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Outrage (Autoreiji) – Takeshi Kitano – 2010

Outrage (Autoreiji) - Takeshi Kitano - 2010 dans Takeshi Kitano 9968

     4.0   Il aura fallu passer par l’insupportable Achille et la tortue pour que Kitano revienne à ce qu’il fait de mieux. Non pas qu’il ait retrouvé la verve de ses plus belles réussites (Hana-bi, Dolls et dans une moindre mesure Sonatine, Zatoïchi) mais c’est un début, pourquoi pas un nouveau visage. Les premières minutes sont excellentes, elles contrastent avec le début de son précédent qui jouait la carte dessin animé basique pathétique. Outrage commence sur des gueules, une multitude de gueules, puis on aperçoit plus bas les costards, et dans le fond des voitures noires toutes identiques. On est dans un milieu Yakusa, aucun doute. La première discussion à laquelle nous assistons concerne un problème entre deux clans, et le film se reposera intégralement sur cette dissension, provoquant mensonges en tout genre, volonté d’ascension à la reconnaissance des supérieurs puis plus directement au pouvoir. Un grand patron tire les ficelles. Pour avoir passé un pacte fraternel avec le clan Murase, ce qui n’est pas du goût du big boss, le clan Ikemoto doit semer la pagaille, à l’aide du clan Otomo, de façon à ce que les liens se dissolvent pour ensuite acquérir le territoire Murase. Tout n’est très vite qu’enchaînement, les uns sont au service des autres, le but étant de s’entretuer sans vraiment s’entretuer. Le patron souhaite se faire son affaire solo, simplement épaulé par un bras droit qu’il humilie pendant tout le film, lequel s’en retournera finalement contre lui. Evidemment, niveau scénario, pas de quoi crier au génie. La première partie du film est un inlassable enchaînement de coup-bas, trahisons, façon on discute, on se coupe un doigt, on discute, on se prend une balle, on discute, on se retrouve très vite une pelle en main. En fait, on parle beaucoup dans Outrage, c’est exténuant. Du coup, après l’entrée en matière, le film s’essouffle et devient lassant, dans son schéma répétitif. Tout cela aurait presque mérité d’être muet, tout le bla bla est sans intérêt, surtout qu’il n’est là que pour nous faire tout comprendre. A la limite j’aurai préféré que rien ne soit dit, que l’absurde soit vraiment absurde, qu’il n’y ait pas de récit apparent. Lorsque le film s’envole un peu, quand il est moins bavard, qu’il se concentre davantage sur l’action, je me mettais à rêver d’un truc complètement envoûtant, un truc qui ressemblerait au dernier Jarmusch, The limits of control. J’aime la fatalité qui pèse sur les épaules de chacun de ses hommes. Ils acceptent de perdre leur doigt, de prendre leur retraite, de mourir dignement. En fait, ils acceptent tout au compte du type au-dessus de chacun d’eux. Ils humilient, puis sont humiliés, c’est la logique yakusa, leur logique. Il faut être plus malin que son prochain, et surtout avoir une avance systématique sur lui. Ils sont tous en sursis. J’aime l’idée de ce genre de films qui ne dit rien (ou presque rien – la place de Kitano lui-même dans ses films, l’intérêt est souvent ici) mais qui avance selon une logique implacable, le truc c’est qu’ici j’ai vraiment du mal à m’y plonger vraiment, ni même à prendre du plaisir, tout cela m’ennuie prodigieusement, à l’image de cet arriviste américain baladé dans tous les sens, même pas drôle. Il y a bien les vingt-cinq dernières minutes tout de même, où le film décolle, où il se veut plus direct, plus fatidique, mais dans l’ensemble je trouve ça moyen quand même.


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silencio


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