Archives pour la catégorie Tony Scott

True romance – Tony Scott – 1993

12. True romance - Tony Scott - 1993Clarence & Alabama.

   6.0   Le film fonctionne – et l’on reconnait bien là toute l’écriture de Tarantino – par grandes saynètes avec généralement, bien sûr, une tension et une violence différée et en crescendo : chaque star ou presque aura sa scène, parfois unique d’ailleurs (Gary Oldman, Christopher Walken, James Gandolfini, dans des rôles aussi éphémères que mémorables) occasionnant une juxtaposition savoureuse mais avec ses manquements. Trois scènes, avant le carnage final qui fonctionnent sur le même dispositif, d’un long dialogue virant plutôt au monologue, avant un déchaînement de coups, de flingues et de sang.

     Dans le texte, True romance est avant une déclaration d’amour au cinéma (de kung-fu essentiellement) et aux acteurs. Il manque un souffle dans la romance, il manque du punch dans les divers affrontements, il manque l’émotion de manière générale. Difficile de savoir si c’est à mettre au crédit d’une plume un peu chaotique ou à celui d’une réalisation pas très inspirée de Scott. Un peu des deux, probablement. Pourtant, la magie opère. Le film est beau, frais, rythmé. Et rien que pour la scène de la caravane entre Dennis Hopper et Christopher Walken, il faut voir True romance ainsi que pour ce bel hommage musical (avec la variation autour du Gassenhauer, de Carl Off) à cette sublime cavale romantique qu’est le Badlands, de Terrence Malick (un film d’un tout autre niveau, soyons honnêtes).

Le dernier samaritain (The last boy scout) – Tony Scott – 1992

08. Le dernier samaritain - The last boy scout - Tony Scott - 1992Touchdown.

   7.0   Celui-là j’ai dû le regarder autant que Die Hard 3, jadis, c’est dire. Puis plus du tout. J’adorais son côté badass over the top, ses punchlines, son rythme, sa violence, son extrême grossièreté. J’adorais ce duo mal assorti incarné par Bruce Willis et Damon Wayans : Joe Hallenbeck, cet ancien agent des services secrets, devenu détective privée alcoolique & Jimmy Dix cet ancien running back banni pour paris sportifs illicites, dorénavant cocaïnomane. Comment faire plus loser anti-héros que ces deux types, que ce Bruce Willis là, pire encore que le John McClane de Die Hard, tant c’est une vraie poubelle, ici.

     Là en le revoyant je ressens bien (plus) l’écriture de Shane Black (que la mise en scène de Tony Scott) qui a donc aussi écrit L’arme fatale. Il y a beaucoup de similitudes entre les deux films : c’est aussi très déprimant, comme récit. Mais il y en a aussi quelques-unes avec Une journée en enfer, qui se fera après et qui le surpasse largement : Scott n’est effectivement pas McTiernan. Mais ce sont deux films très différents pourtant, car celui-ci suit une trame de film noir, un récit de privés, aux accents de film d’espionnage, les flics en sont absents, ne reste plus que de géniales gueules cassées improbables.

     Il parait que ce fut un cauchemar à faire, que les acteurs se détestaient, que Scott, Black et Silver (le producteur) se faisait globalement la guerre. Cette dimension chaotique se ressent un peu à l’image, c’est vraiment le foutoir. On sent que ça peut glisser dans le n’importe quoi à tout moment : la marionnette dans la forêt, les deux mallettes à la fin, le dernier combat sur les projecteurs du stade de football. Mais qu’importe, je suis super content de l’avoir revu. Et puis cette gamine qui est une machine à insultes, c’est fabuleux. Bourrin, viriliste, bref du mauvais goût assumé jusqu’au dernier pas de danse à la fois complètement absurde et étrangement poétique. Tellement loin de nos actioners tout polissés d’aujourd’hui.

Top gun – Tony Scott – 1986

06. Top gun - Tony Scott - 1986« Slider ? Tu pues »

    3.0   Je pensais l’avoir déjà vu, il y a longtemps. Puis en revoyant des extraits récemment, j’en ai douté. Je voulais le (re)voir avant Top gun, Maverick. Et je confirme : Je n’avais jamais vu ce film. Je pense que mon cerveau l’avait fabriqué à partir du morceau « Take my breath away » et des images d’Hot shots, je ne sais pas. Quoiqu’il en soit je ne m’attendais pas à grand-chose, ni à être agréablement surpris (on sait comment fonctionne ce genre de film, il vaut mieux éviter de les découvrir sur le tard) ni à ce que ce soit un navet cosmique. Mais franchement, on passe quand même pas loin de la deuxième catégorie.

     Tout ce qui se joue au sol, hors des avions de chasse, c’est vraiment au mieux sans intérêt, au pire très embarrassant ou alors il faut s’en remettre à la kitcherie de sa dimension homoérotique, dans les vestiaires ou sur ce terrain de beach-volley notamment où les corps luisants sont filmés au ralenti agrémenté de positions douteuses. Pourtant, même en vol, le film ma parait assez peu passionnant car on ne comprend pas grand-chose à ce qui s’y déroule : On voit des avions faire la course, ils font du bruit et les pilotes s’envoient des vannes d’un cockpit à l’autre, super. C’est surtout très confus.

     Alors on tente de s’en remettre aux personnages mais c’est encore plus compliqué : Goose, peut-être, sera le plus attachant (parce qu’Anthony Edwards aka Mark Greene dans Urgences) mais sa mort au mitan fait ni chaud ni froid. Il y aura toujours la pseudo love story entre le pilote et l’instructrice, oui mais rien de transcendant non plus, on sent que c’est un truc scénaristique ajouté, une storyline prétexte, car Pete Mitchell, au fond, est plus amoureux d’Iceman que de Charlie. Mais bon, ce qu’il en reste surtout aujourd’hui : Un très mauvais spot publicitaire en faveur de la Navy. Je l’avais noté 3 sur SC, sans le voir. Je vais le noter 3 en l’ayant vu. Comme quoi, parfois, ça ne sert à rien de voir des films.

USS Alabama (Crimson Tide) – Tony Scott – 1995

30. USS Alabama - Crimson Tide - Tony Scott - 1995Torpilles dans le Pacifique.

   4.0   Quand bien même le pitch nous y convie (Une affaire de dissuasion nucléaire et de message indéchiffrable, entre sous-marin lanceurs d’engins) il s’agit en définitive moins d’un film de sous-marin ni même d’un film de guerre – Ne pas le comparer à Das boot, ne pas le comparer à Das boot – que d’un essai musclé, parfaitement hollywoodien, sur la cohabitation politique et l’ego trip de stars. C’est sa force et sa faiblesse. L’affrontement post guerre froide (le récit se déroule de nos jours, en 1995 donc) se joue moins entre russes et américains qu’à l’intérieur même de ce submersible, entre le commandant et son second, l’un plutôt démocrate, l’autre ouvertement républicain, ayant chacun leur propre vision de la guerre, pour faire vite. Mais l’affrontement se joue aussi dans la volonté pour Gene Hackman & Denzel Washington de s’octroyer le premier rôle – Ils cabotinent tous les deux, chacun dans leur registre. Donc d’un point de vue théorique, le film est assez savoureux. C’est le reste qui pèche sévèrement, ce qui est plutôt surprenant de la part de Scott, qui a souvent montré qu’il savait faire le boulot sur ce point : Si Jours de tonnerre tient un peu la route, c’est en grande partie pour ses courses. Ici rien ne fonctionne. Tout est beauf et terne ; les dialogues autant que l’action, ces grandes phrases insipides et cette bouillie musicale illustrative signée Hans Zimmer, qu’il recyclera toute entière dans Rock. On sent que Scott fait tout juste le job pour servir la soupe à Bruckheimer mais c’est vraiment paresseux.

Jours de tonnerre (Days of thunder) – Tony Scott – 1990

12. Jours de tonnerre - Days of thunder - Tony Scott - 1990Lightning Tom Cruise.

   5.5   Au rayon des films de mon enfance, Jours de tonnerre tenait une place de choix. Sans doute ai-je eu une période voitures de courses, je vais pas cacher mon amour d’antan pour Destruction derby puis Gran Turismo. A moins que ce soit une période Nicole Kidman ? Je le connais tellement bien que je pouvais aisément devancer pas mal de répliques. Mais malgré cet attachement, c’est une revoyure en demi-teinte. Le film a plutôt mal vieilli, aussi bien dans le rythme que narrativement : Trop hystérique sur le grand ovale, trop mollasson dans ses parties dialoguées. On s’en remet à l’interprétation de ce casting quatre étoiles ainsi qu’au pouvoir visuel des courses, toujours très efficaces. Et quand bien même, en plus d’être un peu trop épileptiques, ces courses sont hyper mal narrées : à la fin on n’a toujours rien compris de comment se déroulent ces courses de stock-car, ce qu’on a ou pas le droit de faire et encore moins pigé l’univers NASCAR. Pour moi c’est le syndrome Tony Scott, très à l’aise visuellement – certains de ses films me restent parfois sur une image : L’avant du train dans Unstoppable, l’explosion du ferry dans Déjà vu – mais complétement bordélique sitôt qu’il faille raconter quelque chose. Ici l’histoire d’amour sort un peu de nulle part, l’amitié désespérée entre les deux rivaux accidentés manque de crédibilité. Reste cette histoire de rédemption à travers la mort d’un pilote mais elle est assez sous exploitée : On ne sait pas bien, in fine, si Robert Duvall joue au ronchon mélancolique à cause de ce drame encore palpable ou parce que la belle gueule du futur adepte de la scientologie ne lui revient pas. Plus sérieusement, cette idée scénaristique m’a beaucoup rappelé celle d’un autre film sorti seize années plus tard, aussi un film de voitures, à savoir le Cars, produit par Pixar. Le retour de Doc c’est un peu celui de Robert Duvall, ici. Et on peut aller plus loin : Cole Trickle c’est Flash McQueen. Sally c’est Nicole Kidman. Elwes et Rooker c’est Chick et The King, Daytona c’est la Piston cup. Il n’y a pas d’histoire de village mourant depuis l’apparition d’une autoroute, c’est peut-être ce qui manque à Days of thunder qui à force de suivre les circuits du championnat ne s’ancre véritablement nulle part. Les couchers de soleil, les sponsors verts sur fond noir et les filtres dégoulinants sont les même partout. Mais les acteurs font le job. Chose plus délicate à entrevoir chez Pixar. J’ai aussi pensé au Grand bleu – autre film de mon enfance – pour la rivalité suicidaire des deux gamins teubés, mais c’est déjà un peu plus tiré par les cheveux. Bref, j’ai quand même pris du plaisir à revoir ce film. A revoir certaines scènes que j’aimais beaucoup étant gamin, et les apprécier encore aujourd’hui, comme le défilé de courses ratés sous « Gimme some lovin », le contrôle de police – et sa scène miroir de la première rencontre Cruise/Kidman – et de manière générale toutes les scènes sur l’asphalte ou dans les carlingues, aussi brèves soient-elles.


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silencio


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