L’américain.
6.5 Sans doute pas aussi beau et évident que Spotlight, mais je retrouve ce classicisme souverain qui m’avait tant séduit chez McCarthy. Projet casse gueule ici dans la mesure où y avait pas plus américain que son précédent film et qu’il choisit cette fois de tourner une grande partie à Marseille entre un prologue et un épilogue situés à Stillwater, Oklahoma.
Un père de famille (Matt Damon, impeccable, comme toujours dans ce genre de rôle) rend visite à sa fille (Abigail Beslin) incarcérée aux Beaumettes. Quand il apprend que malgré une nouvelle donne dans l’affaire les avocats ne souhaitent pas rouvrir le dossier (Sa fille ayant écopée de neuf ans pour un meurtre qu’elle nie en bloc) il prend l’enquête en main et se trouve confronté à un système juridique complexe et à une ville tentaculaire avec des codes et une langue qu’il ne maîtrise pas.
La grande réussite du film c’est sa plongée dans ce choc des cultures. D’autant que Damon joue un prototype de l’électorat Trump, un ouvrier, bourru, casquette clouée sur la tête, récitant un bénédicité avant chaque repas et fier de posséder des armes à feu. La française avec qui il se rapproche, d’abord pour lui servir de traductrice, c’est une actrice de théâtre, incarnée par Camille Cottin. Et le cœur du film se joue dans ce choc là, dans la possibilité de faire jouer ensemble Damon & Cottin et faire qu’on y croit. Et on y croit.
Stillwater est très réussi jusqu’au match de foot au Vélodrome. Et alors, il y a une pirouette imposante et invraisemblable. Puis le film s’embourbe dans un truc trop lourd pour lui tandis qu’on se dit qu’il aurait pu faire sans, et laisser le coupable ou la possibilité d’un coupable hors champ. Maintenant, je crois que McCarthy a pensé le film autour de son ultime scène (très belle) et ce dernier dialogue, et forcément pour y arriver il faut tout détruire. Quoiqu’il en soit j’aime bien le film globalement d’autant que je n’ai pas vu ses 2h19 passer.