Eux c’est nous.
9.0 Il y a toujours des idées de mise en scène dans This is us. Souvent il s’agit d’échos temporels sur lesquels la série joue si bien, parfois ce sont des détails comme lorsque Randall, ici, consulte enfin un psy, se confie puis se braque, fulminant contre un tableau angoissant, une machine à café récalcitrante, avant de revenir in-extremis, quand il comprend qu’il a autant besoin de cette thérapie pour lui que pour le bien de Beth, sa femme.
Lors de sa première séance, le plan cadre systématiquement Randall, jamais la thérapeute, dont on entend la voix, mais qui reste hors champ ou seulement en amorce. C’est seulement lorsqu’il revient, décidé à s’engager dans cette thérapie, en somme, que le visage de son interlocutrice apparaît. Voilà, c’est pas grand-chose, c’est qu’un détail, mais ça fait partie des nombreuses idées qui jalonnent cette formidable série, d’une élégance exemplaire et d’une force inouïe.
Il me semblait avoir entendu dire que la saison 4 était en-dessous, que la série s’essoufflait, tournait en rond. Je pense tout le contraire : elle s’étoffe encore, sans pour autant s’éparpiller. Chaque épisode est une déflagration. Jamais autant pleuré que devant This is us, je me répète je sais, mais c’est à un tel point qu’il m’est impossible d’enchaîner deux épisodes, tant chaque salve me laisse systématiquement sur le carreau.
La saison culmine dans un quadruple épisode (aux deux-tiers) centré sur les trois frangins en crise durant la même temporalité (qu’on peut renommer le sad three) avant d’enchaîner un épisode de réunion dans leur chalet familial, où se côtoient les souvenirs, l’amour, la maladie, la mort, autour notamment d’une capsule temporelle enterrée. C’est un sommet d’écriture et de construction dramatique, c’est déchirant et merveilleux.