Publié 23 mai 2020
dans Terry Gilliam
Sacré râle.
4.0 Il s’agit de suivre le plus beau des losers, un Hulot meet Charlot, promis à Griselda, une femme des marais, qui s’en va récupérer les déchets des bourgeois aux portes du château, avant d’être confondu avec un prince et d’affronter (et tuer un peu malgré lui) le monstre qui terrorisait tout le comté, bête sanguinaire qui dépèce ses proies et laisse derrière elle que des squelettes brulants. Comment est-ce possible d’avoir de si beaux décors et de si mal les utiliser ? J’ai eu l’impression de voir un Rembrandt charcuté par un enfant de deux ans avec ses crayons de couleur mal taillés. Plastiquement, cette relecture de l’imaginaire médiéval est parfois très chouette. Il faut simplement gratter ce qui touche à la farce, désagréable par son hystérie et son excentricité forcées. Exemple : Les plans volants, subjectifs du monstre : C’est quasi du Red is dead. Gilliam, ce qu’il aime montrer d’un château, ce sont les gardes qui pissent du haut des tours. Et Jabberwocky c’est un peu ça en permanence : Un défilé de saynètes lourdingues, pas toujours inspirées. A l’image de celles des joutes et ce comique de situation qui voit le roi et sa fille être de plus en plus couvert de sang à mesure qu’ils se font aspergés par les combats. Bref, c’est pas du tout ma came. C’est le premier film de Gilliam en solo et s’il s’inspire du poème éponyme de Lewis Carroll, on sent surtout qu’il peine à se démarquer de l’esprit des Monty Python.
Publié 17 mai 2020
dans Terry Gilliam
Le moindre geste.
5.5 La promesse d’un Chris Marker transposé dans l’univers de Terry Gilliam vaut ce qu’elle vaut – Décidemment il faudra que je revoie Brazil, que je le réhabilite ou que je comprenne ce qui ne fonctionne pas sur moi – mais on ne peut pas ne pas louer son originalité et son audace : Après tout, La jetée est un film de vingt-six minutes, et un roman-photo, par-dessus le marché – Ce qui ne l’empêche pas d’être l’un des plus beaux films du monde, qu’on soit clair. Bref, c’est un beau défi, assez excitant. Voilà un moment que je tenais à le revoir en double programme avec La jetée.
Si son sujet ne surprend pas tellement – pour du Gilliam, s’entend – le point d’interrogation, c’est donc la forme : Comment transformer le splendide travail de Chris Marker, sans le dénaturer et sans lui ressembler ? Pas certain que Gilliam transforme vraiment l’essai, qui plus est à le revoir aujourd’hui : Le film a beaucoup vieilli, il est rapidement épuisant. Dévoré par son emphase, comme tout film un peu trop conscient de sa virtuosité. Mais il reste le geste, la tentative.
J’aime plutôt bien L’armée des douze singes, mais déjà à l’époque j’avais trouvé ça très bordélique dans l’image, le rythme, la narration. Pas bordélique riche, mais bordélique lourd, avec cette impression qu’on peut enlever beaucoup de gras, de grandiloquence et qu’on y gagnerait énormément. Ou disons que je lui préfère nettement plus le chaos post-apo d’un Blade runner ou d’un Children of men. Il y a toujours un côté bouffon, kitch, clinquant dans 12 monkeys qui me garde à distance, comme si le film se refusait au sérieux du romanesque, notamment via des pics d’humour très maladroits et des interprétations over the top.