Retour aux sources.
6.0 Une fois n’est pas coutume, concernant les derniers Burton, ce qui m’intéresse se joue moins sur le discours théorique. Il y a bien le personnage incarné par Winona Ryder qui utilise ses aptitudes pour un programme télévisé : difficile de ne pas y voir l’autocritique de Burton lui-même qui est passé par chez Disney. Difficile de ne pas songer que l’appel à Beetlejuice n’est pas une volonté de renouer par la facilité à ses premières amours et par la même occasion avec ses premiers fans. Il y a même une réplique à la toute fin qui laisse penser que Burton, on l’y reprendra plus. Mais j’ai des doutes.
Qu’importe, ce qui m’intéresse c’est surtout de voir Burton retrouver le goût pour la bricole, le plaisir du film artisanal, bordélique, cabossé. C’est rythmé, c’est inventif. Ici il y a du stop motion, là un flashback en italien. Il y a l’hommage à Mario Bava. Un morceau de Carrie. Il y a le Soul Train. Par ailleurs, tout ce qui se déroule « en-dessous » est infiniment plus intéressant que ce qui se passe « au-dessus ». L’histoire, Burton s’en cogne, le scénario on n’en parle pas. Ce qui l’intéresse c’est l’imaginaire déployé par sa comédie macabre, des personnages haut en couleur et notamment ces trois générations qui cohabitent.
C’est un peu paresseux, aussi : L’ado rebelle qui croit pas aux fantômes (pour pas faire comme maman) c’est pas terrible. D’autant que c’était déjà plus ou moins le rôle de sa mère, il y a trente-six ans. Jenna Ortega est en dessous d’ailleurs. Difficile de rivaliser avec Winona Ryder et Catherine O’Hara, en même temps.
Bref c’est tout à fait inoffensif et anachronique, mais le film m’a bien diverti, contrairement au premier qui m’a beaucoup ennuyé à la revoyure. Après, pour être tout à fait honnête, il ne m’en reste quasi rien, tout s’est déjà évaporé, le plaisir était réel ce soir-là (qui plus est en avant-première) mais immédiat, éphémère. Et étant donné mes rapports compliqués avec le cinéma de Burton, c’est déjà pas mal.