Archives pour la catégorie Tsaï Ming-Liang

The hole (Dòng) – Tsai Ming-liang – 1999

20. The hole - Dòng - Tsai Ming-liang - 1999Une histoire d’eau.

   6.0   Ce soir-là il pleuvait à torrent dehors. Climat idéal pour découvrir un film comme celui-là. L’eau est certes une constante chez Tsai Ming-Liang, mais rarement utilisée à ce point de vertige et de façon pas si outrancière comme peuvent l’être les inondations de Visage, ou celles du Dark water, de Nakata. Simplement il pleut en permanence dans The hole. Et si on voit peu la pluie, on la discerne par des fenêtres ou on l’entend très bien. Tout le temps. Quant aux personnages, ils passent leur temps à boire, pisser, remplir des casseroles, essuyer leur transpiration. Y a pas film plus humide que The hole. Mais c’est aussi un lieu, un immeuble : Il est rare d’apprécier autant l’architecture que chez Tsaï Ming-Liang, la verticalité est un personnage à part entière. Il y a aussi de longues plages de silences, une obsession pour le pourrissement : Ses priorités. A tel point que j’en oublie ce que le film me raconte : Une mystérieuse histoire d’épidémie, de population évacuée et une rencontre de voisinage, entre un homme et une femme confinés, qui communiquent (après quelques échanges plus répugnants) par une fissure (provoquée par une fuite) puis bientôt un trou béant entre leurs deux appartements. Le film me touche assez peu, notamment à cause de ses numéros dansants, franchement lourdingues. De mémoire, il me semble avoir eu le même problème devant La saveur de la pastèque.

La saveur de la pastèque (Tiān biān yi duǒyún) – Tsai Ming-liang – 2005

27. La saveur de la pastèque - Tiān biān yi duǒyún - Tsai Ming-liang - 2005Le désir errant.

   5.5   Il y a des films (des séries, parfois, la première saison de True detective restera comme le plus fidèle exemple) qui demandent qu’on s’y plonge par temps chaud. Il me semble qu’un Miracle mile, qu’un Do the right thing n’auraient pas résonnés si fort en moi si j’en avais fait la découverte autrement que durant une journée de moiteur estivale. La saveur de la pastèque devait logiquement faire partie de ceux-là. J’en étais convaincu. J’ai d’ailleurs englouti un quart de pastèque, un peu plus tôt, de façon à me mettre en de bonnes conditions. Simplement, le climat n’était pas propice. C’est ce qu’il l’a desservi, je pense, il ne faisait ni vraiment beau ni chaud ce jour-là.

     S’il est beaucoup question de pastèque dans La saveur de la pastèque, c’est aussi l’histoire d’une « rencontre » entre deux être paradoxaux, aussi solitaires qu’ils sont asexué pour l’une et hypersexué pour l’autre, dans un immeuble vide, au sein d’une ville quasi apocalyptique – pour le peu de plans qu’on nous offre de la ville. La pastèque est le point névralgique de cette apocalypse : C’est une denrée dorénavant moins chère que l’eau minérale, qui elle vient à manquer. Donc quand l’une vole des bouteilles dans le musée où elle travaille, lui prend des bains dans les cuves sur le toit des immeubles. Mais on ressent peu cet état de suffocation que j’espérais tant. La pastèque, d’abord hyper sexualisée, objet de tous les fantasmes (entière, en morceaux ou en jus) devient vite aussi triviale que le reste. Ça manque de vertige.

     En plus de cela, je m’aperçois à mesure que la filmographie de Tsai Ming-Liang m’est plus familière, que son cinéma me touche peu. J’y suis très admiratif, ça oui, notamment pour la composition de chacun de ses plans, puisque la durée lancinante épouse souvent brillamment la majesté de ses cadres ; Mais aussi par le fait qu’on puisse aisément le reconnaître entre mille, que l’on pioche tel plan ou telle scène, au hasard dans le film. Mais c’est une admiration très distanciée, moins béate qu’intimidée. Et sauf exception avec Goodbye dragon inn, qui m’avait autant ému que fasciné, je n’ai jamais envie de revoir du TML, c’est aussi simple que cela. Ça peut changer, évidemment, je n’ai vu aucun de ses premiers films (des années 90) mais j’y crois de moins en moins.

     Le film me gagne par instant pour me perdre lors du suivant. Et je lui trouve une certaine dose de provocation très embarrassante, qui ne parcourait pas ses autres films. La dernière séquence joue justement sur ces deux niveaux : Rarement la mise en scène du taiwanais s’est faite aussi précise et puissante, mais sans raconter ce qui s’y trame, il me semble qu’il va un peu loin dans l’idée de l’ébranlement du monde et la mort du désir. En revanche j’aime beaucoup ce qu’il fait du quotidien de chacun d’eux et ce qu’il obtient de leur premier jeu de séduction dans un rayon de dvd. Toutes les chansons qui agissent en tant que transitions ci et là, je trouve ça vraiment d’un mauvais goût, par contre – en tout cas ça me sort littéralement du film à chaque fois – mais ce n’est que mon avis. Mitigé, donc.

Les chiens errants (Jiāo Yóu) – Tsai Ming-liang – 2014

SONY DSCLes réprouvés de Taipei.

   6.0   Les films de Tsaï sont toujours délicats à apprivoiser, il faut s’y jeter à corps perdus, en accepter leur extrême lenteur (Parfois jusqu’à l’autisme, dans Le voyage en Occident) et l’étrange construction, notamment d’une scène sur l’autre, son obsession pour l’adage Une situation/un plan, ainsi que l’originalité et la puissance de chacun de ses cadrages. Soit ça me tient poliment (Puisque c’est toujours au minimum super beau) à distance comme dans I don’t want to sleep alone, soit c’est absolument génial, hypnotique à l’image du sublimissime Goodbye dragon inn. Possible aussi que ça soit une affaire d’humeur, en fait.

     C’est quoiqu’il en soit un langage cinématographique qu’on n’a pas l’habitude de rencontrer donc il vaut mieux être très disponible au moment de le recevoir, vouloir planer comme devant un Weerasethakul, s’abandonner aux infimes variations de plans comme devant ceux de Benning, se lover dans son lyrisme si singulier et lancinant qu’on peut trouver aussi chez un Béla Tarr par exemple, donc forcément, là, dans ma nouvelle période couches/biberons, Les chiens errants a fait l’effet d’un somnifère parfait. Je l’ai lancé un soir entre deux cycles de réveil bébé et j’ai dû tenir quoi, cinq plans – Quinze minutes donc. Bref, ce n’était pas le moment. Ou alors c’était justement trop le moment, je ne sais pas.

     J’ai ressayé le surlendemain vers une heure plus décente et un sommeil moins capricieux. C’était mieux. C’est dans la variation d’échelle de ses plans au sein de séquences à priori identiques que le film m’a d’abord le plus troublé. Je pense évidemment à cet instant où le père arbore sa pancarte publicitaire à un carrefour venteux, vêtu d’un ciré jaune. Le plan choisi est chaque fois différent et je ne comprends pas ce qu’il raconte d’autre si ce n’est qu’il appuie le gag cruel du vent violent et du chant du désespoir jusqu’à ce qu’on y voit la morve couler. Il me semble que Tsaï était fort plus subtil dans Visage, tout en étant moins sage.

     Une fois de plus avec le cinéma du taiwanais ce qui fascine ce sont ces lieux que les personnages traversent, autant de no man’s land improbables que Tsaï parvient à mettre en scène avec une lumière, une profondeur de champ et une durée qu’il affectionne. Ce ne sont pas seulement des lieux bizarres, défroqués, leur captation est au-delà de toute complaisance, ils figurent un voyage dans les limbes de la précarité où chaque source lumineuse révèle une magnificence cachée, où chaque mouvement aussi bref soit-il parfois déplace notre regard, car chacun de ces plans est une merveille de chorégraphie minutieuse, tranchante, hallucinée et sidérante dans son refus de la gigantesque parabole.

     Il faut voir cet étrange et interminable plan où une femme (après avoir traversé des tunnels de ruines dans ce qui semble faire office de vieil immeuble calciné) se recueille devant une fresque murale, représentant un curieux et apaisant paysage montagnard, avant de s’accroupir pour pisser. Chez Tsaï il y a toujours mille trucs à regarder d’un plan sur l’autre et les échos entre ses films sont nombreux. Lorsque le père foule un chemin circulaire avec sa pancarte sur le dos, j’ai immédiatement repensé au plan final de Visage. Quant à la peinture, elle rappelle aussi beaucoup le cinéma mourant qui habite Goodbye dragon inn.

     Il y a d’étranges reflets partout, des idées à foison. Reste que ça me passionne et m’émeut assez peu, malheureusement ou de façon sporadique. J’aime beaucoup la scène du chou, par exemple, qui pourrait être une version plus mystérieuse du ballon de Tom Hanks dans Cast away. Un Wilson dans un container de Taipei en gros. Chou avec lequel les enfants dorment puis un soir où ils ont disparu, le père y projette toute sa tristesse, l’étouffe sous un oreiller, avant de le trucider de ses ongles et de ses dents. De le dévorer puis de le pleurer. Avant l’avant dernier, c’est le plan le plus long du film : Dix minutes, puissantes, au sein desquelles Lee Kang-sheng (acteur fétiche de Tsaï Ming-Liang) explose par sa brutalité et sa fragilité.

     C’est Le plan de bascule du film. C’est celui qui accouchera sur une évasion nocturne, un soir de tempête. Le temps de ce plan, l’eau s’écoule hors champ. Les éléments s’écharnent, les sentiments se chevauchent, la folie est palpable. Et la tempête, ensuite, fait rage. On sait combien l’eau est un élément récurrent chez Tsaï, on se souvient de cette interminable inondation d’appartement dans Visage. Il y a là aussi une histoire de maison (le conte de la femme qui accueille les enfants) qui aurait été inondée mais aurait préservé ses larmes. Les chiens errants se resserre alors. Il était un peu dispersé, esthétiquement et narrativement. Il se fait intérieur, quasi exclusivement.

     Il y a vers la toute fin du film ce plan complètement dilaté où la femme et l’homme se retrouvent tous deux dans la grande pièce à contempler l’immense peinture – On sait ce qu’ils regardent mais il faut attendre quinze minutes pour que le contre-champ nous soit offert. Lui, noyé dans l’alcool (Un verre à la main, il titube à moitié) elle immobile, dans ses larmes, se tiennent là, happé par ce mur qui semble tout leur dire de la vie, de leur vie. A leurs cotés, le train passe à plusieurs reprises, dans le fin fond du champ. On l’entend très distinctement mais on distingue aussi un fin trait lumineux. Le plan s’étire à l’infini. Jusqu’à cette étreinte furtive. Avant que dans un ultime plan d’ensemble, les deux corps se désunissent pour l’éternité, devant cette fresque d’un autre temps, apaisante et brutale. Rien que pour cette fin, le film laisse une trace.

Le voyage en Occident (Xi You) – Tsaï Ming-Liang – 2014

1560445_10152037196222106_259725784_n     6.0   C’était un peu ma vengeance du peu de scènes étirées reçues dans le dernier Wiseman (Les 4h de At Berkeley) que je venais de voir au cinéma. Ce soir-là, je voulais me coucher avec des plans interminables. Je n’ai pas choisi un film de Tsaï Ming-Liang par hasard. Je trouve que le film en sept ou huit plans raconte énormément de Marseille et du questionnement sur la temporalité cinématographique. Je n’ai rien d’autre à en dire mais ça m’a plu dans l’ensemble. Et le photogramme choisi est l’un des plus beaux plans de l’année.

Goodbye dragon inn (Bu san) – Tsaï Ming-Liang – 2004

GoodbyeDragonInn2Le désert rouge.   

   9.0   Il y a dans ce titre, qu’on le veuille ou non, une idée d’adieu. Un film de sabre des années 60 est projeté dans un cinéma de quartier de Taipei. Un cinéma où apparemment il n’y a qu’une seule salle, mais une grande salle, comme si auparavant elle avait su se remplir, accueillir des spectacles, des représentations théâtrales, en plus des films de cinéma. Que reste t-il aujourd’hui ? Des sièges vides. Un cinéma qui vit ses dernières heures, que la pluie vient engloutir, et pourtant quelque chose de très beau se déroule sous nos yeux durant cette séance d’adieu, cette dernière toile. Le temps du film dans le film, le cinéaste filme le déplacement des corps, certains qui se croisent, d’autres jamais, l’absurdité des situations, des rencontres et usent du burlesque, de l’errance, du mélo, du fantastique, de l’érotique pour faire éclore son récit.

     Il n’y a d’ailleurs pas de récit à proprement parlé, pas de narration évidente en tout cas. Il est très difficile de saisir en temps réel ce que souhaite montrer le cinéaste. C’est au fil du film que l’on découvre des choses, que certaines brèches sont ouvertes. C’est après le film, quand on se rappelle certaines séquences, principalement leur utilité sous-jacente, alors qu’elles paraissent à première vue anodines, que se dessinent un horizon, une fascination, et un film assez triste, sans vraiment l’être, derrière toute cette drôlerie qui l’accompagne.

     Un jeune homme entre dans le cinéma, le film projeté commence à l’instant. Il ne semble pas être en retard, ni chercher une quelconque indication, il entre, sans doute pour se protéger de la pluie, qui se manifeste sous des trombes d’eau. Il investit la salle, il s’assied, il est au chaud. L’ouvreuse, affairée dans les toilettes, n’y porte pas attention, comme si tout cela n’avait plus aucune importance, elle a sans doute entendu un bruit, elle peut supposer que quelqu’un est entré étant donné qu’elle a abandonné provisoirement son poste, mais ça ne l’atteint pas – ça ne l’atteint plus. L’ouvreuse boite et porte une sorte de sabot à l’un de ses pieds, ses mouvements sont audibles, repérables. Dans sa loge, elle mange, mais elle s’ennuie. A quoi bon ? Elle part à nouveau, effectue une longue marche à travers les couloirs de ce cinéma, semble chercher quelque chose ou quelqu’un.

     Le cinéma laisse apparaître des trous béants, la pluie s’y faufile et termine sa course dans de nombreux seaux disposés partout pour l’occasion. On verra plus tard le projectionniste les vider, puis les remettre à leur place. Comme une tâche quotidienne qui s’est maintes fois répétées, un geste d’apparence habituel, puis un regard vers l’extérieur, témoin d’une situation qui s’apprête à disparaître. C’est justement dans la cabine de projection que l’ouvreuse cherche à entrer. Elle y cherche le garçon. Jamais ils ne se rencontreront. Se sont-ils déjà croisés par le passé ? Tsaï Ming-Liang se garde bien de nous le dire. Mais il y a ce sentiment qui traverse cette femme qui peut nous faire penser que non, cette impression qu’en guise d’adieu, il lui fallait à tout prix croiser le regard de cet homme pour une fois, peut-être même échanger quelques mots.

     La parole tient une place étrange dans le film, elle ne sert qu’en tout et pour tout deux lignes de dialogue. La majorité des mots entendus proviennent du film projeté. Les personnages, mutiques, errent simplement. L’une marche et offre une musique au film avec le bruit redondant de ses pas, le cinéaste arrive donc à la faire vivre hors-champ, le son suffit. L’un fume continuellement, observe comme on observe quelque chose en train de disparaître, il s’occupe aussi des bobines, ne rencontre personne excepté ce spectateur japonais qui le croise dans un couloir exigu. Les corps se frôlent, le climat devient très érotique.

     Et donc il y a ce spectateur particulier, puisqu’il n’est pas vraiment là pour le film. Il est d’abord rassuré par cet abri. Puis il commence à se poser des questions, observer les spectateurs de la salle, deux hommes d’un certain âge. Ils ressemblent étrangement à ceux sur l’écran, en beaucoup plus vieux. Plus tard, derrière lui, une femme mange des cacahuètes, elle fait beaucoup de bruit, il est gêné. Un moment donné, elle fait tomber sa chaussure sur le siège de devant, puis va à sa recherche et disparaît sous les fauteuils. Il y a comme une inquiétude chez cet homme, qui croit alors être entouré de fantômes. Sa rencontre avec l’un des acteurs vieillissant, dans un couloir, offre à ce titre une amorce de dialogue. L’homme lui annonce que le cinéma est hanté. Puis il s’en va.

     Goodbye dragon inn est un film de fantômes. Le cinéma dans lequel il est tourné est lui aussi un cinéma fantôme. Tsaï Ming-Liang a choisi d’y tourner justement parce qu’il ferme véritablement ses portes. Mais je ne pense pas que ce soit la nostalgie à proprement dite qui attire le cinéaste, ni même la mélancolie. C’est de porter un regard sur quelque chose qui s’éteint, que le temps a détruit. Ce personnage qui pleure devant le personnage qu’il joue dans ce vieux film, prend une valeur singulière. L’homme est peu de chose finalement. S’il est réel il vieillit. S’il est sur un écran, il se fige. Seuls les fantômes peuvent traverser le temps.

     Le film se dessine donc peu à peu, alors qu’il n’est plus sous mes yeux, simplement il vit encore à travers ma mémoire, comme ce cinéma n’aura plus que ça lui aussi pour exister, le souvenir, la mémoire. Pendant, j’étais complètement hypnotisé, ça m’a beaucoup plu. J’ai adoré caresser les couloirs de ce cinéma au crépuscule de son existence, y suivre des personnages pendant la durée d’un film. Dans une salle de projection jusque dans les toilettes. Et d’entendre cette pluie extérieure en permanence, mais plus vraiment comme une menace, puisqu’elle se fond continuellement dans le paysage.

     Je me rends compte que j’aime beaucoup les films qui se déroulent dans des cinémas. Peut-être parce qu’il s’agit de l’origine même de la vision ou la découverte d’un film, d’une émotion intime avec ce film. Serbis de Brillante Mendoza (cependant réalisé après) avait ce truc un peu trop déstabilisant, cette mobilité, cette rage qui en fait presque l’exact contraire du film de Tsaï Ming-Liang, pourtant il y avait la même volonté d’observer la mort d’un cinéma. Fantasma de Lisandro Alonso pourrait davantage se rapprocher de Goodbye dragon inn, mais ne nous emmène pas si loin. Là il y a vraiment quelque chose de fabuleux, qui relève presque du miracle, dans cette manière qu’a le cinéaste Taiwanais de convoquer un peu tous les genres. D’hypnotiser tout en voulant dire énormément de choses. De faire dans l’économie de plans, de dialogues tout en étant extrêmement riche.

Visage – Tsaï Ming-Liang – 2009

visage_5   6.5   Voilà le film ‘barré’ de Cannes ! Un cinéaste, joué par l’acteur fétiche de Tsaï Ming-Liang, tourne au Louvre. On ne verra pas vraiment de tournage. Ni de préparatifs. On sait juste que la troupe recherche Antoine et un cerf, personnages importants de l’intrigue, qui ont disparu. Entre temps une inondation chez le cinéaste intervient, la scène dure, il essaie de colmater tout ça mais n’y arrive pas, une scène incroyablement drôle et magnifiquement filmée. Entre temps toujours, Laetitia Casta barricade les fenêtres de scotchs noirs après avoir chanté un truc kitch aux côtés d’un cerf. Antoine (Jean-Pierre Léaud, tiens tiens ça évoque quelque chose) semble avoir perdu la tête sur sa chaise entourée de miroirs dans la neige. Trois femmes, récupérées de chez Truffaut ne savent pas pourquoi elles sont à table, qui elles attendent mais en tout cas elles ont soif. Amalric et un jeune taiwanais se masturbent et se sucent mutuellement, avant d’être interrompu par une sonnerie de téléphone, tout cela en un plan fixe de cinq minutes cadré visages. Fanny Ardant perd une chaussure dans la neige et s’agace. Scène géniale ! Antoine chante « Kumbawé »(sic) dans une position où l’on croirait qu’il vient de découvrir comment faire du feu. Voilà, en gros c’est de ce calibre là pendant tout le film. On ne comprend pas grand chose si ce n’est que Truffaut semble pas loin. Tsaï Ming-Liang s’éclate à nous montrer un truc décousu, car c’est vraiment du grand n’importe quoi, entre séquences kitch (le play-back de Casta justement) et plans divins (la scène de la cigarette), où nous sommes partagés entre l’ennui (l’ultime plan par exemple) et l’excitation suprême (la scène de danse de Casta, qui paraît avoir des membres en trop, et arrose, nibards à l’air, le cinéaste de sauce tomate). Disons que le film pourrait être une épreuve au bout de ses 140 minutes mais finalement, outre certains moments ennuyants, je me suis senti bien devant. Et puis il est tellement barje qu’il en devient fascinant.


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