Archives pour la catégorie Thomas Vinterberg

Kursk – Thomas Vinterberg – 2018

05. Kursk - Thomas Vinterberg - 2018Voyage au bout de l’envers du décor.

   5.5   A quoi reconnaît-on un mauvais cinéaste ? Quand son meilleur film est produit par EuropaCorp. Plus sérieusement c’est tout de même étrange de voir Vinterberg, qui rappelons-le créait le Dogme avec Lars Von Trier vingt ans plus tôt, faire un film produit par Luc Besson, sur la tragédie du Kursk, avec Léa Seydoux, en langue anglaise, selon une trame qui ressemble un peu à celle de Voyage au bout de l’enfer. Dommage que le sous-marin en question ne s’appelât pas Kamoulox.

     Vinterberg décide donc de revenir sur cette catastrophe maritime qui se produisit durant un exercice de la Marine russe, en mer de Barents, en août 2000 : Tandis qu’il prépare le chargement d’une torpille, le sous-marin nucléaire subit plusieurs explosions puis se retrouve coincé dans les profondeurs, avec 118 hommes à bord. Les équipes de sauvetage russe, et leur matériel obsolète, tentent de s’arrimer à la trappe d’évacuation, sans succès. Quand l’état-major se résout à demander aide à la Marine britannique et norvégienne, il est déjà trop tard.

     Vinterberg veut probablement trop en mettre : Raconter le calvaire de ces hommes prisonniers des fonds, du froid, et bientôt du manque d’oxygène mais aussi celui de ces épouses qui attendent d’avoir des nouvelles qu’on ne leur donnera jamais. Et en prime bien sûr raconter le fiasco politique qui se joue plus haut, et notamment la raideur infâme de l’amiral russe – incarné par un Max Von Sydow, en bout de piste, mais toujours génial – face aux propositions d’aide britanniques – dont le commandant est ici campé par Colin Firth.

     C’est sans doute beaucoup trop car finalement insuffisant sur les trois tableaux : le survival ici, le mélodrame la, en passant par le film politique, tout ça manque d’ampleur et de déploiement. Soit il faut choisir (Das boot le faisait très bien : on ne quittait pas les marins) soit il eut fallu en faire une série, façon Chernobyl. Néanmoins, bien que clairement romancé, le film est réussi sur plein d’aspects, passionnant déjà, et ce qu’il filme à l’intérieur de la carcasse par à-coups claustro, est assez efficace et angoissant.

Drunk (Druk) – Thomas Vinterberg – 2020

13. Drunk - Druk - Thomas Vinterberg - 2020Alors, on danse ?

   5.0   Le nouveau Vinterberg s’appuie sur une citation de Kierkegaard puis sur un postulat théorique ô combien provocateur, tiré d’un psychologue norvégien, considérant qu’il manque à chaque être humain 0,5g d’alcool par litre de sang pour être heureux.

     Quatre copains, tous enseignants, un peu déprimés par leur vie personnelle et professionnelle, décident d’expérimenter l’idée et boivent de façon régulière afin de se maintenir en état d’ivresse relativement constant.

     Le film a tout pour devenir une parfaite tragi-comédie, tendance feel-good, il l’effleure notamment lors d’apartés clipesques nous offrant à voir nos profs retrouver le goût d’exercer, ou plus simplement lorsqu’ils se murgent tous les quatre.

     Mais Drunk est sans cesse guetté par le drame : Les dislocations de couples, d’abord, le mal-être existentiel, toujours, la mort, bientôt. Les vignettes déployées sont donc systématiquement contaminées par une dépression latente provoquée par l’ensemble de la société.

     C’est sans doute un peu superficiel, trop prévisible, trop écrit pour s’incarner pleinement, mais il y a de très beaux instants, émouvants quand on entre dans la sphère intime du couple. Et Mads Mikkelsen est fabuleux, comme d’habitude. Je pense même qu’il fait tout le film, qu’il lui donne sa raison d’exister.

     On y perçoit donc l’héritage lointain d’un Husbands, mais Vinterberg n’est pas Cassavetes. Ça manque quand même d’idées, de folie, d’originalité dans la mise en scène. Le film aura surtout ce beau statut en période de crise Covid d’agir en médicament. « À consommer sans modération » titrerait probablement Le Figaro. Pourtant, sans donner de leçon non plus, Drunk finit par dire un peu le contraire. Buvez, mais pas trop. Dansez, plutôt !

La communauté (Kollektivet) – Thomas Vinterberg – 2017

23Loin du monde.

   4.0   S’il est l’un des fondateurs du Dogme95 avec Lars Von Trier, on ne peut pas dire que la suite de la carrière de Vinterberg soit aussi pertinente que celle de son confrère danois. Certes, il aura réalisé Festen, un choc à l’époque, mais le film a vingt ans et pas sûr qu’il soit bon de le revoir. Si La chasse m’avait profondément agacé, je garde aussi un souvenir bien désagréable de son lourdingue Submarino, sorti il y a sept ans.

     Au premier abord, La communauté est un film plutôt attachant dans son genre, tendant vers le feel good movie (Dans les années 70 à Copenhague, une famille hérite d’une grande maison familiale et décide d’y convier amis et inconnus pour la partager) avant de plonger dans le mélodrame. L’écriture n’est pas très fine et la mise en scène encore moins. Sa kyrielle de personnages sauve un peu les meubles.

     Pourtant le film se perd à mesure tandis qu’il devait nous trouver (Scénario aussi cousu de fil blanc que famélique), s’alourdit d’éléments inutiles alors qu’il aurait pu creuser un sillon plus léger, sans pour autant renier sa dégénérescence intérieure. On n’en sort circonspect alors que le dispositif et ses chevauchements avaient tout pour être un minimum émouvants, notamment sur ce qu’il tente de raconter de la dépression, du couple qui se disloque, du premier amour, d’un groupe qui se fissure en faisant côtoyer ses propres drames et démons. Bref, ça aurait pu être mieux.

     Pour l’anecdote j’ai passé une partie de la séance à me demander où j’avais pu voir Ulrich Thomsen ailleurs que dans Festen. Et c’était bien évidemment dans Banshee, en Kai Proctor. J’ai souvent du mal à distinguer un acteur de film en série je me rends compte, alors quand la langue n’est pas la même, c’est l’enfer. D’ailleurs j’ai aussi passé toute la séance (Oui, je m’ennuyais) à croire que Steffen (Le doux barbu bedonnant) était incarné par le même gars qui joue Sam Tarly dans Game of thrones. Et en fait pas du tout. J’y aurais pourtant mis ma main à couper.

Submarino – Thomas Vinterberg – 2010

Submarino - Thomas Vinterberg - 2010 dans Thomas Vinterberg SUBMARINO4

La douleur.    

   3.0   Si l’on connaît Festen, on sait que Vinterberg aime anéantir ses personnages, surligner la douleur de leur passé, son surgissement dans un présent plus nuancé, mais toujours aussi morose. Mais il y avait quelque chose dans Festen qui me plaisait beaucoup sans que je ne puisse dire objectivement qu’il s’agissait d’une idée de génie : le recours formel à la caméra vidéo, accentuant l’esprit de drame familial pris de l’intérieur, comme un film de famille, ce qui en faisait, malgré tous ses défauts (penchant inévitable pour le glauque, plans impossibles, personnages antipathiques…) un objet plutôt étrange, presque jouissif où se dégageait une énergie nouvelle.

     Submarino échoue presque à tous les niveaux. Car dans cet acharnement compulsif dominé par la mort d’un bébé, l’alcool, la drogue, la prostitution, la prison, l’amputation et le suicide, ne naît absolument aucune mise en scène, aucun relief de la société, simplement des personnages sur-écrits, une volonté de les détruire pour aller chercher le pardon dans leurs entrailles, un montage parallèle parfois rance, des rebondissements glauques et insensés. Vinterberg ne filme jamais l’espace, il ne s’occupe que de la souffrance de ses protagonistes. Il ne fait pas bon vivre au Danemark. Surtout si l’on sort d’une enfance douloureuse (drame commun + mère alcoolique et violente) et bien dis-donc quelle bonne nouvelle !

     Néanmoins des choses m’ont plu. Même si je ne vois absolument aucune issue là-dedans, un peu à la manière d’un film d’horreur (Vinterberg devrait se mettre à en faire, ce pourrait être monstrueux) je suis emporté par le jeu d’acteurs, et mine de rien ce drame qui les ronge à une intensité qui ressort à l’écran, et dans cette dernière partie de film, qui fonctionne comme une retrouvaille macabre, je suis tout de même touché parce que le cinéaste sait être sobre dans sa mise en scène, plus terre-à-terre, moins abracadabrante. La mère vient de décéder, il y a un héritage, que le plus grand des deux frères offre au plus jeune (drogué) pour recourir à ses manques. Il y a alors un personnage qui prend une place très importante c’est le fils du plus jeune. J’aime la relation qu’ils nouent tous les deux, je n’aime pas spécialement les déroulements, mais j’aime certains regards, certains gestes. J’aime l’amour qui d’une manière unit ces deux frères, à jamais meurtri par ce qu’ils ont fait étant petit. J’aime l’amour qu’ils portent l’un sur l’autre, le même que le plus jeune porte à son fils. Les personnages de Submarino ne prennent jamais soin d’eux, ils prennent soin des autres, même dans les pires situations (le frère de l’ex petite amie) à l’image de cette main ensanglantée, sans cesse recouverte d’un bandage artisanal, qui ne tardera pas à lâcher. C’est sans issue, tous les artifices symboliques y sont présents pour accentuer cela, mais derrière cet acharnement il y a tout de même un truc qui curieusement vient me cueillir, le même genre de truc que dans Dancer in the dark, de Lars Von Trier, même si ce dernier me bouleversait littéralement.


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