Publié 19 avril 2024
dans Séries, Tapie et Tristan Séguéla
Tapi dans la lumière.
8.0 Lors d’un télé crochet qu’il partage avec Polnareff, Tapie, alors aspirant chanteur, est Tapy car ça fait plus américain. Tout le personnage se résume à ce changement de nom, de lettre. Avec Tapie, tout fonctionne sur de l’esbrouffe. C’est un magouilleur de génie. Mais aussi un personnage en contresens, un capitaliste de gauche, un patron qui se revendique prolo. Rien ne sera montré de son enfance. Rien non plus d’après son incarcération. Tout ce qu’on aura se situera dans cet entre-deux fou et passionnant.
Tristan Séguéla, qui était à la barre de comédies somme toute sympathiques, Docteur ? (avec Michel Blanc) et Un homme heureux (avec Fabrice Luchini) n’était à priori pas le choix le plus évident pour être aux manettes d’une mini-série centrée sur la figure Bernard Tapie. Lui qui est aussi le fils de Jacques, le publicitaire et ami de Tapie, disons que tous les voyants étaient au rouge. Il faut ceci dit mentionner qu’Olivier Demangel co-écrit le projet, lui qui contribua par exemple à Baron noir). En résulte un produit inattendu, hybride, absolument passionnant.
Quelle superbe surprise ! J’ai trouvé ça formidable de A à Z, sept épisodes durant, et peut-être même davantage au fil des épisodes, la série culminant dans cette demi-heure d’entretien / confrontation entre Tapie & le juge de Montgolfier, d’une puissance inédite. Mais le reste est tout aussi génial et bien que très linéaire dans sa construction, chaque épisode semble raconter une autre facette de Tapie, le jeune arriviste, le délire autour de Cœur assistance, la reprise de Wonder, le ministre, l’OM. La série se concentre là-dessus, rien avant, ni après. Elle fait le choix de ce créneau-là qui est à l’image du reste, un geste fort, incarné évidemment par un Lafitte incroyable, le rôle de sa vie.
Publié 25 octobre 2023
dans Tristan Séguéla
Nobody’s perfect.
5.0 Tandis qu’il avait promis à sa femme de raccrocher, le maire de Montreuil sur mer depuis trois mandat s’apprête à se représenter pour les élections. Le jour où il décide de lui en parler elle aussi a quelque chose d’important à lui annoncer : son coming-out transsexuel.
Le précédent film (Docteur?) de Tristan Seguela (oui le fils de son père) m’avait plu. En grande partie pour son timing comique. Et l’on retrouve cette qualité-là ici, grâce à ses interprètes, Catherine Frot, Fabrice Luchini, Artus, Philippe Katerine. Tout le film repose sur eux. La mise en scène est sans intérêt.
Au vu du pitch je m’attendais tellement à une daube que c’est plutôt une bonne surprise, Un homme heureux. Sans doute parce qu’à défaut de crédibilité, le film va jusqu’au bout de son entreprise queer. Certes c’est un peu la transidentité pour les vieux (on est loin de Transparent, la belle série de Joey Solloway) mais dans son registre comique populaire réconciliatrice c’est un peu ce que cet escroc de Dany Boon aimerait faire, en somme.
Publié 8 février 2021
dans Tristan Séguéla
Serment d’Hippocrate en carton.
5.0 Le soir de Noël, Serge est contraint de travailler comme seul médecin de garde de Paris à SOS Médecins, à cause de ses multiples libertés prises avec sa profession et d’une menace de radiation qui pèse sur lui. Alors que les consultations s’enchaînent à un rythme effréné, Serge reçoit l’appel de Rose, une amie de la famille, qui lui demande de venir de toute urgence. Sur place, il rencontre Malek, un livreur de choucroute qui travaille pour Uber Eats. Débordé puis blessé, Serge finit par embaucher Malek comme médecin pour le substituer, et le pilote à distance avec un micro en lui susurrant ses diagnostics à l’oreille à l’aide d’écouteurs (Synopsis Wikipedia).
Si le pitch fait bien flipper, on oublie assez vite sa dimension grandiloquente tant il la compense par une certaine générosité.
Le modèle ce sont évidemment les comédies de Francis Veber. Une sorte de mélange entre La chèvre et Le dîner de cons : Buddy movies franchouillards pour lesquels j’ai à minima – pour avoir grandi avec – beaucoup d’affection. Modèle Veber revendiqué jusque dans le rôle campé ici par Michel Blanc, SOS médecin alcoolique qui raconte qu’il fut jadis médecin sans frontière : On se souvient de son apparition dans Les fugitifs, en généraliste complètement ivre qui avouait « J’aurais voulu être médecin sans frontière, mais je supporte pas la chaleur ».
Difficile d’évacuer la référence, pourtant le film ne s’en tire pas trop mal. D’une part car son rythme est trépidant, d’autre part car les deux acteurs s’en donnent à cœur joie. On n’ira pas jusqu’à dire que Hakim Jemili (Humoriste, mais je ne le connaissais même pas de nom) est une révélation ni qu’il égale les prestations d’un Pierre Richard ou d’un Jacques Villeret, mais c’est bien lui qui impulse le tempo du film, qui amorce le rire. Quant aux apparitions secondaires, ici Solène Rigot, Artus ou Frank Gastambide, là Chantal Lauby (la voix du standard) elles sont plutôt bien choisies. Mon principal problème réside dans la « mise en scène » du lieu. C’est le fléau de la comédie aujourd’hui, on ne filme plus les lieux, ici c’est Paris, mais ça pourrait être n’importe où ça n’intéresse personne, dommage.