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Sur écoute (The Wire) – Saison 4 – HBO – 2006

32Les corps derrière les portes.

   9.5   Avec les départs de Stringer Bell & Avon Barksdale (qui auront permis à The Wire d’embrasser la grande tragédie) il y avait à craindre à la fois d’éprouver un manque mais aussi que cette nouvelle saison change de braquet comme durant la saison 2. Les deux caïds faisaient à peine parti de cette saison, souviens-toi. Il fallait que The Wire poursuive sur son incroyable lancée, mais comment après un final aussi ahurissant que celui de la saison 3, qui avait tout pour fermer la série, ou presque, pouvait-elle retrouver sa grâce tout en proposant forcément autre chose – Qui aurait à voir avec Marlo Stenfield ?

     Il fallait mettre en avant une autre strate tout en préservant le terreau. Quoi de mieux que l’univers scolaire et son corollaire évident, le monde des enfants, tant The Wire s’est évertuée à en faire les rouages de la ville, souvent minuscules certes, mais essentiels, aussi bien côté flics (Ceux de McNulty, le bébé de Kima…) que côté cité, avec ces bébés auxquels souvent on arrache le père (D’Angelo) ou ces ados qui trop tôt entrent dans la guerre (Le gamin liquidé en saison 1) ou encore ceux comme les jeunes boxeurs, qui font tout pour s’en sortir autrement qu’en dealant.

     Afin de parfaire la transition, un personnage devait faire office de liaison corporelle. Ce sera Prez, ce détective acharné de l’ordinateur très important dans le fonctionnement de l’équipe secrète (Celle de Cédric Daniels), mis au rebus quelques mois plus tôt pour bavure (Haut fait de la saison 3) qui deviendra prof de maths dans un collège de Baltimore. Et Prez, donc, qui avait tout pour disparaitre du show, qu’on balançait dans le circuit de l’éducation comme pour s’en débarrasser (Pour le récit comme pour la série) va devenir son personnage central, la vraie pierre angulaire du récit. Epaulé par deux autres, qui étaient déjà très importants dans le système de la saison 3 : Colvin & Cutty. Oui, le major à l’idée d’Hamsterdam et l’ancien taulard devenu boxeur. Eux deux aussi deviendront chacun à leur manière des éléments du système éducatif. Une belle affaire de triple recyclage, en somme.

     Ce qu’on a donc perdu en démêlés juridico-politiques, on le gagne en approches du système éducatif, ainsi qu’en plongées familiales puisque si cette quatrième saison fait la part belle aux élèves, c’est aussi un beau portrait multiple des gosses de la ville, ceux des anciennes tours, donc des familles. La saison se focalise sur quatre d’entre ces gosses, tout particulièrement. Qui se connaissent ou se croisent. Qui peuvent très bien vite basculer du côté bag guy voire du côté cadavre disparu, même si pour ces quatre-là, les capteurs de sensibilité semblent plus prometteurs que pour d’autres – Le parallèle avec le garçon que Bubbs prend sous son aile est terrible, tant sa finalité (aussi brutale qu’absurde, d’ailleurs) nous apparait aussi inéluctable, que la descente aux enfers de son père de fortune qu’elle engrange. Ça et le destin de Bodie, évidemment, personnage qui aura traversé ces quatre saisons en fantôme.

     Mais le grand gourou de cette saison, celui qui a pris autant de Bell que de Barksdale, tout en se développant plus intelligemment, c’est Marlo. Et si Omar continue de lui jouer des mauvais tours (la séquence du poker, magnifique) il reste le gars calme, qui donne les ordres – Et distribue du fric aux gosses du quartier pour qu’ils lui ramènent des informations, pour qu’ils le respectent, essentiellement. Des ordres qu’on ne l’entend quasi jamais donner. La pure raclure, sans scrupule, mais qui n’en prend jamais l’apparence. Le criminel auquel la criminelle de Baltimore n’arrive à attribuer aucun crime, tout en sachant pertinemment qu’il est Le criminel.

     Cette histoire de corps gênants, cachés derrière les portes de maisons abandonnés, relève pleinement de son initiative. On ne le voit jamais à l’œuvre mais chacune de ses apparitions filent autant de frissons que celles de Snoop & Chris (Ses bras droits nettoyeurs) et les nombreuses exécutions qui font leur job. Ils sont les marqueurs d’une saison plus sombre encore que les précédentes. La première séquence interminable de l’achat du pistolet à clou dans un magasin de bricolage annonçait la couleur.

     Disparitions par dizaine qui deviennent vite la priorité de notre petite famille sur écoute – très dispersée au départ, mais que l’on va finir par retrouver – qui doivent aussi composer avec les désirs des grands bonnets politicards, comme d’habitude. Car la série va encore davantage creuser le cas Tommy Carcetti, nouveau maire, nouvelle cible et véritable arriviste fragile monté sur un siège éjectable. Une saison sombre dans chacune de ses institutions. Qui brille par ce déluge d’impasses et de violences en tout genre. Parvenir à terminer la saison sur une note d’espoir, même mince, relevait du défi.

     Bon et puisque j’en ai pas parlé précédemment, j’aimerais juste dire deux mots sur le générique, que je trouve très beau, d’une part dans la minutie de son montage, fait de gestes, objets, actions que dans son élégant choix musical qui reprend le morceau Way down in the hole, écrit par Tom Waits, dans un enregistrement différent, pour chacune des cinq saisons. C’est ce qu’on appelle La classe américaine.

     Découvert tardivement cette merveille qui peut aisément prétendre au titre de meilleure saison de série tv de tous les temps. Magnifique.

Sur écoute (The Wire) – Saison 3 – HBO – 2004

14890358_10154101660922106_8180726246062779831_oAu-delà des règles.

   9.0   J’ai mis le temps avant de me décider à poursuivre (Presque un an) c’est qu’à mon avis j’ai reçu la saison précédente comme électron presque libre, certes dans la continuité de la première mais sans véritable appel à être succédée. C’était une parenthèse Docks et famille Sobotka, parasitée par quelques séquences quartiers et prisons qu’avec le recul je trouve un peu foutraque dans son ensemble. En fait, la vraie suite de la saison Une c’est la Trois. Puisqu’on y retrouve notre équipe sur écoute dans le West Side ainsi que le duo Stringer Bell (plus businessman que jamais) & Avon Barksdale (qui sort de taule), les guerres de territoires, les aléas de la rue, les luttes entre polices. Plus encore qu’avant, la série est tentaculaire à souhait, ouvre des parcelles d’enquêtes superposées à d’autres (L’interférence de l’arme d’officier que Bunk doit retrouver, l’inutile travail de fond de Jimmy pour débusquer les dessous du suicide/assassinat de D’Angelo Barksdale, vu dans la saison précédente), approfondit les hiérarchies et l’histoire des corners (Avec Marlo, Omar, Cutty essentiellement), se penche sur de grands personnages en apparence secondaires : Tommy Carcetti, l’outsider politique (Qu’on pourrait rapprocher de Nick Wasicsko dans la dernière création série de David Simon, Show me a hero) ainsi que le Major Colvin, qui tente son va-tout juste avant la retraite et Cutty, l’ancien homme de main de Barksdale partagé entre le retour dans le milieu et sa réinsertion. Tous trois sont plus que de simples sidekicks. Surtout, cette saison devient brillamment politique (Dans sa bataille pour le leadership municipal, les interactions entre institutions, la création du quartier secret Hamsterdam, véritable junkie town pour contrer la hausse du crime). Saison hors norme donc,  pleine comme un œuf, avec des montées inoubliables autant qu’elles sont discrètes. Parmi d’autres : La scène de la terrasse entre Avon & Bell, les deux enfants du ghetto plongés en pleine impasse tragique du fait de leur opposition dans leur vision du gangstérisme ; Avec, forcément, ce qui suit dans l’immeuble en construction. Marqué aussi par l’épisode qui s’ouvre sur la bavure de Prez, la discussion entre Burk et Omar. Le duo Kima / McNulty. Le duo en friche Bubbs / Weeks. Avec cette saison The Wire gagne en amplitude et en complexité. Et The Wire, plus c’est dense et complexe plus c’est passionnant. L’ouverture sur la destruction des tours de Baltimore Ouest annonçait déjà tout : Les lieux sont les mêmes mais tout va changer. Bref, une saison 3 comme la saison 1, mais qui ne lui ressemble finalement pas tant que ça. Chef d’œuvre absolu.

Sur écoute (The Wire) – Saisons 1 & 2 – HBO – 2002/2003

11041159_10152826701312106_3589120998240051044_n Corners & docks.

   8.5   Pour faire les choses bien il faudrait s’attarder longuement, écrire des pages et des pages, la série le mérite. Je m’y collerai peut-être une fois que j’aurai tout vu, on verra. The Wire atteint avec cette deuxième saison une dimension telle que j’en suis à me demander jusqu’où elle va encore m’embarquer à l’image de ce qu’elle fait de Baltimore. C’était surtout la cité dans la première saison, ici on est beaucoup chez les dockers. Mais en fait, on est partout en même temps. Du conteneur de marchandises aux plus grandes chambres politiques, de la prison du comté aux brigades spécialisées. L’envergure du récit est dingue. J’en suis accroc. Et puis c’est constamment génial ça frise l’insolence. Le dernier épisode est un monument à lui seul. Il ne ferme rien, ouvre tout. Je n’ai qu’une envie c’est de continuer sur ma lancée mais je me force à faire une pause, je reprendrais début 2016, afin en attendant, de rattraper mon retard dans les dernières sorties séries.


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silencio


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