualité au moment où le personnage réapparaît, comme si son absence du champ symbolisait son refoulement.
C’est un portrait de femmes qui fait office aussi de portrait d’une époque qui se répète, tant le film est encore d’une acuité impressionnante aujourd’hui. S’il n’est pas tendre envers nombreux des personnages masculins gravitant autour de ce noyau féminin, le film a l’intelligence de déployer certains rôles, avec une extrême bienveillance, à l’image du père divorcée ici, du médecin amoureux là.
C’est un Lumet méconnu pour ne pas dire oublié, qu’il faut absolument voir ou revoir : je suis persuadé que c’est encore plus fort à revoir d’ailleurs, le film est vraiment émouvant que lorsqu’on parvient à cerner les personnalités de chacune de ces femmes, le lien qui les unit, le temps qui passe, et pleinement réussi que lorsqu’il étire un peu ses séquences, ce qui s’avère assez rare, préférant sauter d’une micro scène à une autre – ce sera mon unique, mais imposant grief.